Tout est dit dans le titre et les poncifs lénifiants attendus sont bien là dans ces quelques lignes accordées au journal La Croix.
Morceaux choisis
Le ministre entend franchir une « nouvelle étape » pour « réussir la construction d’un islam de France dans le respect des valeurs de la République »
« L’attachement de tel ou tel citoyen à telle ou telle croyance, à telle ou telle religion ne saurait être pour lui ni une cause de privilège, ni une cause de disgrâce », disait Jean Jaurès. Les musulmans de France ont très majoritairement manifesté leur attachement à la République. Ils l’ont fait après chacun des attentats qui ont frappé notre pays. Ils ont adopté le Manifeste citoyen du 29 novembre dernier qui traduit sans ambiguïté leur engagement pour les valeurs de fraternité, de tolérance et de respect que nous avons en partage. En première ligne, aux côtés de tous les républicains, avec eux, ils doivent porter ces valeurs pour faire vivre en France un islam moderne.
Sur la fondation pour l’Islam de France (lire aussi l’article du Monde)
B. C. : La fondation, laïque, reconnue d’utilité publique, ne pourra pas financer le culte, c’est-à-dire la construction de mosquées ou la formation théologique des imams. Elle aura vocation à soutenir des projets, dans les domaines de l’éducation, de la culture, de l’engagement des jeunes, elle pourra prendre en charge la formation profane des imams, le développement de la recherche en islamologie, être un acteur d’une meilleure connaissance de l’islam à travers ses productions littéraires et artistiques. J’ai prévu qu’elle puisse bénéficier de fonds publics pour son démarrage, à côté du financement des entreprises et des particuliers.
Jean-Pierre Chevènement a accepté d’en prendre la présidence. C’est un grand républicain, qui a été le premier à mettre sur le métier une déclaration commune entre l’État et les responsables musulmans, dès les années 1990. Il connaît bien le monde musulman et son attachement à la laïcité est incontestable. Je rappelle que la fondation traite de la relation entre la République et les musulmans : qu’un grand républicain en prenne la tête au moment de sa création, avec en son sein de nombreux musulmans, revêt une vraie dimension symbolique, puisque cette nouvelle structure sera le pont entre la République et les musulmans de France. Par la suite, la fondation – nous en avons parlé ensemble – a vocation à prendre son envol et avoir à sa tête à terme d’autres personnalités. Il y a beaucoup de talents parmi les Français de confession musulmane qui ont la volonté de s’engager et de contribuer au succès de la fondation.
À côté de la fondation, nous proposons la création d’une association cultuelle, qui serait dirigée entièrement par les représentants musulmans et pour laquelle l’État ne sera évidemment pas partie prenante. Elle aura plusieurs objectifs : centraliser l’ensemble des financements nationaux pour la construction de mosquées – sachant que beaucoup ont déjà été construites – et la formation théologique des imams. Nous souhaitons que transitent par elle des fonds, dont elle garantira la transparence : non pas une taxe mais une contribution – volontaire et négociée – des acteurs de la filière halal, ainsi que les dons des fidèles.
Sur la formation théologique
Même en Alsace-Moselle, l’État ne peut pas créer une « Faculté de théologie musulmane », sauf à s’engager dans une réforme constitutionnelle longue et source de divisions dans le pays. Ce que nous proposons – et qui a été confirmé par les arbitrages du premier ministre, avec l’engagement de la Ministre de l’éducation nationale et de la recherche – c’est la création de nouveaux départements d’islamologie au sein des universités, avec un très haut niveau d’exigence scientifique dans les matières profanes, qu’il s’agisse de l’histoire des religions ou de l’étude des courants d’idées s’y rattachant.
Et la gauche en héraut de la question islamique
Quand je regarde les faits, je constate que c’est la gauche qui aujourd’hui se saisit de ces enjeux avec volonté et réalisme, sans renoncer aux valeurs et aux principes qui ont conduit les peuples du monde à se reconnaître dans le discours puissant de la France. La gauche reconnaît le fait religieux. Mais elle doit être intraitable avec le communautarisme, le salafisme, ces enfermements qui éloignent de la République et ignorent des combats essentiels pour la tolérance et l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle le doit le faire avec le souci constant du droit, des valeurs, de la fraternité, en préférant l’efficacité aux outrances, la vérité à la démagogie. C’est là ce qui sépare résolument la gauche de la droite extrême et de l’extrême droite.
Un grand merci aux catholiques
Les paroles du pape ont été d’une chaleur fraternelle et réconfortante pour la France. Le président de la République lui a exprimé sa gratitude lorsqu’il s’est rendu au Vatican le 17 août dernier. La réponse des catholiques a été admirable. Ils ont su tenir une parole élevée, fraternelle et apaisante, qui portait des valeurs éminemment humanistes que je partage naturellement en tant que républicain.
Source La Croix