Selon le ministère philippin de la Santé, en mai dernier, les Philippines comptait 34 158 cas d’infections par le virus du VIH, contre 28 148 à la même date l’an dernier. « En fait, notre pays est en situation d’urgence pour le VIH et le sida », s’inquiète le Dr Rossana Ditangco, de l’Institut de recherche pour la médecine tropicale. Elle juge « très alarmante » la hausse des cas de sida : 3 070 en mai, contre 2 198 l’an dernier. « Chaque jour, au moins 25 personnes sont infectées », poursuit le Dr Rossana Ditangco. Toujours en mai, 52 personnes sont décédées à cause de la maladie. Au total, ils sont au moins 1 759 victimes depuis 1984.
Pour combattre la maladie, « une attitude basée sur la foi et l’abstinence » sont tous deux « un moyen utile », juge un haut-responsable sanitaire. « L’Eglise [catholique] peut encourager les jeunes à faire abstinence, leur enseigner comment rester fidèle sans entamer de relations hors-mariage », juge le Dr May Samonte, chargée du programme d’épidémiologie du ministère de la Santé. D’après le Dr Samonte, interrogée par l’agence Ucanews, seule l’Eglise dispose de « l’intégrité morale pour discerner le bien du mal. Rester loyal et dévoué fait partie de ce que l’Eglise peut enseigner – un domaine pour lequel le ministère de la Santé, à l’inverse, n’est pas compétent et ne dispose pas de légitimité », estime ce médecin.
Une attitude de prévention guidée par la foi
Le Dr May Samonte admet toutefois l’existence de désaccords entre l’Eglise et les autorités sanitaires sur les moyens de lutte contre la pandémie, comme l’usage de préservatifs. « Mais la meilleure prévention reste une attitude guidée par la foi », insiste la praticienne.
En 2014, l’archipel a adopté une loi permettant la gratuité des moyens de contraception pour les couples les plus pauvres. Son application est aujourd’hui compromise par le refus du Congrès de voter les fonds destinés à l’origine au financement des préservatifs, ainsi que la suspension d’autres contraceptifs, en particulier les implants, considérés comme potentiellement abortifs. L’avortement est pénalement interdit aux Philippines.
Rodrigo Duterte, le nouveau président philippin, a promis de relancer le chantier du planning familial et songe à limiter le nombre d’enfants par famille à trois. A Davao, la ville dont il était le maire jusqu’ici, Rodrigo Duterte a mis en place une distribution gratuite de préservatifs pour les couples aux revenus modestes, mais aussi des aides financières pour les hommes et les femmes qui ont subi une opération de stérilisation (vasectomie ou ligature des trompes). Avant l’adoption de la « Loi sur la santé reproductive » (Reproductive Health Bill), le dictateur déchu Ferdinand Marcos (au pouvoir de 1965 à 1986), cité parfois en exemple par Rodrigo Duterte, a été le premier président philippin à s’être attaqué au dossier du planning familial. A l’époque, il était surtout question de mieux contrôler les naissances. Et l’archipel des Philippines est longtemps resté épargné par l’épidémie du sida.
Lire l’intégralité de l’article sur EDA