La réforme du collège initiée par le ministre Najat Vallaud Belkacem et acceptée sans négociation par la direction nationale de l’enseignement catholique fait grincer des dents dans les établissements scolaires. L’autonomie de ces établissements est menacée. Obligés d’intégrer des Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) exigés par le ministère, sans pouvoir pour autant accroître le nombre d’heures d’enseignements, les établissements catholiques (ou pas) sous contrat doivent sacrifier une partie de leurs cours… Et cela, contrairement à la volonté des parents, premiers éducateurs de leurs enfants, de la direction scolaire et des enseignants. Bref personne n’est d’accord, mais il va bien falloir supprimer des cours de latin, une autre langue que l’anglais dès la 6e, des cours d’anglais renforcé… C’est le nivellement par le bas et la fin de la spécificité des collèges catholiques.
Et le ministère ne compte pas laisser une once de liberté aux établissements. Lors des réunions d’information sur la réforme dans les académies, certains émissaires du ministère se sont permis de proférer des menaces sur les contrats d’associations des collèges qui n’appliqueraient pas la réforme à la lettre. À une question sur l’autonomie dont disposerait l’Enseignement catholique, une enseignante du privé s’est entendue répondre :
« Le recteur a été catégorique : le privé sera inspecté dès la rentrée. L’établissement qui n’appliquera pas la réforme perdra son contrat d’association immédiatement et si c’est le prof, eh bien, la note, le rapport, vous connaissez… »
Un professeur marque son incompréhension avec l’enseignement catholique :
« Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que nos instances continuent à soutenir la réforme aujourd’hui. C’est sans doute difficile d’admettre qu’on s’est trompé. »
En colère, plusieurs collèges ont déjà rompu leurs relations avec l’UNAPEL, l’association des parents d’élèves de l’enseignement libre. Dernière en date, l’Association des parents d’élèves du groupe scolaire Saint-Thomas d’Aquin d’Oullins et de Saint-Genis Laval (69), qui a suspendu ses relations avec l’UNAPEL le 26 avril. Dans un communiqué l’association explique :
“[…] Plusieurs motifs ont déterminé cette décision :
Tout d’abord le soutien clair et sans ambigüité de l’APEL nationale à la réforme du collège a cristallisé le mécontentement de la majorité des parents qui ont été surpris et choqués par la rapidité de cette prise de décision sans aucune concertation avec les représentants des instances locales des APEL. L’UNAPEL a émis un assentiment prématuré qui n’était pas partagé par tous.
Promulguée par simple décret se traduisant par une atrophie des enseignements généraux autant que par une réduction des propositions éducatives, cette réforme est une injustice infligée aux enfants. Les parents de Saint-Thomas d’Aquin ne seront pas les complices de cette iniquité, ils refusent d’être responsables de ce scandale. Ces derniers sont encore les premiers éducateurs de leurs enfants !
Les parents regrettent également qu’en dépit des signes de mécontentements nombreux, le mouvement national de l’APEL ait été incapable de se remettre en question et de revenir sur ses positions.
Seulement discutée à la marge, la réforme du collège a finalement été entérinée par le bureau national de l’APEL, preuve d’une inaptitude au dialogue et à l’écoute.
A ce titre, les différentes mesures mises en place par l’APEL pour étouffer les protestations en son sein ne trompent pas. La récente annonce de la création d’un groupe de suivi de la réforme est éloquent par sa dénomination même : plutôt que de discuter pied à pied avec le Ministère de l’Éducation nationale, on préfère en suivre les directives pour ménager des accommodements. De même, le projet d’une commission de conciliation signale chez les dirigeants de l’APEL une volonté d’emprise et de contrôle. Qu’en est-il de la liberté des APEL locales ? Qu’en est-il du principe de subsidiarité ?
Enfin, le rôle de percepteur que nous fait jouer l’UNAPEL auprès de nos adhérents nous gêne car le but d’une association de parents est de servir ces derniers plutôt que de les ponctionner. […]”
Cette fronde est intéressante car c’est une première et peut-être faut-il saluer la réforme du ministre qui fait enfin prendre conscience aux établissements sous contrat de l’épouvantable carcan qu’ils subissent depuis des décennies. Leur liberté a été achetée et malgré la révolte de 1984, les accords Lang-Cloupet ont maintenu cet état de dépendance. Or, depuis les manifestations scolaires de 1984, les choses ont évolué avec notamment l’émergence des écoles hors-contrat, qui apparaissent comme des champignons, avec 50 à 70 créations d’établissements chaque année, ce qui n’est pas rien.
Alors ces écoles qui contestent la direction prise par l’APEL vont-elles rejoindre pour autant le hors contrat, comme semble le souhaiter le ministère, qui espère sans doute par ce moyen faire quelques économies substantielles ? Par forcément. Mais il existe une solution intermédiaire intéressante, qui consiste à maintenir les enseignements en heures hors contrat (c’est-à-dire non payées par l’État)… Une solution déjà préconisée par Anne Coffinier il y a quelques années, pour donner plus de liberté à l’enseignement diocésain. La Fondation pour l’école est à la disposition des directeurs et professeurs concernés pour les y aider.
Dommage que ces réactions interviennent après presqu’un an d’inaction. On aurait pu penser que la position du Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique, M. Pascal Balmand, qui avouait sa connivence avec le ministre, provoque des réactions plus rapides et plus fermes. On est maintenant au pied du mur.
Heureusement, l’Esprit-Saint est avec nous.
il y a longtemps que majorité des établissements dits catholiques sous contrat n’avaient hélas plus grand chose de catholique!!!!!tout la partie religion catholique (cours, prières, messes) étant laissé de côté …ou alors c’était l’excès contraire, ce qui n’est pas forcément le choix des parents – on le paye maintenant et les catho font profil bas, comme d’hab….