À l’occasion de la publication en langue française de La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin, du cardinal Raymond L. Burke, L’Homme Nouveau a rencontré celui-ci à Rome pour évoquer avec lui l’urgence de retrouver la pleine conscience de la doctrine sur l’eucharistie, fondement d’une véritable réforme de l’Église plus que jamais indispensable.
Éminence, vous avez considéré comme très important de publier un commentaire approfondi des deux documents sur l’eucharistie des pontificats précédents, Ecclesia de Eucharistia de Jean-Paul II, etSacramentum Caritatis de Benoît XVI. Pensez-vous donc que le plus grand des sacrements soit méconnu par les chrétiens d’aujourd’hui ?
Nous constatons actuellement un réel affaiblissement dans le rapport des chrétiens à la sainte eucharistie. Pour beaucoup, cette situation tient à la faiblesse de la catéchèse qui a été dispensée à ce sujet depuis cinquante ans. Il y a donc maintenant plusieurs générations qui ne comprennent pas bien la grande réalité du Saint Sacrement. Des études montrent que plus 50 % des catholiques ne croient plus dans la Présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. Or cet article de notre foi est comme la perle de la foi catholique. Face à cette situation proprement dramatique, le pape Jean-Paul II avait déjà voulu réagir. À la fin de son pontificat, il a tout fait pour restaurer la foi dans l’eucharistie et supprimer les abus liturgiques qui ont créé la confusion et entraîné souvent une perte de la foi.
Faiblesse de la catéchèse depuis cinquante ans, dites-vous. Que faudrait-il entreprendre aujourd’hui comme action pour remédier à cette situation ?
Je verrais une action dans trois directions.
La première catéchèse à entreprendre est la célébration de la sainte liturgie elle-même. Elle doit être restaurée dans sa propre dignité, non seulement en ce qui concerne la célébration du prêtre, mais également pour la participation des fidèles qui doit être digne, en fonction justement du profond mystère qui est célébré. Mais allons plus loin : la disposition du sanctuaire, les vêtements liturgiques utilisés, le linge d’autel, la musique sacrée doivent chacun à sa place, selon son rôle et son symbole, attirer l’attention de tous vers le Créateur, dans cette rencontre entre le Ciel et la terre. Car de quoi s’agit-il à la messe ? Du fait que réellement le Christ Jésus, assis à la droite du Père, descend sur l’autel de l’Église pour réitérer sous un mode sacramentaire son sacrifice du calvaire. Vous comprenez pourquoi l’Histoire nous montre que même les peuples les plus pauvres ont souvent tout fait pour bâtir l’église la plus belle possible ou les plus lumineux des vitraux. Ils souhaitaient que chaque élément de l’église témoigne de la suprême réalité de l’eucharistie.
À côté de la restauration de la sainte liturgie, il convient également de consacrer toute une catéchèse qui souligne et approfondisse auprès des enfants la réalité de la sainte eucharistie afin d’en donner un véritable amour et de leur permettre de conformer en même temps toute leur vie à la réalité de la communion eucharistique dans le Corps, le Sang, l’âme et la divinité du Christ. Un tel amour et une telle éducation eucharistique peuvent naître de l’utilisation d’un bon catéchisme, à base de questions-réponses, qui permette un plus grand approfondissement de la doctrine sur l’eucharistie.
Enfin, le troisième élément est la dévotion eucharistique elle-même. Quand nous participons à la sainte messe avec une vraie connaissance du mystère, naturellement, nous avons le désir d’adorer et de rendre également visite au Saint Sacrement. L’usage de petites prières simples peut aussi exprimer notre amour pour le Saint Sacrement, ce qui n’empêche nullement de recourir aux très belles prières traditionnelles comme l’Anima Christi,qui nous aident à dire notre foi dans la sainte eucharistie. Mais, soulignons-le, personne ne peut croire en l’eucharistie sans aimer. Il est impossible d’avoir la foi dans l’eucharistie sans aimer beaucoup le Seigneur.
Éminence, au regard des questions et des interventions qui ont eu lieu pendant le dernier Synode consacré à la famille, ne peut-on penser qu’il y a un lien étroit entre l’effacement du sens du péché et la banalisation du sacrement de l’eucharistie ?
Il est exact de dire qu’il existe un lien entre ces deux réalités. Si nous n’avons pas conscience de notre indignité et de nos péchés, comment pourrions-nous aborder avec toute la dignité et le respect requis le Seigneur Jésus qui se donne à nous dans la sainte eucharistie ? Avez-vous remarqué d’ailleurs que la messe commence par un acte de pénitence ? Il s’agit bien de reconnaître nos péchés alors que nous commençons à célébrer ou à participer à l’action la plus importante dans notre vie. L’union au Seigneur dans le sacrement de l’eucharistie, demande une réelle conversion. Nous ne pouvons pas participer avec sincérité à la messe sans avoir le désir et la volonté de changer notre vie afin de la rendre la plus cohérente possible avec celle du Christ.
Permettez-moi un souvenir à ce sujet. J’ai été ordonné voici quarante ans, dans une période où aux États-Unis on ne préparait plus les enfants à leur première confession en vue de leur première communion. Comme professeur de religion, j’ai ainsi constaté que des jeunes de 17-18 ans découvraient la confession et s’en émerveillaient tout en ayant vécu plusieurs années dans une absence totale du sens du péché. Je me souviens notamment d’une fois dans une école secondaire où nous avions organisé la préparation à la confession individuelle en guidant l’examen de conscience pour tous les enfants réunis. À la fin de la cérémonie, plusieurs étaient venus me voir en me demandant où j’avais trouvé « cette idée » ! Ils n’avaient jamais entendu parler d’examen de conscience ni de confession.
Justement, Éminence, nous sommes face aujourd’hui à l’effondrement de la foi, à une baisse des vocations et de la pratique, à un niveau de la catéchèse parfois assez dramatique dans certains pays. Le moment ne serait-il pas venu de retrouver l’enthousiasme de la prédication évangélique ?
Je suis effectivement convaincu de la nécessité d’une réforme en profondeur de l’Église.
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Son éminence ouvre une porte déjà ouverte. Depuis le 01 octobre 2012, Dieu a déjà décrété la réforme de la mère Eglise qui est à la fois la réforme des sacrements et celle du Chrétien Catholique. C’est,en effet,Dieu qui peut réformer ce qu’il a créé.
Un pays qui n’est pas le Vatican sera chargé de la mise en oeuvre de cette Réforme avec la clef des perspectives eschatologiques certaines.
Le monde catholique a des raisons de se réjouir de cette très bonne nouvelle.
Au cœur du débat se trouve le manque de témoignage et d’exemplarité de vie de la part des prêtres et des évêques. La catéchèse n’a rien à voir ni la foi et ni la vocation. Le peuple de Dieu est déçu par l’immoralité ambiante au sein du clergé: les prêtres et évêques défendent leur pouvoir, honneur, gloire, au détriment de la foi des faibles; ils se comportent comme si, pour eux, il n’y a rien après la mort; bref, ils ne croient pas au mystère de la foi qu’ils célèbrent! Nous avons trop de prêches, la prédication évangélique ne manque pas, nous avons de bons prédicateurs mais l’Eglise manque de bons témoins convaincus et convaincants.
j’ai lu l’article et c’est bien vrai en plus il est génial.