La nomination de Josef De Kesel comme archevêque de Malines-Bruxelles est une grande victoire pour le cardinal Godfreed Danneels. Il peut désormais chanter son Nunc dimitis.
Josef De Kesel, homme intelligent, aux nerfs parfois fragiles, est né à Gand en 1947. Il est donc néerlandophone d’origine, pur produit de l’Université de Louvain, vicaire épiscopal en 1992, responsable de la formation théologique et pastorale des séminaristes, prêtres, diacres, religieux, laïcs, dans le diocèse de Gand. De 2002 à 2010, il fut évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, collaborateur préféré du cardinal Danneels, qui n’a jamais caché qu’il le voulait pour successeur.
Quelle était la “sensibilité” de l’auxiliaire selon le cœur du cardinal ? Le 17 mars 2007, dans la cathédrale de Bruxelles, il avait rendu hommage, lors de ses funérailles, au sulfureux chanoine Pierre de Locht, défenseur du planning familial, justifiant le recours à l’avortement dans certains cas, membre de l’Association pour le Droit de mourir dans la dignité, grand soutien de la théologie de la libération la plus active, avec le fameux chanoine François Houtart de Louvain : « Je sais que l’Église l’a fait souffrir. Il est resté fidèle. Fidèle à lui-même, libre et ouvert aux questionnements de l’homme d’aujourd’hui. Fidèle à l’Évangile et, je peux le dire et je pense que je dois le dire, fidèle à cette même Église, peuple de Dieu ».
Les positions de Mgr De Kesel dans le vieux débat sur les divorcés remariés étaient celles de son homme de de confiance, le P. Herman Cosijns, devenu depuis secrétaire de la Conférence des évêques, espèce de quintessence du progressisme belge, qui estimait que « pour un chrétien, un second mariage devrait être envisagé comme une occasion de grandir dans l’amour de Dieu. […] Le second mariage acquiert alors une dimension religieuse et peut être vécu comme un chemin de sanctification, une route proposée par Dieu ». Le même Cosijns (qui bricolait, lorsqu’il était recteur de la basilique du Sacré-Cœur de Koekelberg et de Notre-Dame de Laeken, des prières eucharistiques sans mention du Pape, de la Vierge Marie, etc.) pensait de longue date que les personnes homosexuelles peuvent trouver le chemin de Dieu en vivant leur relation (Pastoralia, revue officielle de l’Archevêché de Malines-Bruxelles, mai 1996).
Las, en 2010, ce n’est pas Mgr De Kesel, mais Mgr Léonard, évêque de Namur, que nomma Benoît XVI comme archevêque de Malines-Bruxelles. Il s’agissait de respecter le principe informel – pas absolu – de l’alternance linguistique (à un archevêque néerlandophone succède un francophone). Et surtout, le cardinal Danneels, qui se manifestait comme une des têtes de l’opposition aux ratzinguériens, n’avait alors plus droit au chapitre.
Ce qui n’empêcha pas Mgr De Kesel d’être tout de même nommé évêque de Bruges, par Benoît XVI, le 25 juin 2010. Trois mois après, en septembre 2010, il soulevait la sempiternelle question de l’ordination d’hommes mariés : les « personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtres ». Quant à l’ordination des femmes, elle pouvait, selon lui, se discuter. Il était immédiatement appuyé par l’évêque d’Anvers, Johan Bonny (lequel allait faire scandale en déclarant : « Nous devons chercher au sein de l’Église une reconnaissance formelle de la relationnalité qui est également présente chez de nombreux couples bi- et homosexuels. Tout comme il existe dans la société une diversité de cadres juridiques pour les partenariats, il devrait également y avoir une diversité de formes de reconnaissance au sein de l’Église » (DeMorgen, 27 décembre 2014).
Dans un pays miné par la modernité la plus militante (la Belgique, qui a été le 2ème pays européen à avoir légalisé l’euthanasie en 2002, est en pointe pour les mariages homosexuels et l’adoption dans ce cadre*, a le taux de divorces le plus élevé de tous les États de l’Union Européenne, est au second rang pour les avortements, etc.), l’Église catholique est en voie de disparition. L’affaissement du nombre des prêtres est pire qu’en France. Les églises sont au trois quarts vides. Le catéchisme, ce qu’on imagine. Le nombre des séminaristes est au plus bas (une centaine, avec 80 % de francophones), sans avoir, comme la France, une réserve de séminaristes de rite traditionnel. Le cardinal Godfried Danneels, qui a présidé à cette déconfiture, estimait cependant que « ce que l’Église a perdu en quantité, elle l’a gagné en qualité »…
Passé l’intermède ratzinguérien – en soi, hélas, très décevant – de Mgr Léonard, le cardinal Danneels connaît aujourd’hui le bonheur de tourner la page. Qu’importe si le nouveau primat des Belges a toutes les apparences d’un syndic de faillite.
* Le 11 mars 2006, à l’Interdiocesaan Pastoraal Beraad, l’abbé Eric de Beukelaer, porte-parole des évêques de Belgique et recteur du séminaire de Louvain-la-Neuve déclarait : « Selon moi toute forme de célébration d’église d’une relation homosexuelle (avec bénédiction, etc.) doit être évitée, car elle est source de confusion… Ce qui est possible, c’est que le ministre liturgique aille prier avec ces personnes et leurs proches (chez eux, à la maison, dans une chapelle) ».
Vous “oubliez” de dire qu’à peine arrivé à Bruxelles, Mgr Léonard a “expédié” celui qui était alors l’évêque auxiliaire de Bruxelles (où il était apprécié) comme évêque auxiliaire du Brabant Flamand… C’était une habitude chez lui, comme il l’a fait à Namur, mais à l’époque il se savait soutenu.
Pourriez-vous, s’il vous plaît, citer les sources des affirmations contenues dans cet article ?
(merci de supprimer le message précédent qui était inachevé)
“Expédier” l’évêque auxiliaire de Bruxelles comme évêque auxiliaire du Brabant Flamand, est-ce donc un crime ? On ne l’a pas envoyé à Tombouctou que je sache… juste à quelques kilomètres ! A voir ce genre de commentaire, on se demande vraiment où est le progressisme et où est le conservatisme étriqué…
la marche arrière est enclenchée…
d’abord à Rome qui donne le ton aujourd’hui dans la personne du Pape qui affirme “urbi et orbi” des distinctions entre les cardinaux en comparant certains à des “pharaons” (…)
La faillite est au bout du chemin. Tant pis,tant mieux ! mais c’est triste que la tête de l’Eglise soit si malade.
Pour ma part, à la base de la pyramide de l’Eglise, je ne lâcherai rien… à commencer pas un “kopek” pour leur machinerie administrative “moderno-progressiste” lorsqu’ils quêtent pour le “denier du soutien de leur ruine de l’Eglise”.
allegrovivace
@Allegrovivace
Oui, gardons notre argent pour soutenir de vrais séminaires qui forment des prêtres catholiques, des vrais et pas ces guignols néo-protestants. S’ils ont besoin de sous qu’ils en demandent aux évêques allemands qui roulent sur l’or et qui se permettent d’investir dans des maisons d’édition qui diffusent des ouvrages pornographiques. L’argent n’a pas d’odeur, même pour Marx, Kasper et Cie.
“Dans un pays (la Belgique) miné par la modernité la plus militante,…l’Église catholique est en voie de disparition.”
“Le cardinal Godfried Danneels, qui a présidé à cette déconfiture, estimait cependant que « ce que l’Église a perdu en quantité, elle l’a gagné en qualité »…”
Mais allons donc!
Le diable, encore une fois, a triomphé.
Merci à François ainsi qu’à ceux qui l’ont élu!
Après ce pontificat calamiteux les cardinaux prendront-ils conscience que l’Eglise et le monde ont besoin d’un Souverain Pontife digne de ce nom,un successeur de Saint-Pierre soucieux de la transmission de la véritable foi catholique,de donner à l’Eglise du Christ- Seigneur de bons pasteurs et d’en finir avec ce genre de nominations par piston.
Lorsqu’il parle du pape Montini François emploie le terme de “grand pape”,nous savons ce que nous devons à Paul VI continuateur du concile noyauté par une centaine d’évêques modernistes allemands,hollandais,suisses et français.
A la mort de Jean XXIII il n’aurait en aucun cas fallu poursuivre ce concile inutile et destructeur ,mais celui qui avait trahit le Grand Pie XII n’avait pas été élu pour rien!
Relire:Le Rhin se jette dans le Tibre.
“Passé l’intermède ratzinguérien – en soi, hélas, très décevant – de Mgr Léonard” : je veux bien admettre que cet intermède ait été décevant, les quelques fidèles restant “catholiques” attendaient tellement de ce changement, mais la tâche de Msg Léonard était tellement impossible à l’échelle humaine. L’on ne reconstruit pas une église en quelques mois, et par ailleurs Msg Léonard lui au moins a montré qu’être catholique c’était être en but avec le pire du monde (cf les attaques des fémens, les entartrages, etc.) et il a montré qu’être un prélat catholique belge ce n’était pas qu’être Daneels et les “clones” de Daneels…
En février, François a créé cardinal Mgr Karl Rauber, ancien nonce apostolique à Bruxelles. C’est lui qui avait proposé une “terna” qui ne comportait pas le nom de Léonard. Non seulement il dut refaire une nouvelle “terna” avec le nom Léonard, mais en plus, il fut d’office mis à la retraite. Je n’invente rien, c’est lui qui l’a dit. Quand j’ai appris qu’il était fait cardinal, j’ai su alors qu’on irait dans un autre sens.
Rectificatif : Mgr Rauber dut faire une seconde fois une “terna” qui fut encore refusée.
Je me pose une question toute simple : pourquoi demander la consultation des évêques, si c’est pour ne pas en tenir compte? N’eût-il pas mieux valu nommer directement Mgr Léonard.
Et je pense que le Pape a voulu rendre hommage à ce serviteur de l’Église bien injustement traité._
Des évêques avec de la qualité du successeur de D Daniels, je comparerait à être dans la jungle sans un chien, prises directement à Sodome et Gomorrhe, et ils nous disant toujours que nous sommes conduits au Ciel!
Savez-vous de qui vous parlez : “D. Daniels”, alors qu’il s’agit de G. Daneels…