Alors que le gouvernement s’apprête à commémorer l’exécution du Chevalier de la Barre, une petite mise au point s’imposait.
Qui connaît aujourd’hui le chevalier de La Barre ? Les gens cultivés, peut-être. Les Parisiens habitant au pied de la butte Montmartre, où la République a érigé un monument en hommage à ce provocateur, sans doute. En tout cas, les héritiers des Lumières, auréolés par l’historiographie du doux nom de « libres penseurs » le connaissent et le révèrent.
Il paraît que l’histoire, ce n’est pas faire rentrer le passé dans sa propre idéologie, mais c’est le raconter pour se souvenir et en tirer les leçons. Alors essayons. Le chevalier François-Jean Lefebvre de La Barre, jeune noble picard né en 1745, fut condamné, à Paris, à faire amende honorable pour blasphème et sacrilège par le tribunal d’Abbeville, puis par la Grand-Chambre du Parlement, à être décapité et ensuite brûlé, après avoir été soumis à la question. Sentence exécutée le 1er juillet 1766, il y a deux cent cinquante ans, suite au refus du roi Louis XV de faire grâce au coupable.
Analysons maintenant à froid l’intérêt historique de notre personnage. Ce jeune homme a été reconnu coupable, avec deux compagnons qui ont eu l’habileté de s’exiler dans des pays protestants qui ne débordaient pas de sympathie pour la monarchie française, de la profanation de deux crucifix et pour ne pas s’être découvert au passage de la procession de la Fête Dieu, « à vingt-cinq pas ». Autre chef d’accusation : « avoir chanté une chanson impie, avoir rendu le respect à des livres infâmes au nombre desquels se trouvait le dictionnaire philosophique du sieur Voltaire ».
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