Lors de la clôture du Jubilé de la Miséricorde, le samedi 19 novembre 2016, à 18h00 à la Cathédrale Saint-Julien, Mgr Yves Le Saux confiera le diocèse au Cœur du Christ :
La miséricorde, c’est le cœur de Dieu qui se penche sur la misère, la souffrance, le péché de l’homme pour le consoler, le guérir, le réconcilier. C’est l’amour de Dieu qui va jusqu’à prendre sur lui ce qui dans l’homme le détruit pour lui manifester un amour plus grand. Amour qui sur la croix va jusqu’à l’extrême, qui est capable de tirer le bien du mal. Amour qui devient, dans le cœur transpercé du Christ sur la croix, source jaillissante pour la vie en plénitude.
Cette année, nous avons été invités à fixer notre regard sur la miséricorde afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père. La miséricorde, ce sont les entrailles de Dieu qui sont bouleversées par la détresse des hommes.
Dans quelques jours va se clôturer cette année jubilaire de la miséricorde. Le dimanche du Christ-Roi seront fermées les Portes Saintes à la Cathédrale Saint-Julien et à la Basilique de Notre-Dame du Chêne. Mais cela ne signifie pas que le Cœur miséricordieux du Christ se ferme et que nous n’avons plus à être témoins de la miséricorde, ni à vivre les œuvres de miséricorde. Le Cœur du Christ reste ouvert pour toujours. Si on ferme les Portes Saintes, c’est pour que dans nos diverses communautés les portes de la miséricorde s’ouvrent, pour que nos cœurs s’ouvrent comme le Cœur du Christ qui a été transpercé sur la croix.
Pour signifier que le Cœur du Christ transpercé sur la croix, par lequel se révèle la miséricorde, reste ouvert à tous et que nos propres cœurs doivent eux aussi rester ouverts à tous, je souhaite confier de manière particulière et publique au Cœur du Christ notre diocèse : tous les baptisés, les familles, les diacres, les prêtres, les religieux, les religieuses et les consacrés ; ainsi que toutes les personnes qui vivent dans notre diocèse, en particulier les plus pauvres, les plus souffrants, les exclus. C’est une manière de nous livrer ensemble à la miséricorde de Dieu pour que soit accordé à tous de découvrir combien nous sommes aimés de Dieu et que rien ne peut arrêter sa miséricorde.
Cette démarche se situe dans la longue tradition de l’Eglise qui invite les fidèles, les familles, les communautés à se consacrer au Cœur du Christ. Cette tradition est héritière de l’expérience de Saint Jean qui a reposé sur la poitrine du Christ ; des Pères de l’Eglise qui contemplent la blessure de son côté ; de Sainte Gertrude, ou Sainte Catherine de Sienne et d’autres mystiques qui ont fait l’expérience de la transformation de leur propre cœur ; de Saint Jean Eudes, premier théologien du Cœur de Jésus ; de Sainte Marguerite-Marie avec les révélations de Paray le Monial ; de Saint Claude la Colombière, apôtre de la confiance ; du Bienheureux Charles de Foucauld dont nous célébrons le 100ème anniversaire de la mort cette année ; de Sainte Mère Thérèsa et de tant d’autres fondateurs de congrégations missionnaires.
Confier nos vies personnelles, nos communautés, nos paroisses, nos mouvements au Cœur de Jésus, c’est une manière d’adhérer de façon renouvelée à notre consécration baptismale. Se laisser aimer par Dieu, nous remettre ensemble à l’amour et à la miséricorde de Dieu avec confiance pour apprendre de lui la charité.
Le Concile Vatican II dit : « le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d’homme, il a réfléchi avec une intelligence d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme » (Gaudium et spes, Concile Vatican II, n°22/2). Dieu aime humainement, il nous manifeste par son Cœur sa bonté et sa compassion. Il devient aussi pour nous un modèle. Nous pouvons apprendre de lui à aimer. Nous constatons tous que nous avons du mal à aimer vraiment, que nous n’y arrivons que petitement. Se confier à son Cœur, c’est lui demander la grâce qu’il transforme notre cœur, d’avoir nous-mêmes un cœur transpercé par la détresse de nos frères et sœurs. « Auprès du cœur du Christ, le cœur de l’homme reçoit sa capacité d’aimer », dit Saint Jean-Paul II (Lettre à Mgr Seguy, Jean-Paul II, 1990).
Par cette démarche, nous demandons ensemble que soit accordé à nos communautés un surcroît de charité et qu’effectivement nos différents groupes deviennent des « îles de miséricorde dans une mer d’indifférence » pour reprendre l’expression du Pape François. Que nous soyons encore plus ouverts à l’accueil de ceux qui souffrent, qui sont seuls, ou exclus. Qu’aussi entre nous, comme le demande Saint Paul, « il y ait les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus, les mêmes dispositions, le même amour, que nous ayons assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à nous-mêmes » (Philippiens 2,1).
Par cette démarche, nous demandons ensemble que nous soit accordé le feu de l’Esprit-Saint afin qu’il fasse de nous de véritables disciples-missionnaires, que nous mettions en œuvre la pastorale de la bonté.
C’est aussi une entrée dans la confiance. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus écrit dans une lettre qu’elle a adressée à sa sœur : « Depuis que j’ai compris l’amour du Cœur de Jésus, il a chassé de mon cœur toute crainte. » En confiant nos vies au Cœur du Christ, demandons que nous soyons libérés de toute peur : peur des autres, peur de l’avenir.
Enfin, on parle de nouvelle évangélisation, mais qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ? C’est l’annonce de l’éternelle nouveauté de Dieu, de son amour, de sa miséricorde dans un monde en pleine mutation : « Un monde vieilli et engourdi dans son amour » disait déjà Sainte Gertrude au 13ème siècle. Evangéliser, c’est entrer nous-mêmes dans cet élan d’amour et de charité qui jaillit du côté du Christ pour devenir témoins efficaces de cet amour, en étant nous-mêmes les premiers bénéficiaires.
« Pour que tous les hommes, attirés vers son Cœur, viennent puiser la joie aux sources vives du Salut » (Préface de la messe du Sacré-Cœur)
Yves Le Saux
Evêque du Mans
Merci Mgr Yves Le Saux !