Lettre de Mgr de Kérimel, évêque de Grenoble, aux « agents pastoraux » du diocèse, prêtres, diacres, consacrés, laïcs en mission ecclésiale, à toute personne engagée au service de l’Église, à tous les fidèles du Christ :
“Depuis Pentecôte 2013, la lettre pastorale « Communion et mission, un défi pour notre diocèse » commence à être mise en œuvre; il me semble bon de faire un point d’étape et rappeler les perspectives. Plus le temps passe et plus je perçois le bien-fondé de la direction qu’a prise notre diocèse, après tout un temps de réflexion et de maturation communes. L’exhortation apostolique du pape François a été pour moi et pour un certain nombre d’entre nous une confirmation du chemin que nous avons entrepris. Nous avons à vivre une transformation missionnaire de notre Église diocésaine comme y invite le pape François1, et cela passe avant tout par une conversion jamais achevée à Jésus-Christ, et par une vie sous la conduite de l’Esprit saint.
Le chrétien est un « disciple missionnaire », nous dit le pape2; vous m’avez peut-être entendu dire que je cherchais des « apôtres », prêtres, diacres, consacrés, laïcs : c’est la même chose. Le chrétien est une personne qui s’est laissée rencontrer par le Christ en Église, qui a fait l’expérience de la trans- formation libératrice qu’Il opère en ceux qui croient en Lui, et qui voit grandir en elle l’amour de Dieu et l’amour des autres. Vivant une communion réelle et profonde avec le Christ et avec ses frères et sœurs chrétiens, par la prière, les sacrements, l’écoute et le partage de la Parole, le disciple missionnaire se sent poussé à témoigner de Jésus par toute sa vie. Il faut avoir cela bien en tête pour savoir ce que nous avons à vivre, ainsi que la manière d’organiser notre vie en Église et la mission qui nous est confiée.
L’essentiel de la vie chrétienne est, je le redis, la relation au Christ, la communion fraternelle et la mission (dans le couple, la famille, la vie profes- sionnelle, les loisirs, les engagements ecclésiaux…).
La mise en place des fraternités locales autour de la Parole de Dieu montre des commencements prometteurs réjouissants. Je remercie vivement les équipes paroissiales et leurs curés qui s’inves- tissent pour la mise en place de cette orientation. Le constat est là : beaucoup de ceux qui en ont fait l’expérience ont pris goût à ces rencontres, et cer- taines fraternités ont même décidé de se voir plus fréquemment. Des non pratiquants y viennent vo- lontiers, et je m’en réjouis. Le lien entre les fraterni- tés et l’évangélisation apparaît tout de suite, de ma- nière quasi naturelle. Je vous encourage à continuer la mise en œuvre des fraternités pour vous nourrir à l’école du Christ et dans le partage fraternel de la Parole de Dieu.
Les repas avec (et non pas « pour ») les personnes démunies et marginalisées sont aussi des occasions de vivre la fraternité et sont source de joie, là où ils ont été initiés. Des liens se tissent; un esprit de fa- mille grandit pour le bien de tous. Si les plus petits d’entre nous ont une place de choix dans nos communautés, notre Église est sur le bon chemin.
Les centres paroissiaux ont pour but de faciliter une certaine visibilité de la communauté chrétienne dans ce monde sécularisé, par un lieu d’accueil au service de toute la paroisse, les rencontres, la communion particulièrement dans des eucharis- ties dominicales joyeuses et festives, les formations, et autres services.
J’avais souhaité aussi que chaque paroisse mette en œuvre un projet paroissial d’évangélisation; il s’agit en fait du projet pastoral qui doit avoir une perspective clairement missionnaire. Se mettre en projet, c’est se mettre à l’école de l’Esprit saint qui nous déplace et nous évite l’immobilisme.
Un mot sur la basilique et l’espace diocésain du Sacré-Cœur à Grenoble : les travaux avancent et le projet s’affine. L’inauguration aura lieu pour la messe chrismale 2016, car il faut encore prévoir une année de travaux. J’envisage déjà de confier l’animation de ce pôle ecclésial à la communauté de l’Emmanuel, sous la responsabilité du père Patrick Gaso. Nous en reparlerons.
Dans la dynamique et la logique de la lettre pastorale, nous poursuivons notre réflexion dans divers domaines :
L’évangélisation du monde rural. Aujourd’hui tant sur le plan économique qu’humain et pastoral, le monde rural a besoin de trouver un nouveau souffle. Comment donner vitalité, visibilité, rayon- nement à nos communautés chrétiennes ? Comment peuvent-elles être plus attirantes?
La place et la mission des laïcs en mission ec- clésiale. Nous avons entamé, depuis le mois de mai, une réflexion qui, au stade où nous en sommes, nous fait envisager une présence plus forte sur le terrain, plus en lien avec les communautés parois- siales. Nous irions vers des laïcs en mission ec- clésiale moins spécialisés, plus polyvalents, pour répondre à la diversité des besoins locaux, en col- laboration étroite avec les prêtres et les diacres, et tous les laïcs engagés dans les paroisses.
La pastorale des adolescents. Il semble qu’il faille permettre plus de ponts entre les différentes réalités que sont les aumôneries de l’Enseignement public, l’Enseignement catholique, les groupes paroissiaux, les mouvements…
En fait, toutes nos structures sont à revoir à partir des temps nouveaux qui sont les nôtres. Nous devons éviter de maintenir des structures qui ont été utiles à une époque, mais qui deviennent inadaptées, et qui finissent par freiner la communion et la mission. Là encore, on trouve dans l’exhortation du pape François un encouragement à aller dans ce sens.
Frères et sœurs, notre Église vit, c’est pourquoi elle bouge, elle n’est pas figée sur une époque, elle ne se laisse pas endormir dans la routine, elle refuse de devenir stérile à cause de son inertie. C’est la grâce du Christ qui anime l’Église, c’est l’Esprit saint qui la conduit et la réveille, lui évitant de s’ins- taller dans un fonctionnement enfermant. Quand elle vit de la grâce du Christ et selon l’Esprit saint, l’Église attire. Or un des signes de sa vitalité, ce sont, entre autres, les catéchumènes chaque année plus nombreux. Ils nous appellent à bouger pour savoir les accueillir dans nos communautés; ils nous appellent à sortir pour aller à la rencontre de tous les autres qui cherchent Dieu.
Je veux redire avec force que le renouveau de notre Église diocésaine passe d’abord par notre conversion personnelle, avant l’adaptation de nos structures. Celle-ci ne produira aucun fruit sans la conversion de chacun, par une relation renouvelée au Christ, et une plus grande ouverture aux autres, en particulier ceux auxquels le Christ s’est identifié, les plus petits.
N’ayons pas peur. La violence présente dans notre monde et qui touche notre pays ne doit pas nous replier sur nous-mêmes, mais au contraire, elle est un appel à la mission au service de tout homme et de l’unité de tous. Avançons résolument dans la direction que nous indique l’Esprit saint à travers la lettre pastorale et l’exhortation apostolique du pape François, « la Joie de l’Évangile ».”
Voilà un exemple parfait de ce que doit être un évêque et même un saint évêque. Nous sommes heureux et remercions le Seigneur de nous avoir donné Monseigneur de KERIMEL comme guide et pasteur. C’est une vraie grâce, une vraie bénédiction ! Nous prions pour lui et que le Seigneur lui donne longue et belle vie.