Devant la centaine d’évêques réunis à Lourdes, Philippe Portier, historien et sociologue des religions, planche sur la laïcité. Cet expert a déjà été consulté, notamment en amont de l’écriture du texte souhaitant une refondation du sens de la politique. L’un des évêques déclare :
«Nous y appelons à un nouveau contrat social. Mais nous-mêmes ne savons pas trop de quoi peut être porteur ce nouveau contrat social. C’était intéressant qu’à Lourdes, les évêques puissent réfléchir à ce thème.»
On croit rêver. Philippe Portier explique que les évêques veulent freiner le mouvement dextrogyre dans l’Eglise. C’est un espèce de chant du cygne, revigoré par la pastorale bergoglienne, face aux succès de ce qu’ils considèrent être “la frange catholique identitaire”, et notamment de La Manif pour tous). Philippe Portier précise :
«Les évêques s’interrogent sur la manière d’être à nouveau audible dans la société française. Dans les paroisses, une majorité silencieuse ne se reconnaît pas dans la frange identitaire.»
Etre audible sans rappeler les principes non négociables, sans témoigner contre vents et marées, cela va être compliqué… Je suis curieux, car, avec la pastorale de l’enfouissement, je ne vois pas bien comment nos évêques peuvent se faire entendre… Et pour cause, ce catholicisme silencieux n’a guère de porte-parole, ni de grande figure intellectuelle. Et il ne faut pas confondre l’enfouissement avec le silence prêché par le cardinal Sarah, lequel est superbement ignoré par la CEF.
Le professeur Portier cite abondamment le philosophe allemand Jurgen Habermäs, qui a longtemps débattu face à un certain… Josef Ratzinger… . A la fin de l’exposé, les questions fusent. Les évêques s’interrogent sur ce que sont les valeurs républicaines et la place que pourraient y jouer encore les normes catholiques.
Il y a du boulot.