C’est une bonne nouvelle pour les grecs-catholiques de Biélorussie: le 13 février 2016, une chaîne publique a consacré un reportage relativement long (25 minutes au total) à cette petite communauté catholique de rite oriental. En Biélorussie, les grecs-catholiques se situent entre une importante communauté orthodoxe, liée au patriarcat de Moscou, et une communauté catholique de rite latin, souvent d’origine polonaise. Cette attention de la télévision officielle est une première, voire un signe, dans un paysage audiovisuel contrôlé par les pouvoirs publics. Le centre géographique de qui a vu l’apparition de l’Église grecque-catholique ruthène se situe dans l’actuelle Biélorussie. Le rattachement de certaines communautés au Siège romain a bien été concrétisé par l’Union de Brest, en 1596. Brest est une ville située en Biélorussie. C’est en raison des persécutions que l’actuelle Ukraine a fini par devenir le centre du gréco-catholicisme ruthène. Aujourd’hui, on parle même d’Église grecque-catholique ukrainienne.
Historiquement, L’Église grecque-catholique fut pourtant majoritaire sur l’actuel territoire biélorusse dans une période qui s’étend du 17 ème au 18ème siècle. En effet, selon les historiens, à la fin du 18ème siècle, environ 70 à 75 % de la population pouvait être considérée comme grecque-catholique. Il faut attendre le partage de la Pologne de 1795 et le rattachement des territoires à la Russie pour que cette dernière finisse par proclamer la suppression officielle de l’Église grecque-catholique, en 1839. Le gréco-catholicisme a été considéré comme un obstacle à la russification des territoires biélorusses. Aujourd’hui, malgré une hostilité du côté orthodoxe, mais aussi une gêne évidente de la part du côté catholique, le gréco-catholicisme renaît timidement et se développe en Biélorussie, même si la communauté reste encore réduite. Elle compterait 2 000 fidèles.
Pendant la période soviétique, un seul prêtre, le père Vikta Danilau, officiait clandestinement en Biélorussie. En 1990, pour la première fois depuis 1839, une liturgique grecque-catholique a été célébrée publiquement en langue biélorusse. Ce fut une première dans le paysage religieux. Aujourd’hui, la communauté compte 16 prêtres. D’autres prêtres à l’étranger officient pour les grecs-catholiques, notamment au Royaume-Uni aux États-Unis d’Amérique. Une paroisse a même été récemment érigée à Londres. En outre, il existe également une paroisse grecque-catholique biélorusse à Anvers (Belgique). L’Église grecque-catholique se développe malgré tout sur le territoire biélorusse à travers des activités spécifiques qui contribuent à sa visibilité. Ainsi, un pèlerinage annuel réunit une centaine de fidèles, à Polotsk, la plus ancienne ville de Biélorussie.
L’Église grecque-catholique biélorusse est la seule communauté grecque-catholique à ne pas disposer de structure canonique sous la forme d’une éparchie. Actuellement, elle est juste dotée d’un visiteur apostolique. Pendant longtemps, le père Siarhiej Hajek a exercé cette fonction de visiteur apostolique.
Malgré les difficultés endurées par les grecs-catholiques, cet intérêt “officiel” n’est pas innocent. Peut-être sommes-nous dans le cadre d’une renaissance qui portera des fruits abondants. Il n’est pas dit que la terre de Saint-Josaphat Kuncewicz ne connaîtra pas un renouveau spirituel. L’attention de la rélévision biélorusse peut être vu comme un signe. On peut supposer que beaucoup de biélorusses s’interrogent sur le passé de leur nation. Le caractère longtemps majoritaire de cette communauté n’est peut-être pas oublié et reste encore dans les mémoires.
La vidéo sur la communauté grecque-catholique biélorusse:
Source: BelarusDigest.