Message de Mgr Habert, évêque de Séez, adressé aux chrétiens sur la situation du monde agricole.
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »…
Cette citation bien connue du concile Vatican II (GS n°1) nous rappelle combien nous, chrétiens, devons être attentifs aux conditions de vie de nos contemporains. Nous partageons ces conditions de vie. Au nom de notre foi, nous voulons les rendre plus justes et plus fraternelles.
Marqués par la barbarie du 14 juillet à Nice, ainsi que par l’assassinat du Père Jacques Hamel, nous n’oublions pas que les conditions de vie de bien de nos compatriotes sont douloureuses. Les conflits sociaux se multiplient, révélant bien des mécontentements et des souffrances.
Dans ce concert médiatique, une place assez restreinte est réservée au monde rural. Les manifestations, parfois violentes, du début de l’année ont alerté l’opinion publique sur cette réalité. Le 29 février dernier, 15 évêques français se rendaient au Salon de l’Agriculture pour témoigner de leur compassion pour toute une profession en crise et en souffrance. Au cours de l’été un sentiment d’exaspération et des inquiétudes très fortes ont été de nouveau exprimés. Tout semble hélas réuni pour une rentrée difficile et éprouvante, d’autant plus que la crise risque de perdurer.
Avant les vacances, j’ai eu la joie de rencontrer des agriculteurs. Il s’agissait surtout d’échanger et de réfléchir à la situation présente. J’ai rencontré des hommes et des femmes passionnés et passionnants. Leur métier (et passion) est une dimension essentielle de leur vie. S’ils traversent une période difficile, la joie et l’enthousiasme de beaucoup restent intacts.
L’exercice de leur profession les confronte aujourd’hui à des défis impressionnants :
– Comment respecter l’environnement et garantir la sécurité alimentaire du pays ?
– Comment s’adapter mais aussi contester le modèle financier actuel ?
– Comment intégrer le phénomène de la mondialisation ?
– Comment nourrir une population de plus en plus nombreuse et exigeante ?
– Comment produire à un coût compétitif face à des consommateurs toujours plus économes ?
– Comment s’organiser collectivement ?
– Comment transmettre un savoir faire à des générations qui hésitent à prendre le relais ?
L’énumération (non exhaustive) de ces défis, nous indique rapidement que toute simplification des problèmes est dérisoire et qu’il ne sera pas possible de trouver une issue par de simples slogans.
Si ces défis indiquent à l’Eglise qu’elle ne peut en aucune façon prétendre résoudre à elle seule toutes ces questions, ils lui indiquent aussi qu’elle dispose avec la “doctrine sociale” d’un trésor qu’il faut approfondir, travailler, et proposer. Dans son encyclique « Laudato Si » le pape François lance sur ces questions un appel fervent au dialogue. Nous vivrons en ce temps de rentrée des initiatives tout au long du mois de septembre dans le cadre du “mois de la création” du 1erseptembre au 4 octobre.
Chrétiens du diocèse de Séez, nous ne sommes pas indifférents à ces questions. Certains les portent au quotidien, sur le terrain.
Je vous invite, en ce temps que nous vivons, à vous rendre attentifs à la vie des agriculteurs.
L’intérêt que nous portons aux défis qu’ils doivent relever est déjà un signe de proximité. Une des souffrances est celle de la solitude, de la spirale de l’endettement et de l’enfermement. En cela, il me semble important que nous soyons attentifs à nos voisins agriculteurs en difficulté.
Nous pouvons aussi réfléchir à notre façon de consommer et mesurer combien chacun, concrètement au quotidien, doit se sentir responsable de ces questions.
J’invite les communautés chrétiennes à vivre des temps de rencontre, de proximité, de découverte avec les acteurs du monde rural. Je vous invite aussi à la prière.
Le pape François dans son encyclique nous parle de la “maison commune” qu’il nous faut préserver. Voilà un appel d’une actualité criante.
Que l’Esprit Saint nous inspire les justes attitudes à tenir.
Mgr HABERT est un évêque Normand ! Il eut été plus judicieux de mettre une vache normande en illustration !