Nous publions ici la lettre d’un jeune pharmacien expliquant le processus de consusltation sur l’objection de conscience des pharmaciens. Processus en forme d’impasse liberticide qui a poussé un ensemble de pharmacien à lancer le réseau Pharmac’Ethique
Merci à AR pour ce témoignage
Le 8 décembre dernier, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, nous envoyait, à chacun des pharmaciens inscrit à l’Ordre, une lettre nous demandant de répondre à un sondage concernant la révision de notre code de déontologie.
L’une des questions posées portait sur la clause de conscience du pharmacien et plus précisément sur la nécessité ou non de l’introduire dans le nouveau code. 85% des pharmaciens y ont répondu favorablement.
Pourtant, début juillet, la question faisant débat au sein de l’Ordre, une nouvelle consultation a été lancée exclusivement sur ce sujet de l’objection de conscience.
La question était ainsi posée:
“Sans préjudice du droit des patients à l’accès ou à la continuité des soins, le pharmacien peut refuser d’effectuer un acte pharmaceutique susceptible d’attenter à la vie humaine. Il doit alors informer le patient et tout mettre en œuvre pour s’assurer que celui-ci sera pris en charge sans délai par un autre pharmacien. Si tel n’est pas le cas, le pharmacien est tenu d’accomplir l’acte pharmaceutique. L’article R4235-18 doit-il figurer dans le code de déontologie ? Oui Non”
Nous avions jusqu’à fin août pour y répondre.
Or, différents opposants (pharmaciens ou non) à la clause de conscience du pharmacien se sont empressés de réagir (pétition, réactions sur twitter…) envenimant ainsi le débat.
La Ministre du droit des femmes, Laurence Rossignol, a elle-même réagit disant que la clause de conscience « ouvrirait clairement la possibilité pour des pharmaciens de refuser de délivrer la contraception d’urgence [pilule du lendemain], la pilule, le stérilet ou même le préservatif » ce à quoi la présidente de l’Ordre a répondu que « Les débats qui se sont déroulés au sein de l’Ordre sur cet article n’ont jamais porté sur la contraception mais sur la fin de vie, situation souvent très délicate à gérer par les pharmaciens de ville et d’hôpital.”
Malheureusement, cela n’ayant pas suffit a apaisé le débat, le 21 juillet un communiqué de presse émanant de l’Ordre des pharmaciens annulait la consultation des pharmaciens, pourtant les premiers concernés, sur cette question :
« […] Devant l’émoi et l’incompréhension suscités par cette réflexion collective, sans compter les instrumentalisations qui en ont été faites, le Bureau du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, présidé par Isabelle Adenot, a pris aujourd’hui deux décisions.
1. D’une part, le Bureau suspend la procédure de consultation des pharmaciens sur le projet, le contexte actuel n’étant plus propice à une réflexion éclairée et mesurée.
2. D’autre part le Bureau demandera au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens réuni le 6 septembre prochain de ne pas maintenir en l’état le projet de clause de conscience.
Ce qui prime pour l’Ordre est le lien de confiance entre les Français et les pharmaciens.[…] »
Que pouvons-nous attendre du 6 septembre prochain ?
Nous le saurons rapidement mais il est sans doute grand temps de faire connaître l’association Pharmac’Ethique, créée par quelques jeunes pharmaciens, avec le soutien de l’association Objection!, dont le but est précisément d’obtenir cette clause de conscience dont le pharmacien ne bénéficie pas encore contrairement aux autres professionnels de santé.