Un lecteur que je remercie signale que le site “Se comprendre” du père Jean-Marie Gaudeul (ancien directeur du SRI de 2000 à 2006) consacre un article à “Prier avec les musulmans?“, et un “Manuel de Prières” pour les rencontres islamo-chrétiennes. On y trouve les affirmations suivantes:
“La question d’une prière commune possible avec les musulmans s’insère dans l’ensemble de l’effort vers un dialogue islamo-chrétien. … Plus précisément, la prière commune entre chrétiens et musulmans est partie intégrante d’une rencontre spirituelle plus large“.
Et moi qui avait toujours cru que l’on ne pouvait pas prier ensemble mais, à la rigueur, se réunir ensemble pour prier, selon la distinction spécifiée par le pape Jean-Paul II. Car il s’agit bien de cela, selon la suite du texte :
“On pourrait citer toute une liste des “Plus Beaux Noms de Dieu” qui sont l’héritage commun des musulmans et des chrétiens et qui semblent prouver à l’évidence la possibilité, voire la nécessité d’une démarche commune de prière“.
Et comme cela ne suffit pas, le père Gaudeul explique comment prier avec le Coran :
“En premier lieu, il faut mettre la récitation du Coran et sa méditation dans le silence du cœur pour rendre la Parole de Dieu présente dans la vie. A partir d’elle, la piété musulmane a développé une des formes de prière les plus belles et des plus accessibles au non musulman: la méditation des plus Beaux Noms de Dieu, accomplie en privé à l’aide du chapelet de 99 grains ou en commun notamment dans les cercles confrériques”
Dans cette litanie des 99 noms de Dieu, celui qui est essentiel pour les chrétiens -“Amour“- est absent, car cet attribut est ignoré par l’islam. Par contre y figurent: Djabbar, que les arabes traduisent par “Celui qui contraint par la violence“, Mutakabir (altier, orgueilleux), Qahhar (Celui qui soumet, qui asservit), Fattah (soit Celui qui juge, soit Celui qui donne la victoire), contradictoires avec l’idée de Dieu chez les chrétiens. Quant aux qualificatifs Al Halim, Al Wadoud, Al Raoufqui, dans l’ordre, signifient “Le doué de mansuétude”, “Le très aimant”, “Le compatissant”, ils sont destinés aux fidèles de la Oumma (communauté des musulmans indépendamment de leur appartenance à une nation), et ne peuvent aucunement concerner l’attitude d’Allah envers les non-musulmans, de même que le qualificatif de Misécordieux.
Miséricordieux n’a pas le même sens pour les musulmans. Dans le Coran, Allah demande aux croyants “l’affection à l’égard des proches” (Sourate 42 “La consultation”, verset 23), mais “l’inimitié et la haine” envers les incroyants (Sourate 60 “L’éprouvée”, verset 4), ce qu’Il résume en disant que “ceux qui sont avec lui [le Prophète] sont durs (le Coran traduit par Blachère dit même “violents”) à l’égard des infidèles, miséricordieux entre eux” (Sourate 48 “La conquête”, verset 29).
Pour se comprendre vraiment avec les musulmans, encore faut-il savoir lire.