C’est en 1981, alors qu’il faisait ses classes pour intégrer la Garde Nationale, que l’idée lui vint d’un chapelet qui serait fabriqué pour répondre aux besoins spécifiques des militaires. Quelques années passent. Plusieurs de ses enfants sont alors membres de la Junior Legion of Mary, et l’une des pieuses activités qui leur sont impartis, est précisément le montage de chapelets pour les missions. Avec son épouse Barbara, les aînés de leurs enfant et quelques familles amies de St. Mary pratiquant l’école à la maison, Bo lance la fabrication du chapelet pour les militaires : le Ranger Rosary (http://www.rangerrosary.com). On en fabrique un premier lot de 800 : ils seront distribués par des aumôniers militaires aux soldats américains en Bosnie. Ce qui caractérise ces chapelets c’est d’abord leur robustesse et leur adaptation aux exigences des théâtres d’opérations. Les grains, en plastique opaque noir, brun ou bleu marine, sont enfilés et montés sur une cordelette vert olive fabriquée spécialement par une entreprise manufacturant du cordage pour parachute, et le crucifix est en plastique noir. Aucune pièce en métal donc afin d’éviter tout bruit de cliquetis et tout reflet de lumière. Le chapelet idéal – si l’on peut dire – pour un champ de bataille.
La réputation de ces chapelets est telle que les demandes affluent d’aumôniers catholiques (et même protestants…) [2] de nombreuses unités combattantes en Afghanistan, en Iraq… Plus de 70 000 unités ont été distribuées à ce jour !
Pour faire face à cette demande, il a fallu s’organiser : la paroisse de St. Mary et sa paroisse-mission St. John Neumann ont rassemblé leurs forces. Steve Beard, l’animateur des jeunes de St. Mary tâche de la coordonner et d’organiser les bonnes volontés : enfants des deux écoles paroissiales St. Mary Elementary School, St. Mary High School, groupe des persévérants, membres de la Confraternity of Christian Doctrine (CCD)… Les plus jeunes peuvent confectionner les chapelets pendant les heures de cours consacrées aux travaux manuels, les plus âgés, réunis dans la St. Mary’s Rosary Guild se réunissent tous les jeudi matin à 9 h 30 à la paroisse-mission St. John Neumann pour les fabriquer, d’autres les montent en famille ou avec quelques amis à la maison (400 par semaine). On travaille pour aider à la prière du chapelet et on prie en les assemblant aux intentions de ceux à qui ils sont destinés. Les chapelets sont bénis par les prêtres d’Annapolis et expédiés aux chapelains qui les ont demandés, avec une petite brochure « Comment prier le chapelet », et toujours accompagnés d’un dessin touchant réalisé par un ou plusieurs enfants de la St. Mary Elementary School.
Pat Evans, la coordinatrice du Ranger Rosary Ministry à la paroisse St. Mary a beaucoup de mal à faire face aux demandes qui arrivent de tous les États-Unis, car l’initiative a depuis longtemps dépassé les limites d’Annapolis. Les appels téléphoniques sont si nombreux qu’il a fallu installer une ligne téléphonique spéciale dans la paroisse. Des groupes similaires ont été constitués dans deux autres paroisses du Maryland : Church of the Resurrection (Ellicott City) et St. John the Evangelist (Columbia). Pour répondre aux propositions d’aider à la fabrication des chapelets, les initiateurs ont eu l’idée de proposer des “kits” : le matériel pour fabriquer deux chapelets, un chapelet “modèle” et le mode d’emploi. 500 “kits” ont déjà été expédiés dans tous les États-Unis et de nouveaux groupes se forment.
Fabriquer un chapelet revient à 1 $ et ce sont les paroissiens qui financent l’opération en plus de leurs contributions régulières aux quêtes ordinaires et extraordinaires.
« J’emporte toujours mon chapelet avec moi dans les missions dangereuses – a écrit un soldat. Ce chapelet maintient en moi la foi lors de ces opérations et il me réconforte quand je prie à la mémoire de mes camarades tombés au combat ». Il est fréquent que ces chapelets finissent autour des mains croisés des soldats tués en opérations.
Quel que soit le jugement qu’on estimera pouvoir ou devoir porter sur les interventions américaines de par le monde, on aura soin de ne pas oublier que de jeunes catholiques y prennent part, qu’ils ont droit aux sacrements de l’Église et que même sous l’uniforme on peut prier le chapelet « cette école de Marie qui honore les mysères de notre rédemption » (Jean-Paul II).
[1] La première église St. Mary d’Annapolis fut édifiée en 1821 à la demande de Maryanne Caton Patterson, une petite-fille de Charles Carroll of Carrolton, le seul signataire catholique de la Déclaration d’Indépendance, dont la maison, la Carroll House, servait de lieu de culte lorsque l’expression de la foi catholique était prohibée dans la colonie du Maryland par Londres. En 1852, les Rédemptoristes se voient offrir la Carroll House pour y installer leur séminaire. C’est saint John Neumann, alors vicaire provincial des Rédemptoristes, qui signe l’acte de cession. La petite église St. Mary étant devenue trop petite, on décide d’en construire une plus grande sur le même site. En 1858, saint John Neumann, devenu évêque de Philadelphie, se rend à Annapolis pour bénir la première pierre de la nouvelle église. Il décède le 5 janvier 1860, soit dix jours avant la dédicace de l’église achevée à Marie au titre de son Immaculée Conception.
[2] Le nombre de chapelains militaires catholiques actuellement sur les terrains d’opérations extérieures est notoirement insuffisant selon toutes les sources. On estime, par exemple, qu’en Iraq il y a trois chapelains pour 20 000 soldats catholiques avec le phénomène agravant que ces troupes sont dispersées sur un immense territoire.
Excellent article, qui donne à méditer !
Est-il nécessaire de rappeler qu’aux premiers temps de l’église, nombre de saints et surtout de martyrs, étaient des militaires ? Faisant partie de l’armée romaine, ils étaient plus souvent que les autres appelés à participer aux cérémonies officielles païennes, et leur refus était réprimé dans le sang.
Voilà aussi pour nous une raison de prier pour les soldats, catholiques, engouffrés dans cette tragédie. Qu’elle ne soit pas une occasion de perte de leur âme, mais qu’elle les amène à s’élever, dans ce terrible sacrifice !
le lien ne fonctione pas !
Réponse à Aristote :
en effet le lien était incomplet ; l’affaire est réparée. Mille excuses.