Sur son Metablog, l’abbé Guillaume de Tanoüarn, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, réplique à la tribune de Mgr Claude Dagens publiée dans La Croix, que Riposte catholique a déjà évoquée ici. Voici :
“Je voudrais simplement citer la fin de l’article de Mgr Dagens dans La Croix du 8 juillet. Elle est extrêmement inquiétante dans sa perspective évangélisto-doloriste obligatoire. C’est pour le souligner que je me permets de le citer assez longuement : notre académicien explique qu’il est plus parfait pour un diocèse de ne pas avoir de séminaristes plutôt que d’en avoir.
Soyons plus clairs, au risque d’être quelque peu simplistes ! Il y a là deux conceptions de l’Église, et peut-être deux formes de représentation de Dieu. Ou bien l’Église est un système de pouvoirs dont il faut assurer l’efficacité, et l’on mettra l’Esprit Saint, sans le dire, au service de ces projets de rentabilité spirituelle et pastorale, en se satisfaisant des résultats obtenus et des chiffres encourageants, en comparant les riches et les pauvres, et alors malheur aux pauvres, aux diocèses sans séminaristes ! Et Dieu, dans cet ensemble très construit, devient un principe d’ordre supérieur, le promoteur suprême d’un système qui marche et qui s’impose par ses réussites visibles.
Je continue la citation avec la deuxième conception de l’Eglise, celle à laquelle manifestement se rattache Mgr Dagens :
Ou bien l’Église est le Corps du Christ, toujours blessé, mais vivant, et vivant de la charité du Christ qu’elle reçoit comme un don et qu’elle manifeste en paroles et en gestes ! Et, dans ce Corps du Christ, nous, les évêques, nous apprenons à être non pas des chefs triomphants, mais des veilleurs et aussi des lutteurs, oui, des lutteurs pour que rien n’empêche la charité du Christ d’être l’âme de l’Église, dans toutes ses activités et ses missions. Et le Dieu dont nous sommes les témoins désarmés et passionnés est Celui qui ne cesse pas de se donner et d’envoyer son Fils Jésus dans le monde « non pas pour le juger, mais pour le sauver » (Jean 3,16).
Voici enfin le Credo mystique de l’évêque sans séminariste et fier de l’être d’ailleurs, d’autant que – disons-le tout de même – il vient – divine surprise – de “rencontrer trois jeunes hommes” qui se posent la question de la vocation :
Au risque d’aggraver notre cas, faut-il redire alors que nous nous référons à Jésus Christ non pas comme à une valeur à défendre, comme on défend des produits financiers, mais comme à une personne que nous n’en finissons jamais de connaître et d’aimer ? Alors « la joie de l’Évangile » n’est pas un vain mot. C’est une belle expérience et je souhaite que des hommes qui veulent aujourd’hui suivre le Christ en fondant leur vie sur Lui connaissent dès maintenant cette joie, que personne ne peut nous enlever.
Mgr Dagens aggrave son cas ? Non pas en disant qu’il aime Jésus-Christ comme une personne. On serait forcément un peu étonné du contraire puisqu’il est évêque. Ce qui est inquiétant c’est la dialectique qu’il instaure entre… Lui, qui aime Jésus Christ comme une personne et ceux qui ne sont pas comme Lui, qui, eux, n’aggravent pas leur cas et qui, donc, si l’on suit le mouvement de la pensée épiscopale, n’aiment pas Jésus-Christ comme une personne. Qu’est-ce qui est vraiment grave ? Il appartient à l’évêque de désigner ces “autres”, il les désigne d’ailleurs dans son article de La Croix, comme ceux qui “obtiennent une rentabilité spirituelle et pastorale”, qui ont des séminaristes, alors que le diocèse d’Angoulême “n’en a pas depuis plusieurs années”. Mais “eux” en ont parce qu’ils cherchent la rentabilité. Lui n’en a pas parce qu’il est “un témoin passionné et désarmé”
Sur un mode mineur et même funèbre, le mode du syndic de faillite, cette rhétorique de l’exclusion rappelle les pires heures de la guerres civile entre catholiques qui a si péniblement marqué l’après concile. Apparemment Mgr Dagens n’est pas guéri d’avoir à désigner des adversaires, et à stigmatiser ses frères et ses fils, qui sont catholiques comme lui, mais juste un peu plus efficaces que lui pour leur… plus grand tort.
Quant à moi, j’en reste sur tout cela à la brutalité de l’Evangile : “C’est à leurs fruits que vous les connaîtrez”. Le discernement spirituel n’est pas toujours facile, mais malheur à ceux qui ne portent pas de fruits. Malheur à ceux qui se veulent stérile par perfectionnisme. Jésus maudit le figuier qui ne porte pas de fruits. Et pourtant note l’Evangéliste, “ce n’était pas la saison des figues”. Que veut dire Jésus à travers cette parabole ? Les figuiers, c’est nous, évêques ou sans grades, prêtres ou laïcs, qu’importe. Nous ne sommes pas des saisonniers de Dieu et c’est en toute saison, jusque dans l’obscurité de ce monde matérialisé qu’il nous faut non pas nous glorifier de notre stérilité mais prendre les moyens qui nous permettront, chacun à notre place, de porter notre fruit.”
En tout cas il a une belle cravate Mr Dagens… J’hésite entre “Cardin” et “Kaporal”…
“le Dieu dont nous sommes les témoins désarmés et passionnés est Celui qui ne cesse pas de se donner et d’envoyer son Fils Jésus dans le monde « non pas pour le juger, mais pour le sauver »
Alors, pour quoi faire cet éveque là??? Qu’il s’en aille, que Jesus nous suffit!
quel sinistre vieillard! quel épouvantable géronte Et toujours là à s’accrocher, méchant et caractériel, indécrottable boulet de son diocèse… Heureusement qu’il y a l’Académie française pour l’occuper ailleurs de temps à autre…
Cet évêque est affligeant, et hélas ! fait la une de bien des journaux dont la Croix bien sûr ! Pauvre Académie Française qui a élu cet homme d’église, mais peut-on encore parler “d’homme d’église” ? Je plains de tout coeur le futur successeur au diocèse d’Angoulême !
On a souvent l’impression que la “crise des vocations” (qui, curieusement, ne touche pas la vocation à l’épiscopat), pourrait bien n’être qu’un prétexte hypocrite pour expliquer une très prosaïque et banale politique de réduction de l’embauche. Si les mêmes services pastoraux peuvent être assurés par des laïques, pourquoi s’embarrasser de prêtres qu’il faut payer et qu’il est si difficile de faire partir quand ils font des problèmes ?
La volonté de “séculariser”, de gommer la différence entre le sacré et le profane, est, quoi qu’on dise, dans l’esprit général de la modernisation de l’Eglise voulue par Vatican II. L’idée même d’ouverture au monde contenait déjà implicitement l’intention de renverser la barrière entre la religion et l’impiété. Pour sauver l’Eglise, on voulait en quelque sorte la dissoudre dans le monde. Il est sûr qu’une fois mondanisée, elle n’aurait plus rien à craindre du monde ! Ce n’est pas un hasard si, dans le même mouvement d’enthousiasme réformateur, des théologiens ont douté de la divinité du Christ et même de l’existence de Dieu.
Ce qui surprend, ce qui me surprend moi, en tout cas, c’est que le peu d’estime pour la spécificité sacerdotale qui s’étale dans cette justification pseudo-mystique de l’extinction d’un clergé diocésain ne semble pas mettre en question la valeur de l’identité épiscopale… Si l’Eglise peut se passer de prêtres, pourquoi aurait-elle besoin d’évêques ? Est-ce qu’un diocèse ne pourrait pas être administré par un laïque ? Et le Pape ? Pourquoi un Pape si les mêmes avantages spirituels peuvent être obtenus avec ou sans prêtres ?
La logique du nivellement entre prêtres et laïques, c’est le nivellement de toutes les hiérarchies, y compris morales. En fin de compte, on pourrait se demander si la religion sert à autre chose que payer à un évêque son costume cravate.
Je trouve votre commentaire extrêmement pertinent. S’il n’y a pas besoin de prêtres, pourquoi des évêques ? Si les communautés de laïques valent bien les paroisses qui ont un bon curé, si les ADAP (Assemblées dominicales en l’absence de prêtre) valent bien la messe, pourquoi faudrait-il, dans la ville principale, un ecclésiastique pour donner des leçons à ceux qui se décarcassent pour faciliter les vocations et pour parader dans les cercles académiques (y compris l’Académie française qui pourrait se passer de son “ecclésiastique de service”, en ne conservant qu’un rabbin et en élisant un Musulman bien médiatique à la place d’un évêque) et les salons ? Des fidèles dévoués (surtout si, comme dans telle paroisse que je connais, ils ne croient plus un seul mot de leur Credo et ne conservent qu’un vague piétisme envers un Dieu mou comme un édredon, qui pardonne avant même qu’on lui ait demandé pardon et dont c’est l’unique caractéristique) le remplaceraient avantageusement. De toute façon, dans les paroisses qui ont sans doute la faveur d’un Mgr Dagens, les fidèles présents à la messe dominicale ont en moyenne 70 ans et plus. C’est dire que dans vingt ans ou trente ans ou plus, ils auront totalement disparu, avec les Mgr Dagens et assimilés.
Heureusement, il y a de jeunes prêtres courageux, qu’ils appartiennent à la tendance traditionaliste (Bon Pasteur, Fraternité Saint-Pierre, Institut du Christ-roi souverain prêtre, etc.) ou non (prêtres diocésains ayant étudié dans les séminaires soutenus par ces évêques qui “obtiennent une rentabilité spirituelle et pastorale”) qui font revenir à la messe dominicale les enfants, et avec eux leurs jeunes parents !
Pourquoi pas aller au bout de la logique de Mgr Dagens? Si un diocèse sans séminariste serait le signe d’une Eglise comme Corps du Christ “toujours blessé, mais vivant”, un diocèse sans évêque serait encore davantage ancré dans cette logique. A quand la démission, Mgr? Pourquoi pas renvoyer tous les prêtres aussi?
De telles sottises nous montrent que l’Eglise sera toujours blessée tant que ces dinosaures à la cravate président nos diocèses les plus sinistrés.
IL y aura de mes prêtres qui feront des troue dans mon manteau ,(a dit notre Sainte Vierge Marie )Et ce jusqu’à ROME .Depuis Vatican II ils sont de plus en plus nombreux , petit Catholique de base prions pour eux.
Je voudrais abonder dans le sens de @gerard
Il faut vraiment prier pour nos prêtres : ils sont aussi bons que nos prières (à nous laïcs) sont ferventes et appliquées.
Mon opinion sera certainement jugée outrancière, mais à mes yeux l’opinion de monseigneur Dagens sur ce qu’est l’Eglise est hérétique.
Juste un petit rappel étymologique : ” … Hérésie provient du grec αἵρεσις / haíresis : choix, préférence pour une idée ou pensée …”
L’Eglise est réalité divine et spirituelle puisque corps mystique du Christ, ET l’Eglise est une institution humaine, rassemblement de pauvres pêcheurs pardonnés, qui doit être sanctifiée, enseignée et gouvernée.
La conjonction de coordination entre ces deux propositions est “ET”, et en aucun cas “SOIT…SOIT”
J’y vois une analogie avec le Christ : Vrai Dieu ET Vrai Homme.
Monseigneur, pourquoi soumettre vos ouailles à un dilemme clivant? Et je me trouve euphémistique avec ce dernier adjectif. Le véritable adjectif, brutal, serait “diviseur”
Monsieur l’abbé de Tanouarn,
Bravo pour votre réponse mais, ne perdez pas votre temps à répondre aux élucubrations de ce ci-devant évêque.
En Charente, nous sommes habitués à ses prises de position farfelues, pour ne pas dire à la limite de l’hérésie.
Jésus n’est pas une “personne à aimer” ;”qui m’a vu a vu le Père” avait dit Jésus; ce n’est pas l’amour dû à une personne que Jésus attend, mais l’amour pour le fils de Dieu. Alors Mg Dagens aurait peut-être des vocations
La justification de l’arbre sec est inutile si ce n’est une fois de plus de prouver que Vatican II est dans l’impasse. Merci Monsieur l’Abbé, de rappeler le message du Christ, qui n’est jamais brutal pour celui qui cherche la Vérité. “La Vérité est une personne !” disait …