Dans un appel adressé par des catholiques au président de la République, les responsables religieux se mobilisent contre la déforestation des forêts tropicales indonésiennes, et soutiennent la cause des Papous, victimes directes de la déforestation massive de leurs terres ancestrales par de grandes sociétés productrices d’huile de palme.
Un appel au président indonésien
« J’ai lancé un appel au président de la République afin que cesse la destruction des forêts vierges par les sociétés d’exploitation d’huile de palme ; c’est notre dernière chance pour faire entendre la cause des peuples aborigènes », explique le P. Anselmus Amo, missionnaire de la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus et président de la Commission ‘Justice et paix’ de l’archidiocèse catholique de Merauke, diocèse situé sur la côte Sud de la Papouasie occidentale (1). « Toutes nos pétitions auprès du gouvernement local, des militaires et de la police sont restées sans réponse », précise le prêtre catholique, qui ajoute avoir également déposé un recours auprès de la Commission nationale des droits de l’homme, espérant ainsi que la cause des aborigènes soit présentée au plan national.
Des populations aborigènes anéanties
Les incendies opérés par les sociétés d’exploitation d’huile de palme en Papouasie ont de multiples conséquences : outre que les terres tenues pour sacrées par les populations papoues se réduisent à grande vitesse, les feux détruisent une faune et une flore unique qui rassemblent de nombreuses espèces protégées, tout en menaçant la survie alimentaire des autochtones, lesquels se nourrissent principalement de sagou, une fécule produite à partir des troncs de sagoutiers, des palmiers très présents en Papouasie, et détruits dans ces incendies. Le problème est ancien et n’est pas cantonné à la seule Papouasie, et, par le passé, des responsables religieux se sont emparés du sujet pour en dénoncer les conséquences, sans beaucoup de résultats cependant.
Selon le directeur de la Pusaka Foundation, pour la seule année 2013, Korindo a détruit 30 000 hectares de forêts (dont la moitié portait des forêts primaires), provoquant des fumées massives qui ont engendré un coût sanitaire énorme pour la Papouasie, du fait de la multiplication des problèmes respiratoires chez les habitants. « Des enfants sont décédés prématurément suite à cette tragédie. Et aujourd’hui, ils menacent d’exploiter encore quelque 75 000 hectares de forêts primaires qui font partie de leur contrat de concession, signé avec les autorités locales », dénonce-t-il.
Selon certains responsables aborigènes, les militaires ou des milices privées viennent intimider ou menacer les populations locales, pour qu’elles cèdent leurs terres aux sociétés d’exploitation d’huile de palme. « Je pleure lorsque je vois ces forêts détruites. Dieu a créé la nature de manière à ce qu’elle soit belle, et les êtres humains la détruisent », confie Elisabet Ndiwen, une responsable aborigène de Merauke. « Les forêts de Papouasie sont traditionnellement habitées par des centaines de tribus différentes. Détruire ces forêts, c’est déraciner ces tribus de leur vie quotidienne et de leur culture, déplore-t-elle. Le gouvernement local est responsable de cette situation car il n’a pas consulté les autochtones lorsqu’il a attribué ces concessions d’exploitation. Les forêts doivent être protégées car elles sont notre seul moyen de subsistance. »
Source: Eglises d’Asie