C’était le thème du jour pour nos évêques à Lourdes : « L’éveil des vocations des prêtres diocésains ». Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Pamiers, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon et Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, sont montés à la tribune.
Les prêtres ordonnés étaient une centaine en 2016, 120 en 2015, 140 en 2014. Alors qu’en 2000, 976 séminaristes se préparaient à la prêtrise, ils n’étaient ainsi plus que 756 en 2007 et 653 en 2015.
Certains évêques relativisent ce tableau en affirmant que cette baisse est corrélée à l’effondrement de la pratique en France. Le P. Nicolas de Brémond d’Ars, prêtre du diocèse de Paris, sociologue et chercheur associé au Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux, estime qu’il ne faut rien changer :
« Il y a largement assez de prêtres en regard du nombre de communauté. C’est Dieu qui envoie les prêtres dont on a besoin. S’il n’y en a pas, c’est peut-être que Dieu n’en envoie pas. »
Sic.
Sœur Nathalie Becquart, directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations (Snejv), trouve pour sa part que la crise que traverse l’Église en France n’est pas « une crise de l’appel ni même des vocations » mais bien une « crise de la réponse ».
« Est-on prêt à voir son fils emprunter ce chemin et non pas une grande carrière dans un autre secteur ? »
Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, qui ne connaît pas la crise des vocations, avance
« le phénomène global de sécularisation qui touche tout le monde et en particulier les familles, premier terreau des vocations sacerdotales ».
« Il faut être à l’écoute des besoins des jeunes d’aujourd’hui ». « Les accueillir avec leur sensibilité propre, respecter leur appartenance, tout en essayant de leur faire comprendre qu’être prêtre c’est aussi s’inscrire dans une réalité ecclésiale ».
« Il faut au contraire que les jeunes puissent trouver des modèles dans lesquels se projeter, où se combinent vie fraternelle accueillante et missions motivantes ».
L’abbé Pierre-Hervé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles, se fait plus provoquant :
« Voulons-nous des prêtres, vraiment ? ».
Don Louis-Hervé Guiny, responsable de la formation du séminaire de la communauté Saint-Martin, qui fête ses 40 ans, déclare :
« Chez nous, le jeune qui entre au séminaire sait qu’il vivra en communauté ». « Qu’il pourra vivre son amour de la liturgie et que son identité sacerdotale sera visible (par le port du clergyman ou de la soutane), et qu’il pourra avoir une certaine mobilité. »
Or la communauté Saint Martin connaît une forte croissance de ces vocations, à croire qu’elle assèche le recrutement des séminaires diocésains. Ce qui signifie certainement que ce que recherchent les jeunes appelés à s’engager, c’est l’amour de la liturgie, source et sommet de la vie de l’Eglise et l’identité sacerdotale, trop niée ces dernières décennies. Verra-t-on une prise de conscience de nos évêques ?