Peirasmos / tentatio : un peu de vocabulaire pour faire un point sur les difficultés de traduction du Notre Père
Dans la formulation actuelle du Notre Père en français, nous disons : « Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre nous du Mal ». Faut-il rappeler que quand cette formule a été imposée, voici seulement quelques décennies, nombre de catholiques qui priaient depuis leur enfance : « Ne nous laisse pas succomber à la tentation mais délivre nous du mal » n’ont pas compris pourquoi on leur « changeait le Notre Père », faisant de Dieu, leur semblait-il, la source d’une tentation maligne dont toute notion de mise à l’épreuve en vue d’un progrès semble évacuée.
Dans Le Notre Père. De la Prière de Jésus à la prière des disciples (Paris, Gallimard, 2001), Marc Philonenko se fondant sur nombre d’études philologiques, exégétiques et littéraires, loin de toute polémique, propose de traduire la sixième demande : « Et fais que nous n’entrions pas dans l’épreuve, mais délivre-nous du Malin » (p. 155).