Grégoire de Nazianze est probablement avec Augustin celui des Pères que nous connaissons le mieux « de l’intérieur ». Car, s’il ne nous a pas laissé à proprement parler de « Confessions » comme Augustin, l’homme et le spirituel sont bien là, tout entiers, dans sa correspondance, l’une des plus importantes que nous ait léguée l’Antiquité, tout comme dans ses poèmes autobiographiques ou moraux.
Derrière le verbe ciselé et l’expression hautement maîtrisée, nous rencontrons un homme profondément humain, laissant cours à l’expression de sentiments très personnels comme la déception ou la désillusion quant à la vérité de l’amitié, la profondeur du combat théologique ou même les ambitions de certains prélats qu’il n’hésite pas à traiter « d’épiciers de la foi » ou de « faussaires d’impôts »… Ne nous y trompons pas. Ce mal d’insatisfaction qui le fit par deux fois renoncer à un siège épiscopal (d’abord d’une toute petite bourgade de Cappadoce, Sasimes, où il n’est jamais allé, puis du prestigieux siège de Constantinople en 381) n’est que la trace en creux de quelque chose de bien plus fort, l’absolu de sa passion pour le Verbe divin.