Il y avait du monde à la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 29 janvier 2016, pour la 8ème édition de la Nuit des Témoins, veillée de prière organisée par L’Aide à l’Église en détresse. Accueillis par Mgr Patrick Jacquin, recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, et par Mgr Patrick Chauvet, doyen du chapitre, les veilleurs ont écouté les différents témoignages introduits par Marc Fromager, directeur national de l’AED France. Plusieurs milliers de personnes se sont ainsi retrouvées sous les voûtes de la cathédrale parisienne. L’affluence était telle que la procession, à l’issue de laquelle chaque participant a déposé une veilleuse au pied de l’autel, a duré au moins vingt minutes. Incontestablement, l’édition parisienne 2016 a eu un grand succès. La veillée de l’AED est devenu un événement qui rassemble de nombreux catholiques parisiens.
Ponctués par des chants et le rappel de ces prêtres, religieux et religieuses tués l’année dernière, quatre témoignages ont été présentés. Les participants ont pu ainsi entendre Mgr Joseph Coutts, archevêque de Karachi et Président de la Conférence des évêques du Pakistan, Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque melkite d’Alep, dont nous avions parlé hier, Soeur Lika Marooki, religieuse dominicaine, et le père Antonio Aurélio Fernandez, religieux trinitaire.
Mgr Joseph Coutts a donné le premier témoignage. Il a d’abord rappelé qu’au Pakistan 95 % de la population était musulmane et 2 % chrétienne. Les groupes islamiques mettent constamment le gouvernement pakistanais sous pression, comme le prouve l’adoption de la loi anti-blasphème. C’est au nom de cette loi qu’Asia Bibi est toujours en prison. N’importe quelle question religieuse devient passionnelle pour les musulmans. Depuis deux décennies, les nouvelles formes d’islamisme (L’État islamique, les talibans et même Boko haram) ont toutes eu un impact au Pakistan. En 2014 et en 2015, des églises ont fait l’objet d’attentats-suicides. Pourtant, les chrétiens refusent de baisser les bras. Ainsi, ils ont même refusé, à Noël, l’annulation d’une messe de minuit. Le gouvernement pakistanais assurerait un peu plus la protection des chrétiens qu’avant. L’archevêque a rappelé que les écoles et les hôpitaux chrétiens étaient ouverts à tous, y compris aux musulmans. “Priez pour que notre foi reste forte”, s’est notamment exprimé l’archevêque, à la fin de son intervention.
La Syrie était évidemment au devant de la scène. Il est inutile de revenir sur ce qui se passe depuis 5 ans. Mgr Jeanbart a rappelé que si les chrétiens représentaient environ 8% de chrétiens de la société syrienne, ils ne seraient actuellement plus que la moitié (d’après certaines estimations, encore plus pessimistes, ils ne seraient plus que 1% de la population syrienne). Il a rappelé les chrétiens persécutés, qu’ils soient tués ou enlevés, mais aussi les lieux de culte dévastés. Il a dénoncé l’éradication de toute une civilisation “qui allait au delà des particularismes mesquins”. Il a insisté sur l’exode qui est en train d’engloutir les fidèles “dans un Occident insouciant”. L’archevêque a aussi replacé les persécutions dans une continuité historique: la Syrie est une terre de martyrs. Il y aurait eu 20 millions de martyrs en Syrie en 2000 ans. L’archevêque melkite a conclu son intervention par un appel très poignant: “Aidez nous, aidez notre Église de Syrie à survivre ! Aidez -nous à rester chez nous en Syrie, terre des premiers chrétiens !” L’archevêque a été très longuement applaudi par l’assistance, preuve qu’un témoignage franc et libre est écouté.
Soeur Lika Marooki a vécu a 20 km de Mossoul. Elle a rappelé le départ des religieuses lorsque les troupes de l’État islamique sont arrivées, en 2014. A contrecoeur, les chrétiens ont dû quitter leurs terres ancestrales. Elle a témoigné des conditions éprouvantes de vie des réfugiés chrétiens à Erbil. Le spectacle est terrible. Les réfugiés sont à l’étroit dans les installations provisoires. Les cours pour les enfants sont limités à 2 heures par jour. “Cette génération ne sera pas instruite pour affronter l’avenir”. Soeur Lika a clairement évoqué le risque d’une génération sacrifiée. Les chrétiens ont même perdu confiance en leurs voisins musulmans. Il faut cependant aider les familles à rester malgré les circonstances difficiles. Elle a rappelé les exemples de ces humbles chrétiens pour qui l’amour est plus fort que la mort. Ce témoignage a également été applaudi.
Le prêtre trinitaire a, lui, rappelé les circonstances des affrontements au Soudan entre le Nord, musulman, et le Sud, animiste et chrétien. Mais le Père Antonio Aurelio Fernandez est confiant pour l’avenir des chrétiens malgré les difficultés actuelles. “Nous sommes au Soudan avec le désir de semer l’avenir. Le christianisme est l’avenir.” Il a raconté ses démarches pour racheter ces enfants que les mercenaires achètent au gouvernement soudanais. Ces enfants ont été séparés et arrachés à leur famille. C’est tout un travail de négociation qui doit être mené: il faut ainsi faire baisser le prix d’achat. Il a rappelé ce silence émouvant des enfants qu’il a demandé de porter dans les prières.
Nous souhaitons le même succès aux prochaines veillées qui auront lieu à Nancy, à Orléans, à Rennes et à Toulon !
Le sort des enfants d’Irak et du Soudan est très préoccupant, il conditionne l’avenir des chrétiens au Moyen-Orient, les témoins ont su nous émouvoir, (sur KTO°
Belle initiative, à cultiver pour soutenir les chrétiens d’Orient !