Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry, répond au Parisien :
L’été a été endeuillé par les attentats de Nice et l’assassinat du père Hamel. N’est-ce pas là l’échec du vivre-ensemble que vous incarnez ?
Le vivre-ensemble, on n’y arrive jamais complètement. Il y a une minorité qui n’en veut pas. Mais quand on est réunis tous les trois [avec le rabbin et l’imam], même si on n’a rien à se dire, on voit bien que c’est possible ! Ce qui compte, c’est le symbole. Nous organisons un grand pique-nique au diocèse en octobre. Les attentats de cet été m’ont fait réfléchir : au lieu de faire de l’entre-soi catholique, nous l’ouvrons à tout le monde.
Pour la première fois il y a quelques jours, un projet d’attentat en France a été élaboré par des femmes. Par quels messages peut-on toucher cette population ?
La France est restée très IIIe République, avec l’image de l’épouse soumise au mari, comme si elle n’était pas capable de colère, d’autonomie. Que les femmes soient aussi violentes que les hommes, cela ne m’étonne pas. Il est urgent d’aller voir son voisin comme sa voisine. Dès que les gens sont enfermés dans leur milieu, ils deviennent bêtes et dangereux.
Le burkini a été au cœur des polémiques ces dernières semaines. Faut-il une loi pour l’interdire ?
Certainement pas ! Je trouve absurde que l’Arabie saoudite oblige les femmes à se voiler. Mais je trouverais tout aussi absurde que la République interdise aux femmes de porter le burkini si elles le souhaitent, même si cela est fait par provocation. Si on ne peut pas s’habiller comme on veut, nous ne sommes plus en démocratie.
Jean-Pierre Chevènement, qui devrait prendre les rênes de la Fondation pour l’islam de France, a conseillé aux musulmans la discrétion. Qu’en pensez-vous ?
Notre culture est marquée par la tradition de la discrétion. Alors, lorsque l’attitude est trop ostensible, le message est brouillé et cela crée des incompréhensions. Il faut pouvoir dire ses convictions mais ne jamais en rajouter.
La loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat qui, au nom de la laïcité, interdit le financement public des cultes doit-elle être réformée pour aider à la construction des mosquées ?
Non. Payer pour les lieux de culte musulmans entraînera forcément des revendications d’autres religions qui exigeront que là où elles n’ont pas d’édifices l’Etat paie pour elles. On changerait alors totalement le statut de la laïcité, et nous risquerions d’opposer les communautés.