L’Église gréco-catholique ukrainienne (on désignera ainsi cette Église de rite byzantin, mais sous obédience romaine ; les catholiques ukrainiens sont principalement de rite byzantin) fait état de menaces de la part du Gouvernement ukrainien. En effet, ce dernier aurait menacé l’Église gréco-catholique de « mettre fin aux activités ». Certes, d’autres Églises sont visées, et les orthodoxes ont aussi largement participé aux manifestations, ce qui prouve que l’opposition entre l’Ouest et l’Est de l’Ukraine ne recoupe pas complètement la différence entre les ukrainiens unis à Rome et ceux qui ne le sont pas. (À cet égard, les orthodoxes sont aussi de fervents nationalistes ukrainiens.) Mais l’Église gréco-catholique sait qu’elle est principalement visée. L’Église se plaint de menaces qui découleraient de sa présence dans les rassemblements contestataires.
Une Église impliquée, comme cela se voit dans d’autres pays slaves
Alors qu’elle accusée de soutenir l’opposition, l’Église invoque sa mission spirituelle. La célébration d’offices en dehors des lieux de culte peut s’inscrire dans le soutien aux âmes. Quoi que l’on pense des rapports entre l’Ukraine et l’Europe – en soi, il ne s’agit pas de se prononcer sur le bien-fondé du rapprochement avec l’Union européenne émis par une partie des ukrainiens -, l’Église ne peut être indifférente dans la mesure où les citoyens sont aussi membres de l’Église. On peut avoir un résumé de la position de l’Église dans la déclaration officielle de Mgr Sviatoslav Shevchuk: « The Church recognizes the right of the faithful to pray and to satisfy their spiritual needs at all times and in all circumstances. Today, at a time when dialogue between the government and the citizen is wanting, those who believe in God feel a special need to pray for peace and tranquillity in our country, and for an end to the violence that has violated the dignity and the constitutional rights of the citizens of Ukraine.” Enfin, dans une société slave, marquée par le christianisme, il est logique que l’Église soit impliquée. Wladimir Poutine n’est-il pas appuyé et relayé par l’Orthodoxie russe, à commencer par son patriarche ? La présence multiforme de l’Orthodoxie dans la société russe n’est plus à démontrer. Plus généralement, Eglise et société sont imbriquées dans des pays comme la Russie, l’Ukraine ou même la Pologne. Bref, on voit que les implications sont complexes, des deux côtés de ces orientations géopolitiques. Par « orientations géopolitiques », on entendra, d’un côté, le rapprochement avec l’Occident, incarné par les ukrainiens de l’Ouest et leur soutien, et d’autre part, la « spécificité russe », incarnée par la Russie et les ukrainiens de l’Est et, plus généralement, par tous ceux qui se situent dans le giron de Moscou.
Une Église en ligne de mire ?
Il est intéressant de noter que l’Église catholique demeure l’institution la plus en vue dans les contestations d’un pouvoir accusé de verrouiller la société ukrainienne. Cette tension ne peut que rappeler la fâcheuse tendance d’un pouvoir, partiellement héritier d’un régime persécuteur, à vouloir n’aborder l’Église que sous l’angle d’un organisme à maîtriser. La chute de l’URSS ne saurait gommer cette vue bien réductrice… La menace du Gouvernement ukrainien survient d’ailleurs 25 ans après la légalisation de l’Église grecque-catholique par les autorités soviétiques. Elle évoque donc de fâcheux précédents…
Le soutien du pape François aux grec-catholiques ukrainiens
Rome a fait état de ces accusations dans les différents médias liés au Saint-Siège: on peut voir un soutien à l’Église catholique ukrainienne. Cela suppose de connaître l’attitude du pape François à l’égard des catholiques des différents rites orientaux. Or, il ne semble pas que ce « monde » lui soit étranger : lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, le cardinal Jorge Maria Bergoglio était aussi l’ordinaire des catholiques suivant les différents rites orientaux. Plus récemment, le pape François a salué des pèlerins gréco-catholiques d’Ukraine et de Biélorussie, le 27 novembre 2013, lors de la catéchèse du 27 novembre 2013. Les pèlerins étaient conduits par leur archevêque majeur, Mgr Sviatoslav Shevchuk. Priant sur les tombes apôtres Pierre et Paul, les pèlerins ont célébré le 50ème anniversaire du dépôt des reliques de saint Josaphat en la Basilique Saint-Pierre. Dans son message, le pape a notamment invoqué le saint fondateur de l’Église gréco-catholique, martyrisé en 1623, dans son message : « Que l’exemple de saint Josaphat, qui offrit sa vie pour le Seigneur et pour l’unité de l’Église, vous encourage à améliorer votre communion avec vos frères” chrétiens ».
Quel que soit le dénouement, on peut évidemment imaginer que les gréco-catholiques ukrainiens auront le soutien du pape François, loin d’être indifférent à ses frères de rite byzantin. Quant aux difficultés subies par les catholiques ukrainiens, on ne saurait oublier qu’ici-bas, le Corps mystique subit épreuve et persécutions. L’endormissement est aussi un dangereux signe, comme on le voit en Occident. Mais si l’Église subit attaques et mises en cause, c’est aussi pour mieux triompher à l’image de son Divin Maître. Pour Rome, la situation ukrainienne sera en tout cas suivie avec attention.
Jean-Marie VAAS
Si l’on en croit les sources bien informées, les Ukrainiens se sont peu soulevés pour leur rattachement à L’UE, mais pour chasser du pouvoir des dirigeants corrompus. Des forces géopolitiques repérables et connues ont dévié la narration du conflit vers une opposition Europe “démocratique” (sic) contre Russie poutino-tsariste “totalitaire”.
La présence du philosophe-chef de guerre qui est allé promener son romantisme vieillissant et sa chemise ouverte dans tous les conflits qui ont dégénéré (Balkans, Libye, etc) confirme les soupçons.
Hier, des personnes sont mortes dans une guerilla civile. Mais qu’importent les morts pour des systèmes aveugles…
Les accusations contre les Chrétiens, de toutes Eglises, orthodoxes compris, est un classique de ces époques de pourrissement. Leur attachement à des valeurs les transforment en témoins gênants
La lutte est entre une Europe chrétienne, “de l’Atlantique à l’Oural” et au-delà, et un barnum mondialisé matérialiste consumériste.
N’y aurait-il pas une rivalité des entre les églises orthodoxes et gréco-catholiques les orthodoxes semblent plus “ukrainiennes”?