Le Salon Beige a publié le témoignage d’une participante à la Journée nationale de rencontre et de formation des délégués épiscopaux à la Pastorale familiale qui s’est déroulée le 7 mars avec le Père Thomasset. Extrait :
D’entrée de jeu, en guise d’accueil, a été offert à chacun des participants le livre collectif regroupant les interventions des 26 théologiens paru chez Bayard, avec notamment une contribution du Père Thomasset et de bien d’autres auteurs. J’aurais préféré recevoir un texte officiel du pape et non une série de propositions plus ou moins douteuses dont l’objectif était de troubler les esprits à l’heure des débats synodaux. En tous cas, je ne me sentais pas en confiance avec ce livre. Voudrait-on éloigner de la doctrine de l’Eglise les auditeurs de cette journée qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Mgr Brunin, le président du Conseil famille et société de la Conférence des évêques de France, a ensuite fait une synthèse de sa perception de la dernière assemblée du synode sur la famille. En l’écoutant j’avais l’impression qu’aucun synode ne s’était déroulé aussi bien que celui-ci. Que tout était dorénavant mieux en termes de collégialité, comme on dit. En arrière-pensée, je me disais que je n’avais jamais autant vu d’évêques et même de cardinaux s’opposer publiquement, par médias interposés, s’invectiver même. M’est revenue alors le propos de Benoît XVI concernant la fameuse herméneutique de rupture et de continuité. Apparemment, avec Mgr Brunin, l’Eglise vivait enfin un synode où le peuple de Dieu était partie prenante et uni. Pour ma part, j’avais participé à un groupe de réponse au questionnaire envoyé à tous les diocèses du monde il y a un an environ, et j’avais sentie que les personnes de mon groupe étaient souvent en désaccord, voire en opposition frontale. Après coup, concernant la précarité dans les familles, j’ai réalisé que rien, ou presque, n’avait été dit des divorcés remariés. On avait l’impression que les divorcés remariés n’avaient d’intérêt qu’à cause du fait que, par leur intermédiaire, on allait changer la doctrine sur le péché au nom d’une miséricorde qui, d’ailleurs, n’est pas celle de l’Evangile (« va et ne pêche plus » dit le Christ).
[…] L’un des ateliers était animé par Madame Jaklin Pavilla, directrice adjointe du service national de la pastorale des migrants et des itinérants à la Conférence des évêques de France. En fin d’après-midi, Oranne de Mautort, du Conseil famille et société, l’a présentée à tous comme maire adjointe de Saint-Denis. En rentrant chez moi j’ai découvert que la mairie de Saint-Denis est PCF. A l’heure où j’écris ces lignes, je suis indignée qu’une personnalité politique aussi incroyable puisse, non seulement intervenir dans une session à la conférence des évêques, mais aussi avoir un poste en responsabilité au sein de cette dernière. Quand on sait que le communisme est responsable de plus de 100 millions de morts… et que le pape François n’a pas manqué de dénoncer dans un entretien il y a déjà quelques temps, cette grave idéologie. […]
Nous avons eu ensuite l’intervention du Père Thomasset. J’avoue que certains de ses propos étaient intéressants. Je pense intérieurement qu’ils manquaient de consistance rationnelle et que tout était très affectif. La raison était comme absente. Le tout me donnait l’impression d’une approche peu virile où tout ce qui touche à la norme morale est forcément négatif et opposé à la miséricorde. Attentive à ses propos, j’ai relevé qu’il se méfiait de la famille traditionnelle dite idéale parlant sans cesse des familles. Il nous a mis en garde contre l’idéalisation de la famille et relativise complètement ce que dit la Bible sur la famille, je pense notamment au récit de la Genèse et à toutes les paroles de Jésus lui-même, de saint Paul… Voici quelques phrases saisies au vol :
« L’Ancien Testament n’idéalise jamais la relation familiale. »
« Quand on lit les récits des patriarches … on voit que la Bible décrit la vie des couples avec lucidité, sans idéaliser… c’est souvent un sac de nœuds plus qu’un idéal… Cela dit, ces textes montrent que les difficultés ne sont pas insurmontables. Plusieurs modèles peuvent être possibles. Si la vie conjugale est la grande métaphore de l’Alliance, celle-ci se manifeste dans un itinéraire souvent plein d’embûches »
« Le modèle de la famille est l’accomplissement d’un promesse divine qui passe par les voies d’une conjugalité très contestable et qui fait fi de la morale commune »
« Si le Christ exalte la voie conjugale, il relativise l’institution familiale qui peut devenir un lieu de contraintes. »
« Jésus conteste l’exclusivité de la parentalité biologique. »
« Jésus refuse le terme de Père. La grande annonce du Christ et de Paul : il n’y a plus l’homme, la femme… »
Ces propos peuvent être vrais en soi, mais la manière dont le Père Thomasset a pu parler (je pense à ses différents interventions par ailleurs relayées sur le site de Famille Chrétienne), montrent qu’il ne souhaite pas interpréter les propos de Jésus dans le sens de la promotion de la famille traditionnelle et de l’enseignement des papes. Je sentais bien que l’idée était de casser les « stéréotypes ». J’ai reconnu dans ses propos tout ce que la théorie du genre met en avant, spécialement la relativisation de la différenciation sexuelle. Pour être sûr de ne pas être trop choquant, il dit quelques vérités au milieu d’une certaine inconsistance rationnelle. C’est, me semble-t-il, la meilleure manière de faire passer une idéologie.
La CEF, ses commissions, ses sophistes et idéologues, ses inévitables carriéristes etc….
nterview de l’un des plus grands théologiens du XX° siècle, l’un des grands penseurs de Vatican II avec De Lubas, Ratzinger, mais qu’aucun évêque n’invita au Concile. Il resta donc à Bâle..Urs von Balthazar :
.L’intention initiale des Pères conciliaires était également missionnaire mais on a l’impression qu’au lieu de se projeter ad extra, on s’est replié ad intra entre nous dans d’interminables discussions sur des problèmes internes.
« Tout à fait, tous ces documents que personne ne lit, ces papiers que j’étais moi-même obligé de jeter tous les jours, toutes ces structures, ces administrations de nos conférences épiscopales et de nos diocèses ! Ce sont précisément ceux qui demandaient la simplification de la Curie romaine qui ont contribué à créer une constellation de mini-curies à la périphérie de l’Eglise. »
La bureaucratie cléricale étouffe la mission chrétienne
Donc, vous êtes d’accord avec ceux qui dénoncent le risque qu’avec cette hypertrophie des structures cléricales, l’Eglise finisse par se transformer en une gigantesque bureaucratie qui ne servirait qu’elle-même.
L’ordination sacerdotale de Balthasar qu’il a reçue en Bavière des mains du cardinal Faulhaber, le même qui consacra Ratzinger 20 ans plus tard.
« Bien sûr. Relisons ensemble l’Evangile : Jésus a toujours confié une charge à une personne, jamais à des institutions. C’est sur la personne de l’évêque que se fonde l’Eglise et non pas les bureaux diocésains. Il n’y a rien de plus grotesque que de penser que le Christ aurait voulu créer des commissions ! Nous devons redécouvrir une vérité catholique : dans l’Eglise, tout est personnel, rien ne doit être anonyme. Pourtant, c’est bien derrière des structure anonymes que se cachent aujourd’hui tant d’évêques. Toutes ces commissions, ces sous-commissions, ces groupes et ces bureaux en tous genre… On se plaint que nous manquons de prêtres, et c’est vrai, alors que des milliers d’ecclésiastiques sont préposés à la bureaucratie cléricale. Tous ces documents, ces papiers que personne ne lit et qui n’ont d’ailleurs aucune importance pour l’Eglise vivante… la foi est bien plus simple que tout cela. »
Mais alors pourquoi, à votre avis, cela s’est-il produit ?
« Peut-être ont-ils l’impression de pouvoir ainsi affronter la crise, l’impression de faire quelque chose. Nous vivons dans un monde technique, alors on fait confiance à l’ordinateur. L’informatique a fait aujourd’hui son apparition dans nos diocèses et on dresse des tableaux de statistiques avec la fréquence des messes, le nombre de communions distribuées… Autant de choses qui n’ont strictement aucune espèce d’importance : il n’y a que Dieu qui devrait tenir ce genre de comptes parce que pour lui, une seule communion véritable a plus de valeur que dix mille communions superficielles enregistrées par l’ordinateur. »
Monsieur Roussel, merci pour vos commentaires toujours passionnants et doculrntés. C’est un repos d’esprit et une tranquillité d.âme que de souscrire à vos propos.
On attend du Père Thomasset autre chose que de se mettre dans la roue de l’homosexualisme ambiant en ce début du XXIème siècle.