C’est l’histoire d’une petite friction comme les journalistes aiment en faire… Au début, il s’agissait de propos à bâtons rompus tenus par François à une délégation française composée de personnalités de gauche. L’entretien est d’abord annoncé. Puis, amplement diffusé grâce à Internet, il suscite différents commentaires, notamment dans les grands médias. L’expression “invasion arabe” tourne même en boucle. Le pape fait encore parler de lui. Mais voilà: on s’aperçoit que certains regrettent ce “coup”, grillant d’autres membres de la délégation qui auraient aimé, eux aussi, faire état de propos du pape et qui s’étonnent que, pour un moment, La Vie ait rendu gratuit l’accès à son article… Les médias se sont basés sur cet article, devenu ultérieurement payant, mais dont nous avions fait état.
Nous préférons rire de ces rancoeurs entre journalistes: elles ne nous étonnent pas. Et surtout: dans un “coup” comme cela, c’est le premier qui balance l’information qui est repris et cité. Tant pis pour ceux qui suivent…
Voici un extrait des observations de François Verceletto, journaliste qui suit les questions religieuses à Ouest France. Le ton reste assez mesuré et serein. L’auteur souligne le danger que représente pour la presse l’accès non-payant à des articles. Mais cela reste, à notre avis, une manière courtoise de faire preuve d’une certaine exaspération, car, dans le fond, Jean-Pierre Denis a bien créé du buzz. Et il semble bien qu’il savait ce qu’il allait faire… La tentation était trop forte. Y compris quand on est chrétien de gauche. Le journaliste est un homme avant tout…
Je n’ai aucunement la prétention de donner des leçons à quiconque. Mais, beaucoup plus modestement, d’expliquer comment nous avons traité, à Ouest-France, cet événement.
L’entretien avec le pape François s’est terminé le 1er mars à 18 heures. Nous avons préféré prendre un peu plus de temps pour en publier une synthèse dans notre édition du 3 mars plutôt que dès le 2 mars.
Prendre son temps, à l’heure où, parait-il, ce qui fait la valeur de l’info, c’est l’immédiateté. Quelle folie, quelle naïveté !
Je précise que j’avais achevé les lignes qui précèdent vers 1 heure du matin, dans la nuit du 1er au 2, et qu’il nous était possible de les mettre en ligne sur notre site Internet le 2 au matin.
Ce qui aurait alors privilégié les internautes qui consultent gratuitement notre site Internet au détriment de nos fidèles lecteurs qui payent, eux, un journal papier.
Nous avons préféré, au contraire, donner la priorité à ces derniers. Incroyable, non ?
Tant pis pour le “buzz médiatique”. Nous n’y participerions pas.
Et pour “aggraver mon cas”, j’ai refusé de reprendre des propos du pape susceptibles de susciter des polémiques. Pourquoi ? Pour éviter, notamment, de sortir le propos de son contexte. Et aussi, parce que je n’étais pas en capacité, dans le cadre qui était le mien (le papier a une place limitée), de développer le sujet comme il le méritait, au risque de trahir la pensée du pape.
Un choix assumé.
Je salue cependant la performance remarquable de mon confrère Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire La Vie.
Il a mis en ligne, dès le mercredi 2 mars, un article extrêmement complet. Je l’avoue, sans fausse modestie, je n’aurais pas été capable de faire aussi bien.
Cet article a été largement repris, utilisé par d’autres médias (avec plus ou moins de rigueur) et a créé “l’évènement” sur la toile.
Je serais tenté de dire bravo… avec un bémol toutefois : la question économique que cette mise en ligne soulève.
Qu’un travail de cette qualité-là puisse être offert gratuitement – même provisoirement, puisque la lecture de cet article en intégralité est aujourd’hui payante, mais ce n’était pas le cas mercredi 2 mars -, ne manque pas de m’inquiéter sur l’avenir de la presse. Il s’agit, certes, d’une autre question, mais elle est vitale.
Résultat ? Ouest-France s’est retrouvé, effectivement, mercredi, en dehors de ce “buzz” qui fait les délices de la place parisienne.
Jeudi matin, quelques radios nationales, et non des moindres comme France Inter, nous ont cependant fait l’amitié de nous citer, lors de leur revues de presse… papier.
D’autres “grands médias” parisiens préfèrent nous ignorer, en revanche, superbement et cultivent avec délectation, semble-t-il, l’entre-soi, à l’intérieur du périphérique.
Mais dans le fond, après avoir vécu une rencontre aussi intense, tout cela me semble tellement dérisoire.
Après tout, notre diffusion – 744 785 exemplaires ont été tirés de notre édition du 3 mars – me dit que notre approche n’est, peut-être, pas si mauvaise que cela.
Et j’avoue que je suis à la fois fier et heureux de travailler à Ouest-France. A fortiori dans de telles occasions.
J’en terminerai par l’essentiel.
La chance d’avoir vécu et partagé un grand moment avec un homme d’exception nommé François, fier de son “sang piémontais”. Mes proches comprendront pourquoi je suis sensible à cette origine.
François incarne à la fois la joie, l’humilité et la bienveillance. Autant de qualités qui reflètent le message évangélique. Celui auquel je crois profondément.
J’ai senti dans ma chair que tout notre groupe avait été saisi par une même émotion au terme de cette heure et demie passée avec le pape François.
Le chrétien, pas toujours très catholique, que j’essaye d’être pourrait appeler cela une “grâce”.
Qu’il me soit permis de remercier du fond du cœur ceux qui ont permis cette rencontre et, tout particulièrement, Philippe de Roux, fondateur des Poissons roses.
Nous précisons, pour notre part, que les propos de François Vercelletto que nous citons sont tirés de son blog. Et nous faisons une promesse à nos lecteurs: lorsque nous serons reçus par le pape (ou par son successeur), nous éviterons de leur infliger ce spectacle. Promis, juré !
Quand on “est” ou “qu’on se dit” chrétien de gauche ? … Qu’y a-t-il, dans certains agissement et/ou renoncements (devant les viols en ‘bandes’ organisées notamment ?), de chrétien à admettre l’inadmissible …?
Bon mais alliés qu’a vraiment dit le Saint Père ?