Dans sa dernière livraison, Paix Liturgique se penche sur le diocèse de Poitiers, où la situation semble figée : les fidèles n’y bénéficient de la forme extraordinaire du rite romain qu’une fois par mois.
A un fidèle qui lui demandait d’être plus généreux, l’archevêque a répondu :
« Je ne souhaite pas modifier ce qui est pratiqué actuellement à Niort. »
Paix Liturgique commente :
Dans un texte un peu embarrassé publié sur le site du diocèse de Poitiers (à lire ici), Mgr Wintzer s’interroge sur l’appel de Londres du cardinal Sarah, en particulier « sur la volonté exprimée par le cardinal d’inciter à célébrer la messe “ad orientem” ». Cet appel à se tourner vers le Seigneur, l’archevêque de Poitiers refuse de l’entendre même s’il lui « arrive d’apprécier de célébrer la messe de manière “orientée” » et reconnaît que cette orientation « exprime une manière de mettre à sa place le prêtre, de le situer avec toute l’assemblée dans un même mouvement qui les tournent vers Dieu ». Mais cela répondrait, selon lui, à un besoin de dévotion privée, spécialement du prêtre, qui n’a pas sa place dans une cérémonie commune. On reconnaît aisément l’influence des thèses du Mouvement liturgique des années 50 et des réformateurs des années 60 qui, très marqués par l’esprit de l’époque, voulaient des liturgies semblables à ces manifestations unanimistes qu’on affectionnait alors, liturgie dans lesquelles le célébrant est en quelque sorte réduit à un animateur de réunion (plus ou moins) sacrée.
Plus encore que l’invitation à célébrer ad orientem, on peut se demander si ce n’est pas le présupposé du cardinal Sarah qui dérange l’archevêque de Poitiers : la référence à la « réforme de la réforme » de la liturgie, à savoir qu’il serait bon de revenir sur certaines réformes conciliaires, trop marquées par le désir de plaire à l’esprit du temps et non conformes à la volonté exprimée par les pères conciliaires dans la Constitution sur la sainte liturgie. Même la rectification des traductions liturgiques de la forme ordinaire lui fait peur : « la future nouvelle traduction du missel romain peut ouvrir à quelques craintes quant à sa réception. Même si cela ne touche que quelques formules, je crains que telle ou telle chose ne soit l’occasion de faire ressurgir des querelles stériles ». Il serait sans doute amusé de notre remarque, mais Mgr Wintzer est un conservateur, au sens précis du terme. Ce qui est, à notre avis, contraire à l’esprit de la liturgie de Paul VI qu’il entend servir, qui est par essence adaptation à un temps donné, et par conséquent adaptable selon les époques.
Bref, non seulement Mgr Wintzer refuse de donner à la forme extraordinaire une plus grande place mais il signifie également à ceux de ses fidèles « ordinaires » désireux d’une liturgie orientée, en accord avec l’appel du ministre de la liturgie du Pape François, qu’ils n’ont aucune chance de l’obtenir. En somme, le programme de l’archevêque de Poitiers c’est de surtout ne rien changer, car il estime « délicat voire dangereux de modifier des pratiques liturgiques qui ont mis du temps à s’installer, même si elles le furent parfois à coup d’oukases et sans grande pédagogie ».
Né en 1959, Mgr Wintzer a encore au moins 18 années d’épiscopat devant lui. 18 années à ne rien faire, à ne rien changer, à ne rien réformer, ça va faire long…Prions donc pour que Mgr Wintzer devienne au plus vite le pasteur de paix et de rconciliation dont les fidèles niortais ont tant besoin et que souhaitait le Pape Benoît XVI en l’appelant comme auxiliaire à Poitiers en 2007 pour limiter les dérives de Mgr Rouet…