En proie à de sérieuses difficultés financières (2,3 millions de pertes pour 25-26 millions de volume de flux), le sanctuaire de Lourdes a recruté un directeur des opérations : Thierry Lucereau, redresseur d’entreprises, pour rééquilibrer les comptes du site, grevés par la baisse de la fréquentation et la hausse des coûts. Agé de 63 ans, ce catholique père de sept enfants est surdiplômé :
- Institut supérieur d’électronique de Paris,
- Institut d’administration des entreprises,
- MBA de l’Insead.
Il a occupé de multiples postes à responsabilité en Europe et aux États-Unis, notamment dans une filiale de Giat Industries, MeadWestvaco à New York, ADI Ressources…
“Cela correspond à mon métier de remettre d’aplomb des organisations qui ont des difficultés”.
“La situation financière du Sanctuaire s’est dégradée progressivement et est passée en franches pertes en 2015”.
Il a été appelé par Mgr Brouwet, l’évêque de Tarbes et Lourdes. Le responsable accuse des facteurs exceptionnels, comme les conséquences comptables des violentes inondations de 2013. Toutefois, il concède qu’il existe aussi des difficultés de fond.
“Structurellement, il y a une tendance qu’on va infléchir: la baisse des pèlerinages et la hausse des coûts”.
Selon un audit publié le 18 juillet, la fréquentation accuse une baisse inquiétante.
“Le Sanctuaire de Lourdes est l’un des rares sanctuaires en France et à l’étranger dont le flux de pèlerins est en baisse (environ -25% en cinq ans)”.
Tandis que 800 000 pèlerins ont été accueillis de 1999 à 2007, avec un pic à près d’1,2 million en 2008, année de la visite du pape Benoît XVI, ceux-ci n’étaient plus que 605 000 en 2014. Et ce alors que Saint-Jacques de Compostelle (Espagne) et Fatima (Portugal) affichent des croissances de l’ordre de 50% depuis la même année, à près de 250 000. Une petite visite du pape François pour relancer tout cela ? On parle de 2018…
Selon l’audit, les dépenses ont augmenté de 1% en 2015 par rapport à 2011 tandis que les recettes ont baissé de 3% par rapport à 2012. “Il faut freiner les dépenses”, reconnaît Thierry Lucereau. Sans se séparer de quelqu’uns des 300 salariés.
Le directeur rejette toute marchandisation : tandis que les vierges en plastique et autres babioles s’alignent dans les rues commerçantes menant au Sanctuaire, les services monnayables une fois ses grilles franchies se limitent quasi exclusivement à l’achat de cierges.
Il en faudrait un dans tous les diocèses de France, non ?…