Églises d’Asie a récemment publié un article relayant une étude publiée, à Hong-Kong, par la revue Tripod qui aborde notamment la question des évêques de Chine continentale. Quelques points ressortent de ces études sur le statut et la situation de ces évêques chinois.
Sur le nombre d’évêques, Tripod recense 112 évêques. En fait, Églises d’Asie souligne qu’il y en aurait 110. Deux évêques sont décédés au début de l’année 2016, au moment où l’article de Tripod était sous presse. Il s’agirait, d’abord, de Mgr Thomas Zeng Jingmu, mort le 2 avril à l’âge de 95 ans. Évêque « clandestin » de Yujiang (province du Jiangxi), sa mémoire a été saluée par l’Osservatore romano, le 22 avril 2016. En effet, le journal du Vatican a rappelé que le défunt a « été un ardent défenseur de la doctrine catholique et avait offert un témoignage courageux de fidélité à l’Eglise, au prix d’un grand sacrifice : il avait été arrêté à de nombreuses reprises et passé trois décennies de sa vie en détention ». Le deuxième évêque, Mgr Thomas Zhang Huaixin, mort le 8 mai 2016 à 90 ans, a été ordonné dans la clandestinité, le 19 octobre 1981 (c’est l’année où reprennent les consécrations clandestines, la dernière remontant à 1960). En 2004, il a accepté d’être l’évêque « officiel » de son diocèse, Jixian (province du Henan), à la condition de ne pas être membre de l’Association patriotique des catholiques chinois. Un exemple de porosité entre les situations “officielle” et “clandestine”.
Actifs et inactifs. Dans ces 110 évêques, 99 exerceraient leur ministère. Les onze autres seraient à la retraite ou contraints de se retirer. Il faut noter que la présentation à partir de 75 ans n’est pas pratiquée en Chine, certains évêques restant jusqu’à leur mort titulaire de leur diocèse. Parmi les évêques “contraints à se retirer”, l’article fait référence à l’évêque « clandestin » de Baoding, Mgr Su Zhimin, 84 ans, détenu depuis dix-neuf ans, et à un autre évêque « clandestin », celui de Yixian, Mgr Shi Enxiang, 95 ans (il y a des doutes sur sa mort en détention). Enfin, un autre évêque, mais “officiel”, est dans une situation similaire: Mgr Ma Daqin, évêque auxiliaire « officiel » de Shanghai, placé en résidence surveillée depuis juillet 2012 à cause de son retrait de l’Association patriotique des catholiques chinois faisant suite à sa consécration épiscopale.
“Officiels” et “clandestins”. Les “officiels” pris en compte dans cette étude ont tous ont obtenu un accord de Rome. Le terme “officiels” englobe aussi bien des “clandestins”, qui ont fini par acquérir un statut officiel, que des “officiels” reconnus par Rome. En revanche, ne sont pas inclus les officiels qui n’ont reçu aucun mandat pontifical ou régularisation postérieure. Il existerait 8 évêques dans cette dernière situation, dont Mgr Joseph Ma Yinglin, évêque non reconnu de Kunming, consacré le 30 avril 2006. Le 24 mai 2016, il a ordonné 9 prêtres, qui, visiblement, ont accepté à contrecœur de recevoir l’ordination sacerdotale des mains de cet évêque. Mgr Ma Yinglin préside la conférence “officielle” des evêques de Chine, non reconnue par Rome. Il y a donc encore des évêques “officiels” non reconnus par Rome: ils relèvent donc d’une situation d’excommunication latae sententiae au sens du canon 1382 du Code de Droit canonique.
Une divergence entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois sur le nombre de diocèses. Officiellement, il y a 138 diocèses en Chine, si on se base sur les circonscriptions établies par la hiérarchie ecclésiastiques. Ces diocèses figurent toujours à l’Annuaire pontifical, mais sans aucun titulaire. Le gouvernement chinois a revu ce nombre à la baisse: il ne reconnaît, lui, que 97 diocèses. Ce chiffre bas s’explique par des regroupements de diocèses afin de les faire correspondre aux circonscriptions administratives de la République populaire de Chine. Ces interventions posent des problèmes de licéité au regard du droit divin: en effet, la définition des circonscriptions ecclésiastiques n’est pas du ressort du pouvoir civil. En outre, on peut signaler que certains diocèses “officiels” n’ont eu qu’une brève existence. D’autres diocèses, figurant à l’Annuaire pontifical, existent toujours, mais ne sont pas reconnus officiellement par les autorités chinoises. Ainsi, dans la province du Yunnan, ces dernières ont rassemblé au sein du diocèse de Kunming les diocèses de Dali et de Kunming et la préfecture apostolique de Zhaotong. Curieusement, comme le relève Eglises d’Asie, le site officiel de l’Église catholique du Yunnan continue à mentionner les trois diocèses, Mgr Ma Yinglin étant présenté comme l’évêque de Kunming. Outre la nomination des évêques, on peut penser que la carte des circonscriptions ecclésiastiques constitue un autre point sérieux de divergence entre Rome et Pékin.
Une étude intéressante et passionnante sur un sujet aussi sensible que complexe.
Source: Église d’Asie et agenzia fides.