L’évêque d’Ajaccio publie un éditorial consacré à la paix :
“Qui de nous n’aspire à la paix ? Au fond de lui-même, l’être humain la désire et la recherche cette paix. Et pourtant, depuis toujours – aussi loin que remonte la mémoire collective – les hommes se disputent et parfois s’entretuent. La paix demeure le grand défi de notre « vivre ensemble ».
Omniprésents dans la plupart des médias, les polémiques et les conflits ne doivent cependant pas faire oublier les initiatives en faveur de la paix. Celle par exemple du Pape François recevant les présidents palestiniens et israéliens dans les jardins du Vatican, mérite d’être soulignée. Alors que des années de négociations sans cesse interrompues n’ont jamais permis de sortir de la haine réciproque, cette rencontre, en se situant délibérément sur le terrain religieux et non diplomatique, a quelque chose d’inédit. Même si nul ne peut dire quelles en seront les conséquences concrètes, elle ouvre une nouvelle perspective qui pourrait inspirer la gestion de nos propres conflits.
« S’en sortir par le haut, en se tournant vers ce qui unit »
Le dialogue et la confrontation entre les protagonistes d’un conflit sont certes très importants, mais il peut arriver que la situation soit tellement bloquée qu’aucune porte de sortie ne puisse être trouvée ; les murs qui séparent sont trop hauts. Il faut alors chercher à s’en sortir « par le haut », c’est-à-dire en se tournant vers ce qui unit. C’est ce qu’a voulu susciter le Pape François en proposant cette rencontre ou chacun a pu prier dans sa propre tradition religieuse pour la paix.
Ainsi a pu apparaitre, au moins pour un temps, le socle commun : au-delà de nos conflits et de nos différences, nous sommes tous descendants d’Abraham, et surtout enfants d’un même Dieu. Ce regard vers le Ciel permet de prendre du recul vis-à-vis de l’affrontement et peut favoriser les changements d’attitude indispensables de part et d’autre pour la résolution du conflit.
Nous aussi, malheureusement, faisons souvent l’expérience de conflits, que ce soit au sein de nos familles, de nos lieux de travail, dans nos quartiers ou nos communautés paroissiales. En tant que disciples du Christ, nous ne pouvons pas nous résigner à ces situations conflictuelles, surtout lorsqu’elles engendrent des médisances, des calomnies et autres sortes de poisons spirituels. A ce sujet, l’Ecriture est très claire : « haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions (…) je vous préviens comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent ces fautes-là n’hériteront pas du Royaume de Dieu » (Ga 5,20.21). L’avertissement est fort ! Il faut dire que nous touchons là au commandement résumant toute la loi : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (cf. Ga 5,14).
« Se remettre en question est la seule voie qui conduit à la paix »
C’est pourquoi il est spirituellement suicidaire de s’enfermer dans un conflit en étant convaincu que seul l’autre est responsable et que seul un changement d’attitude de sa part pourra laisser espérer une réconciliation. C’est même le signe d’une grande immaturité et d’un grand manque de foi. Dans ces oppositions qui durent parfois depuis longtemps, « nous sommes tous pécheurs », comme le rappelait le Pape François à propos du dialogue œcuménique.
Il est donc indispensable de se tourner vers Dieu qui seul peut nous libérer de nos aveuglements et de nos enfermements. Grâce à Lui, il devient possible de voir en l’autre un frère ou une sœur, et surtout de se remettre en question. Cela demande beaucoup d’humilité, mais c’est la seule voie qui conduit à la paix. Ensemble, avec l’aide de l’Esprit Saint, aidons-nous les uns les autres à relever ce défi !”