« L’éducation domestique ne convient sous aucun rapport à un être né pour la société. » Voilà résumée l’idéologie pédagogique de Léonard Bourdon, le théoricien jacobin qui inspira l’élan éducatif révolutionnaire et qui fut le fondateur de l’école des Élèves de la Patrie. Robespierre lui-même se méfiait de ce renifleur d’orphelins dont « rien n’égale la bassesse des intrigues qu’il met en œuvre pour grossir le nombre de ses pensionnaires et ensuite pour s’emparer de l’éducation des enfants de la patrie, institution qu’il dénature et déshonore. » Un « prédateur d’honnête envergure, sans cesse aux aguets », dit de lui Xavier Martin dans un ouvrage récent, intituléS’approprier l’homme.
Le constat de celui qu’on surnomma Léopard Bourdon est simple : « L’enfant riche trouvera chez les siens des leçons pratiques d’orgueil, d’aristocratie, de despotisme ; l’enfant pauvre sera l’élève de la superstition et des préjugés. » A partir de là, « dans nos valeurs, l’éducation vise à arracher les enfants aux déterminismes sociaux et religieux et d’en faire des citoyens libres » dira deux siècles plus tard Christiane Taubira. Or cette conception des devoirs de l’État révolutionnaire éducateur est le point nodal de toute la politique dite aujourd’hui sociétale (néologisme dont nous pourrions encore discuter).
En effet, cela suppose que les parents ne sont pas à même d’assurer l’éducation à la liberté de leurs enfants.
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