Je n’étais pas en Europe au moment des attaques djihadistes à Bruxelles. C’est depuis les rives de l’Océan pacifique que je les ai observées, avec consternation. J’éprouve de la douleur en pensant aux victimes et à leurs familles. J’éprouve de la douleur aussi en pensant aux futures victimes et à leurs familles, car je sais qu’il y aura de futures victimes.
J’éprouve de la tristesse en regardant les réactions de la population. Les réactions sont les mêmes qu’en France au moment des attentats du 13 novembre. Elles seraient les mêmes vraisemblablement ailleurs en Europe. Une anesthésie est en place, et elle fonctionne. Les Européens ont une propension à répondre aux actes de djihad avec des fleurs, des bougies, des petits cœurs roses découpés dans du papier, des larmes – rarement davantage. Il y a longtemps qu’il en est ainsi. Je m’étais demandé, au moment des attentats du 11 septembre de l’année 2001, ce qu’aurait été une réaction européenne à un crime aussi effroyable que celui qui avait frappé à l’époque les tours jumelles du World Trade Center à New York. J’ai eu la réponse un peu plus tard après les attentats contre la gare d’Atocha à Madrid, en voyant des manifestants porteurs de parapluies réclamant « la paix ».
La colère et la détermination à se battre pour rester debout et ne pas se soumettre existent encore en Europe, mais sont désormais des sentiments minoritaires. Un grand lavage de cerveau imprègne le vieux continent d’un esprit de soumission. Ce lavage de cerveau commence à l’école, se prolonge dans les médias où les réactions décrites comme « dignes » sont celles où des gens pardonnent aux assassins et où les bourreaux sont aisément décrits comme étant aussi, et surtout, des victimes. Les dirigeants politiques prolongent le lavage de cerveau et, si l’un ou l’autre parmi eux tient des propos plus clairs et plus nets, il est facilement accusé d’avoir des idées d’« extrême droite ». Le grand lavage de cerveau est présenté comme donnant à l’Europe une « supériorité morale ». Cette « supériorité morale » ressemble fort à mes yeux à une incitation au suicide collectif. Elle crée un désarmement des esprits et des corps. Elle fait que l’Europe apparaît comme une proie facile aux djihadistes. Elle fait que l’Europe est effectivement une proie facile.
Dans la vision du monde inhérente à l’islam, le monde se divise fondamentalement en deux : le dar al islam, territoire déjà conquis par l’islam, et le dar al harb, territoire de la guerre, ou territoire pas encore conquis par l’islam, et que l’islam doit conquérir. Tout territoire qui a été un jour territoire conquis par l’islam est censé, selon l’islam, l’être à jamais. Une part de l’Europe a été un jour territoire conquis par l’islam. Cette part de l’Europe doit, selon l’islam, revenir à l’islam. Le reste de l’Europe est censé être dar al harb. L’islam y mène la guerre pour que cette part de l’Europe rejoigne le dar al islam… Pour que ce soit le cas, les dirigeants de cette part de l’Europe doivent se montrer soumis, et les populations que ces dirigeants régissent doivent elles-mêmes se montrer soumises. Les dirigeants de cette part de l’Europe, dont les deux tiers de la France, la Belgique ou l’Allemagne, font partie, tiennent, fondamentalement, le discours de la soumission. Les populations que ces dirigeants régissent, en leur grande majorité, se montrent soumises.
Les dirigeants de cette partie de l’Europe ont parfois des discours de matamores. Les djihadistes agissent pour montrer que ce ne sont que des discours de matamores. Et les faits leur donnent, hélas, raison. La police belge savait depuis des semaines où vivait Salah Abdeslam, mais, pendant longtemps, n’a rien fait pour l’arrêter. Malgré quelques arrestations, des milliers de djihadistes prêts à passer à l’action sont en Europe et ont le soutien de centaines de milliers de musulmans. Les adeptes de la « supériorité morale » veillent. Tôt ou tard, il y aura des fleurs, des bougies, des petits cœurs roses découpés dans du papier, des larmes… Les propos plus clairs et plus nets resteront minoritaires. Hélas. Comme j’aimerais me tromper !
Guy Millière
Source les 4Vérités Hebdo
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