Voeux de Mgr Grallet, archevêque de Strasbourg, qui annonce ses 75 ans en 2016 et sa future démission :
Chers Amis,
Je vous remercie très cordialement pour votre présence à cette rencontre et pour les vœux que vous venez d’exprimer. À mon tour, je vous présente, bien volontiers, mes vœux pour une année de grâces et de bienfaits de la part du Seigneur.
Lorsqu’en janvier nous partageons nos vœux, nous sommes presque parvenus au milieu d’une année pastorale, et nous ne pouvons dissocier les événements de l’année passée et ceux de l’année à venir. C’est donc en mêlant événements de 2015 et perspectives de 2016 que je souhaite m’adresser à vous, autour de quatre grands thèmes : les drames du monde, la grâce du Millénaire, l’avenir du ministère curial, l’entrée en miséricorde – 4 thèmes et, en conclusion, un cinquième.
Les drames du monde
Ceux-ci nous ont secoués tout au long de l’année : attentats de janvier à Paris, suivis de la mobilisation républicaine ; peu après, profanation, en Alsace, du cimetière juif de Sarre Union ; nouvelle vague d’attentats en novembre à Paris, état d’urgence, mesures contraignantes de sécurité et inquiétude de tous…
Cela nous rappelle que la guerre est aux portes de l’Europe et affecte gravement plusieurs pays du Proche Orient, jusqu’en Afrique, de la Libye, au Mali et à la Centre Afrique… Comment ne pas saluer le témoignage de courage et de foi de nos frères et sœurs chrétiens d’Orient ? Comment ne pas remercier le Pape François pour sa visite en Centre Afrique et son encouragement fort à faire cesser la violence et à promouvoir le dialogue interreligieux et interethnique, et le pardon ? Quelle miséricorde en actes !
De ces pays déstabilisés par les guerres, les pauvretés et les injustices, affluent des foules de migrants vers l’Europe. Au cœur de l’été 2015, nous avons relayé l’appel du pape François, en lien effectif avec les partenaires publics et nos réseaux caritatifs, afin que cette vaste question soit prise en compte collectivement. La réponse aux situations d’urgence ne doit pas occulter la recherche de solutions globales traitant les causes de ces flux migratoires. Par son appel, le Pape François nous a invités à changer notre regard et notre discours sur les migrants, à dépasser nos peurs, et à les considérer comme des frères et des sœurs en humanité.
Drames du monde, peines dans notre famille diocésaine : plusieurs deuils nous ont affectés. Parmi eux, le départ brutal de Mgr Martin Bogner, à l’approche de la Pâque du Christ (le 26.03.2015), et celui, récent, du Père Gérard Lachivert, chef de notre service Pastorale Santé, décédé hier 6 janvier, dans la lumière de l’épiphanie.
La grâce du Millénaire
Quelle source de grâces, pour tous les chrétiens d’Alsace, que la célébration du Millénaire des fondations de notre cathédrale de Strasbourg ! De la fervente cérémonie d’ouverture, le 6 septembre 2014, à la non moins fervente cérémonie de clôture du 7 septembre 2015, en passant par les pèlerinages très suivis, des zones pastorales, par ceux des mouvements, des acteurs liturgiques, des jeunes, des familles, sans oublier la grande veillée œcuménique, les festivités du 15 août avec le Cardinal Poupard, envoyé spécial du Saint Père… sans compter les contributions artistiques, musicales, chorales, picturales et les très nombreux événements promus par la Ville de Strasbourg et par la DRAC…
La cathédrale, au cœur de la ville, fut manifestement, au cœur de l’Alsace, signe éloquent de la foi, de la culture et du talent des hommes d’hier et de ceux d’aujourd’hui, appel à l’élévation et à la prière, tout autant qu’appel au rassemblement et à la fraternité.
Puisse la célébration du Millénaire des fondations de notre cathédrale, nous garder unis et nous ramener aux racines de notre foi, à l’essentiel de notre existence chrétienne qui est toujours expérience de l’Esprit du Seigneur. Me revient la belle métaphore d’un sage confrère : “L’Église est un grand arbre, à la longue histoire, avec une écorce épaisse, avec peut-être des branches mortes… Mais, nous faisons confiance à la sève, qui est l’Esprit du Seigneur !” Puisse cet Esprit produire en nous des fruits d’amour, de joie et de paix, de patience et de bonté, de bienveillance et de foi… Chers Amis, prêtres, diacres, laïcs, religieux, soyons des spirituels, marchons sous la conduite de l’Esprit ! (cf Gal. 5,22).
L’avenir du ministère curial
Nous l’avons abordé, évêques et prêtres en charge curiale en Alsace, au cours de deux journées d’une grande fécondité, en avril puis en octobre 2015. Plus qu’un souci d’organisation pratique, ce fut d’abord un souci de fidélité au Christ, nous envoyant en mission et nous demandant de veiller au bien de ceux qui nous sont confiés.
La première rencontre était d’écoute et d’échange mutuels. Nous nous sommes bien écoutés et bien respectés. Dans la prière nous avons veillé à être à l’écoute de l’Esprit du Seigneur : à quelle fidélité, à quelle charité et à quels choix pastoraux sommes-nous appelés ?
La deuxième rencontre, dans le même climat de foi et d’écoute fraternelle, préparait les orientations et les décisions que j’ai été amené à prendre et à présenter dans la lettre – mandement, communiquée dans toutes nos communautés chrétiennes, avec quatre enjeux principaux : la célébration des eucharisties et des assemblées de la Parole, la célébration des funérailles, le soutien au ministère des prêtres, enfin, la simplification de nos structures…
Tout n’a pas été traité lors de ces rencontres. Il reste encore beaucoup de questions pastorales à discerner, et de décisions à prendre à l’avenir. Le paysage religieux change rapidement, tant dans l’attente des fidèles que dans notre aptitude à répondre aux besoins pastoraux. Cependant, je tiens à saluer la qualité de la démarche de concertation et de responsabilité vécue dans ces deux assemblées presbytérales de quelques 190 membres, suivies, à chaque fois, d’un conseil plus restreint du presbyterium.
Entrer en miséricorde
Entrer, c’est par ce verbe dynamique que je souhaite vous rappeler l’année de la miséricorde ouverte par le Pape François à Rome le 8 décembre dernier. À sa suite, le 13 décembre, j’ouvrais à la cathédrale de Strasbourg, une porte de la miséricorde. Il en fut de même, avec l’aide de mes confrères, à Marienthal, au Mont Sainte Odile, aux Trois Epis et à Thierenbach.
Je ne reprends pas les belles paroles du Pape François dans sa bulle d’indiction. Je les ai amplement citées dans ma lettre pastorale de rentrée. Je rappelle simplement l’oraison de l’ouverture de la porte : “Seigneur, tu as confié à des serviteurs pleins de faiblesse –ces serviteurs remplis de faiblesse, c’est nous, c’est vous et moi– tu leur as confié une vraie compassion envers tous : fais que quiconque vient à eux, se sente accueilli, aimé et pardonné par Dieu”.
Renouvelons donc notre capacité à aimer et à compatir, à être accueillants à l’égard de tous et à leur offrir, malgré notre indignité, de se réconcilier avec Dieu.
Offrons aux chrétiens de se mettre en route, de faire un pas et encore un autre, et de franchir la porte ouverte de la miséricorde : c’est là que Dieu notre Père nous attend, pour nous embrasser et nous serrer sur son cœur.
Miséricorde pour ceux qui se sentent pauvres, emprisonnés et aveuglés… miséricorde pour les familles et les couples, si souvent blessés, et pour les enfants abandonnés. Miséricorde pour les fidèles désorientés, miséricorde pour les prêtres fatigués, miséricorde pour notre humanité en conflit, miséricorde pour notre terre épuisée et qui attend de nous un sursaut responsable… Qu’il est vaste, le champ de notre ministère, il l’est à la mesure du cœur de Dieu et, je l’espère, de notre propre cœur !
“Et maintenant, que vais-je faire ?”
Après avoir parlé de drames et de joies, de ministère et de miséricorde, il me faut conclure en accueillant votre question : “Dans quelques mois, que deviendrez-vous ?”. Ce sera mon cinquième et dernier thème.
En mai 2016, j’aurai 75 ans et j’aurai remis ma charge au Pape. Il confiera à un autre le soin de servir l’Église qui est en Alsace ; Ce sont des moments importants, qu’on ne peut vivre qu’avec foi. Pour émouvants qu’ils soient, je me prépare à les vivre avec sérénité et recueillement. J’ai été heureux de vous servir. J’ai épousé votre cause et j’ai apprécié votre accueil et votre confiance. Je vous en remercie profondément. Le moment venu, je continuerai de me soucier de vous et de vous servir encore, par ma fidèle prière. Les liens de la foi et de la charité, lorsqu’ils sont fondés en Dieu, se jouent de la distance et du temps. L’Église n’est-elle pas corps mystique du Christ ?
Aujourd’hui, j’ai à commencer pleinement 2016 avec vous. C’est donc mon devoir d’état d’aujourd’hui. C’est notre commune mission, aujourd’hui. Alors avançons avec confiance. Accomplissons notre tâche avec sa part de relecture du passé, de prévision de l’avenir et d’accueil de la providence de Dieu. De rendez-vous et de tâches pour 2016, nos agendas sont déjà remplis : évangélisation et miséricorde, solidarité et journées de l’espérance, dialogues, vocations, formations… Assumons donc l’aujourd’hui de notre ministère et souhaitons-nous mutuellement la disponibilité à cette grâce que Dieu, quotidiennement, nous accorde.
Enfin, permettez-moi, chers amis, de vous redire la gratitude que je vous exprimais à la fin de mon mandement :
“Merci à vous, chers confrères prêtres, qui avez accepté de suivre le Christ et de donner votre vie, comme lui, en servant notre Église. L’évangélisation est une grande et belle tâche, toujours nouvelle. Elle n’évite ni la peine ni la fatigue, mais elle donne sens à nos vies et nous procure la joie. À nouveau, je prie Dieu de nous garder dans cette joie, signe de sa présence en nous. Par votre généreux témoignage, Dieu, toujours, appelle !
Merci aussi à vous, chers frères et sœurs baptisés, diacres, religieux(ses), laïcs, qui goûtez également au bonheur de rencontrer le Christ et de le suivre, dans les situations si variées de vos existences. Merci pour votre foi, pour votre engagement chrétien, pour votre aide à la mission évangélisatrice. Puissiez-vous dire vous aussi, avec le Pape François : ” Avec le Christ, la vie renaît, l’espérance revient, la joie fleurit !”
Bonne année de la miséricorde !
Le blablabla sempiternel.
Qu’il est dur de “suivre le christ” avec vous Monseigneur !
… La réponse aux situations d’urgence ne doit pas occulter la recherche de solutions globales traitant les causes de ces flux migratoires. Par son appel, le Pape François nous a invités à changer notre regard et notre discours sur les migrants, à dépasser nos peurs, et à les considérer comme des frères et des sœurs en humanité…
C’était trés bon les recevoir chez nous comme des nos frères, mais le probème c’est qu’ils nous haïssent et notre religion; les recevor, n’est-il pas créer des serpents chez nous pour l’avenir?
Les nations les plus grandes devraient les aider dans leurs pays ou les porter à des lieus sûres, mais non les accomoder dans nos nations!
Pourquoi les pays du Golfe que sont bien plus proches de la Syrie que ne l’est l’Europe, des milliers de Syriens font le choix de l’UE. Face à l’Eldorado européen accueillant, l’Arabie saoudite et ses voisins présentent un visage violent et hostile à tout migrant, susceptible d’introduire avec lui des idées subversives et indésirables pour la stabilité de ces régimes!
Ne pourrait-il être un chãtiment destiné aux européens de l’apostasie à l’Église Catholique?