A la demande de Mgr Simon, archevêque émérite de Clermont, nous publions sa tribune, en forme de lettre ouverte à Maximilien Bernard, en réponse à l’article intitulé: “Pour Mgr Simon, manifester pour la vie est une violence”.
Je publie ici mes propres commentaires sur cette affaire.
Guillaume de Thieulloy
Directeur de la publication
Le 24 Janvier 2016, en la fête de Saint François de Sales.
Cher Monsieur Maximilien Bernard,
Comme vous le verrez, si vous regardez votre blog du 1er février 2014, je vous ai demandé, il y a déjà trois ans, de vouloir bien me donner l’adresse du prêtre « anonyme » qui a signé la tribune (infâmante) que vous avez publiée le Janvier 2014. À ce jour je n’ai pas encore eu de réponse.
Comme vous le savez certainement aussi, depuis le 17 mars 2016, je suis devenu évêque émérite de Clermont. Ce qui veut dire que je suis à la retraite. Je réside désormais à Caen. Je retrouve du temps pour moi. D’abord pour la prière et la lecture. Je retrouve aussi un peu d’énergie. J’ai donc décidé de reprendre quelques affaires en instance, dont celle à propos de laquelle je vous écris. Par hasard, ou grâce à la Providence, j’ai eu récemment l’occasion d’obtenir le téléphone portable personnel de votre ami Guillaume de Thieulloy.
Ce dernier m’a appris qu’il était le directeur de publication du Salon beige et de Riposte catholique. Il a refusé de me donner votre téléphone portable. Il a aussi refusé de me donner le nom, l’adresse et le téléphone du prêtre concerné. Je m’adresse donc à vous par le même chemin que celui emprunté par vos calomnies. Guillaume de Thieulloy n’a pas voulu comprendre ma demande, qui n’était pourtant pas méchante, puisque je souhaitais seulement inviter ce prêtre à venir me dire en face ce qu’il a à me reprocher. Je ne l’ai pas menacé de l’envoyer en prison. Ma démarche n’était ni revancharde ni méchante. Elle se voulait simplement fraternelle. Et vous m’accorderez que j’ai été patient : trois ans !
Malgré tout cela, Guillaume de Thieulloy a engagé toute son autorité pour vous couvrir et couvrir ce prêtre anonyme. On se croirait en 1793, comme s’il s’agissait de protéger un prêtre réfractaire.! J’ai tenté une longue et patiente correction fraternelle, selon les critères de l’Évangile ( cf Matthieu 5/..et surtout Matthieu 18/ 15 & sq.: ” Si ton frère vient à pêcher, va le trouver seul à seul, … et s’il refuse de t’écouter va trouver la communauté, …”).
Malgré mes tentatives répétées, malgré ma patience, il a refusé de me donner les simples coordonnées que je lui demandais gentiment. Vous comprendrez certainement que, dans ce cas, je suis obligé de me tourner vers la justice civile. En conséquence, je porte plainte pour diffamation contre le Salon beige, Riposte catholique, Guillaume de Thieulloy et vous-même, et aussi ce prêtre qui n’a pas eu le courage de me téléphoner. On verra ce que nous dira la justice des hommes. Il est probable qu’elle me dira qu’il y a prescription, après trois ans. Mais la publication de cette lettre me suffira.
Pour ma part, je vous dis clairement et en face, que les commentaires de votre blog sont affligeants. Ils font honte à l’Eglise, tout simplement.
Pour que tous vos lecteurs et contributeurs sachent ce que je pense et ce que j’ai publié, je me permets de vous renvoyer à ma bibliographie, telle qu’on la trouve sur Wikipédia. Elle est assez complète. Je vous précise que j’ai essayé de mener ces travaux de recherche et d’écriture sans préjudice pour mon ministère d’Archevêque Métropolitain de Clermont. Les seuls qui pourraient s’en plaindre sont ma famille et mes amis…
J’attire votre attention sur : « Vers une France païenne ? » (Cana/DDB, Paris, 1999.) Vous ne pouvez pas ne pas l’avoir lu, avant de me laisser attaquer sur vos sites prétendus catholiques. Je pense que vous avez aussi lu quelques uns de mes autres livres (par exemple : “libres d’être prêtres,” aux éditions de l’Atelier.), ainsi que certains de mes articles qui sont encore disponibles sur internet. Vous en trouverez plusieurs à la fin de la « biographie autorisée » publiée par un journaliste du Quotidien La Montagne, M. Cédric Gourin. Elle est intitulée : « Hippolyte Simon, un chemin chrétien. » (Aux éditions de la Courrière, Loubeyrat, Avril 2011). J’espère pour vous que vous avez pris le temps de la lire. Car si vous me jugez avant d’avoir lu réellement ce que j’ai écrit, vous risquez de commettre ce que, dans la grande Tradition de l’Eglise catholique, on appelle un jugement téméraire.
Pardonnez-moi de vous parler de mes ouvrages. J’accepte volontiers que l’on me reproche un manque de modestie, mais c’est juste pour vous en donner les références. Et les porter à la connaissance de tous vos lecteurs et de tous mes censeurs.
Et pendant que vous serez dans la lecture de « Vers une France païenne ? », vous apprendrez, selon une expression chère au cardinal Lustiger, que « le Front National est l’expression politique du paganisme. » L’archevêque de Paris avait des raisons, – évidentes, – d’être le plus sensible d’entre nous à ce retour des neos-païens, avec leur apologie de la force, du culte du Chef et du nationalisme.
Alors, si je puis me permettre de vous donner un conseil de vieux sage,[1] je vous mets fraternellement en garde : si vous continuez à jouer les “compagnons de route” de ce parti, vous finirez comme les “catholiques historiques” qui ont travaillé avec Jean-Marie Le Pen. Ils ont été, soit virés comme Bernard Antony, soit marginalisés comme Bruno Gollnisch. Et il n’est pas besoin d’être grand prophète pour voir que le tour d’autres catholiques ne va pas tarder. Que vous le vouliez ou non, il faudrait être myope comme une taupe pour ne pas comprendre que leur éviction est déjà programmée. Surtout en cas de victoire à la prochaine élection, Car leur manière de s’afficher catholiques, même s’ils défendent une version traditionaliste du catholicisme déplaît, tout à la fois, aux héritiers du Club de l’Horloge, fondé, comme vous le savez, par Mr Henry de Lesquen, et aux nouveaux dirigeants frontistes venus de la gauche nationaliste, laïque et cocardière, conduits par Mr Florian Philippot. Ils ont chassé le grand-père, pourtant fondateur de leur parti. Vous savez sûrement comment celui-ci demandait ,- autrefois- , une messe avant chacun de ses meetings. Ce temps est révolu, heureusement pour l’Eglise ! Avez-vous encore le souvenir de la façon dont il avait tenté d’instrumentaliser le parvis de la cathédrale de Reims, en 1992? [2] Mais comme il avait été débouté de sa plainte contre l’Archevêque de Reims, à l’époque Mgr Jean Ballland, il avait renoncé, le 23 septembre 1996, à venir à la Messe que célébrait le Pape Jean-Paul II à Reims, pour marquer le baptême de Clovis[3]. J’ai eu le privilège d’y concélébrer avec le Saint-Père et nombre de frères, évêques, prêtres et diacres, et une multitude de frères et de sœurs baptisés : Grâces en soient rendues à l’Esprit qui conduit l’Eglise du Christ !
Pour en revenir à vos amis politiques, j’ose paraphraser Lénine, parlant, lui des bourgeois qui soutenaient les soviets : les catholiques tradis qui roulent pour Marine Le Pen et Florian Philippot ne sont que “les idiots utiles” du F.N. Je sais qu’en citant Lénine, j’aggrave mon cas auprès de vos lecteurs. Mais au point où j’en suis, je n’ai pas grand-chose à perdre.
Je vous propose, pour finir, un quizz. D’après vous, qui a écrit :
” …Une éducation du peuple par l’État est chose absolument condamnable. Déterminer par une loi générale les ressources des écoles primaires, les aptitudes à exiger du personnel enseignant, les disciplines enseignées, etc., et, comme cela se passe aux États-Unis, surveiller, à l’aide d’inspecteurs d’Etat, l’exécution de ces prescriptions légales, c’est absolument autre chose que de faire de l’État l’éducateur du peuple ! ” Eh bien c’est,…. je vous le donne en mille,..Karl Marx !
C’est une note manuscrite, en marge du programme des Socialistes allemands, en 1875. Ces notes manuscrites ont été publiées sous le titre : « Critique du programme de Gotha »[4]. Vous pourriez envoyer ceci à M. Peillon, par exemple.
Alors dites bien à vos contributeurs de lire ce que j’ai écrit avant de me critiquer. Vous voyez qu’on peut être lecteur de Karl Marx, sans être ni marxiste et encore moins léniniste. Tout au plus pourrait-on dire que je suis, à la mesure des études que j’ai faites à la Catho de Paris et à Paris, Censier/Sorbonne, un tout petit peu ” marxien.”
Et si vous ne comprenez pas ce que cela veut dire, prenez le temps de lire ” Chrétiens dans l’État moderne, ou comment peut-on être chrétien après Marx et Hegel ?” C’est aux éditions du Cerf, Paris 1984, réédition en 2012 avec une préface d’Alfred Grosser.
Dixi et salvavi animam meam.
Bien fraternellement,
+ Hippolyte Simon
Archevêque émérite de Clermont
[1] Ou de maquignon madré, comme dirait votre ami, ce prêtre peureux et lâche, que vous protégez bien à tort.
[2] //fr.soc.politique.narkive.com/YgqZR2d0/info-jean-marie-le-pen-et-l-eglise-l-incident-de-reims
[3] Cf Henri Tincq ,dans le Monde du 24 septembre 1996.
[4] /fr.soc.politique.narkive.com/YgqZR2d0/info-jean-marie-le-pen-et-l-eglise-l-incident-de-reims
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