Le 3 janvier, nos amis de l’Observatoire de la christianophobie avaient rendu compte de la mobilisation qui se mettait en place en Italie contre la pièce de Romeo Castellucci qui, après avoir sévi en France, doit se jouer à Milan la semaine prochaine. Dans la foulée des laïcs, les ecclésiastiques transalpins n’ont pas mis longtemps à manifester, eux aussi, leur indignation.
L’évêque de Saint-Marin, Mgr Luigi Negri, issu de Communion et Libération, est celui qui a pris la position la plus nette et la plus forte, en tant qu’évêque mais aussi en tant que “fils de l’Église de saint Ambroise et de saint Charles” (l’Église milanaise, NDLR) dans laquelle il a grandi et “reçu le baptême et tous les sacrements jusqu’à l’ordination épiscopale”. Mgr Negri relie la pièce de Castellucci à “un fil directeur”, celui de “l’antichristianisme” qui s’était manifesté spectaculairement à Rome le 15 octobre 2011 lors d’une manifestation de gauche au cours de laquelle une statue de la Vierge avait été volée dans une église et brisée en pleine rue.
Parlant ouvertement de “blasphème”, spécifiant qu’il “n’y a pas besoin d’assister au spectacle pour se rendre compte s’il y a ou non blasphème”, Mgr Negri a salué “le geste rigoureusement pénitentiel” voulu à Notre-Dame par le cardinal-archevêque de Paris. Il a aussi répondu clairement à la reductio ad traditlerum (on en est bien là, non ?) faite par les médias et les bien-pensants :
Que l’on ne dise pas que la protestation est l’œuvre des traditionalistes car elle ne l’est que dans la mesure où l’Église en tant que telle ne prend pas une position qui, à mes yeux, me semble absolument nécessaire.
Sur la signification du spectacle lui-même, Mgr Negri a expliqué que dans le fait de s’en prendre à l’image et à la figure de Jésus-Christ se manifestent “le refus d’être enfant de Dieu” et, donc, “la volonté de substituer à la filiation divine la proclamation de la propre autonomie et de la propre autosuffisance”, caractéristique du “délire de la modernité”.
Parmi les autres réactions religieuses à la provocation de Castellucci, il y en a une autre à remarquer, celle du père Cavalcoli, théologien dominicain, ancien officiel de la Secrétairerie d’État (1982-1990), qui a écrit au Saint-Père pour témoigner de sa “solidarité et fidélité renouvelée en réponse à l’indigne et blasphématoire pièce de théâtre” de Castellucci. Dans ce courrier, le théologien explique notamment qu’il ne s’agit pas là
d’un phénomène accidentel, isolé et sans racines, mais bien (du signe) d’une croissante hostilité qui se diffuse dans le monde envers le christianisme ainsi que d’un symptôme et d’un effet d’une crise et d’un malaise spirituels profonds [dus, en partie] à l’application manquée ou mal comprise du concile Vatican II.
Des propos là encore qui ne souffrent aucune équivoque…
Mais le plus beau, dans la lettre du père Cavalcoli, c’est qu’elle a suscité une réponse de la Secrétairerie d’État, signée de l’Assesseur pour les Affaires générales, Monseigneur Peter Brian Wells. Cette brève réponse a été commentée ce matin, 20 janvier, par le père Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, qui a reconnu que la pièce de Castellucci “offense les convictions religieuses des chrétiens” (Radio Vatican). Citant la lettre au père Cavalcoli, le père Lombardi a ajouté que
Sa Sainteté espère que tout manque de respect envers Dieu, les saints et les symboles religieux rencontre une réaction ferme et déterminée de la communauté chrétienne, éclairée et guidée par ses pasteurs.
Pour ceux qui lisent l’italien, vous trouverez ici le courrier du père Cavalcoli et ici la réponse de la Secrétairerie d’État, précédée d’un très intéressant préambule du père Cavalcoli.