Les diocésains d’Ariège s’expriment directement en ligne pour ce “e-synode“. Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Pamiers, explique :
“Nous souhaitions nous mettre à l’écoute de la diversité des chrétiens présents dans le diocèse tout en nous adaptant à la culture contemporaine. Force est de constater qu’aujourd’hui la majorité des contacts se fait par Internet et les Réseaux Sociaux. Bien entendu, pour les personnes non aguerries, le questionnaire a également été distribué dans les communautés chrétiennes. Ce n’est pas un synode, au sens strict, canonique. Mais la possibilité d’exprimer ses joies, ses attentes, ses difficultés est donnée. Nous essayons de recueillir aussi la parole des personnes à l’écart, grâce aux accompagnateurs du Secours catholique et à l’équipe d’aumônerie de la maison d’arrêt. Nous pensions initialement toucher les jeunes. Mais nous nous sommes rendu compte qu’ils sont davantage dans l’instantanéité : mieux vaut les interpeller directement sur leur compte Facebook !
Quelle est la teneur des premières réponses ?
Près de quatre cents réponses sont déjà arrivées, en format numérique et papier à peu près équivalent. Tout n’a pas encore été dépouillé. J’essaie de les lire dès qu’elles arrivent. L’évêque se nourrit de l’écoute du peuple de Dieu ! Il y a des réponses individuelles et des réponses de groupe. Certaines sont toutes simples, avec un seul mot en face de chaque question. D’autres sont plus élaborées, développées sur plusieurs pages. L’ensemble révèle des éléments qui nous mettent en chemin. Des accents notables apparaissent en fonction des différents territoires. La participation des gens de la « diaspora », ces Ariégeois de cœur attachés à notre diocèse sans y résider toute l’année, est également intéressante. Notre population compte un certain nombre de « néoruraux ». Ces personnes ont choisi un mode de vie alternatif. Elles sont également en recherche spirituelle, mais le parcours proposé par l’Église ne répond pas à leurs attentes. Un terrain de dialogue est ouvert. Les chrétiens de nos communautés sont au défi de tenter la rencontre et de prendre la mesure du travail de l’Esprit Saint. Il œuvre largement au-delà des frontières de l’Église ! Nous sommes invités à cultiver les germes de l’Esprit qui surgissent : être capables de les accueillir peut demander une vraie conversion intérieure.
Quelles réponses marquantes retenez-vous ?
Une dame d’un âge avancé s’est ouverte pour la première fois au sujet d’une agression dont elle a été victime dans sa jeunesse. Elle a saisi l’invitation au dialogue pour évoquer sa blessure. Certaines personnes évoquent leur volonté de contribuer à la vie de l’Église, mais refusent que la communauté devienne gestionnaire de patrimoine. Pour elles, l’annonce de l’Évangile et l’attention aux plus pauvres sont premières. Et si des moyens financiers sont disponibles, alors elles proposent d’investir dans l’éducation des jeunes. D’autres personnes demandent qu’un soin particulier et renouvelé soit apporté à la beauté de la liturgie, qui peut toucher les cœurs. Toutes les sensibilités s’expriment ! La petite taille de notre Église diocésaine, sa pauvreté, son éloignement et son histoire aussi nous invitent à revenir à la simplicité évangélique, au quotidien dans chacune de nos relations.
Qu’est-ce qui vous encourage à poursuivre dans cette démarche ?
La liberté de parole des personnes qui se saisissent de cette porte ouverte ! Les chrétiens ont vraiment envie d’annoncer l’Évangile, de le faire rayonner dans tout le diocèse, de vivre en Église. Ils sont prêts, mais comment fédérer ces énergies dans des quotidiens déjà surbookés ? Comment prendre des engagements tout en laissant l’Esprit Saint à l’œuvre ? Je vois que le Seigneur est déjà au travail, il fait bouger les gens de bonne volonté. C’est très encourageant ! Je partagerai les orientations pastorales du diocèse lors de la prochaine rentrée, où nous aurons probablement la joie de célébrer une ordination sacerdotale. Ce sera un point d’étape de la consultation. Mais ce n’est pas parce que l’évêque donne une direction que l’on ne doit plus s’exprimer !”