Le cardinal André Vingt-Trois a été ordonné évêque le 14 octobre 1988, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, par le cardinal Jean-Marie Lustiger, en même temps que Mgr Soubrier. Le diocèse de Paris fêtera ce jubilé le dimanche 13 octobre à Notre-Dame, à la messe de 18h30. Le cardinal fait le point :
“[J]e dirais qu’il y a trois époques dans ces 25 ans. Il y a la première période, de 1988 à 1999, durant laquelle j’étais auxiliaire et vicaire général pour le diocèse de Paris. Une période très intense ! J’avais la chance de participer à des projets assez stimulants comme l’École Cathédrale, les projets médiatiques, ou le séminaire, et en même temps j’avais la charge d’un certain nombre de paroisses dans lesquelles je faisais des visites pastorales de manière perpétuelle : quand j’en avais fini une, j’en recommençais une autre, si bien qu’il y a des paroisses où je suis passé trois fois en dix ans ! […]
La deuxième époque, de 1999 à 2005, comme archevêque de Tours, a été surtout celle de l’ouverture et de la disponibilité pour découvrir une Église, une population, un département, que j’ignorais complètement. Alors que dans la première phase à Paris j’étais « chez moi », je connaissais presque tout le monde, en arrivant à Tours, j’étais un « étranger ». Il me fallait découvrir cette Église, son histoire, ses différences aussi entre l’agglomération de Tours, les petites villes chefs-lieux de cantons et les campagnes, et apprendre à découvrir cette vitalité d’une Église tout à fait différente de celle que j’avais connue à Paris. Là aussi, j’ai fait beaucoup de visites pastorales dans tout le diocèse, et j’ai eu la chance d’arriver à Tours peu de temps après le voyage du Pape et l’année jubilaire de saint Martin. Cela a été un tremplin pour lancer un projet missionnaire pour l’Église de Tours, que nous avons construit progressivement avec le presbyterium et avec les laïcs.
Et la troisième époque, c’est de 2005 à 2013 : cela fait huit ans que je suis archevêque de Paris, mission tout à fait différente car j’ai l’avantage inestimable de connaître Paris et la plupart des organismes, des prêtres, des diacres, etc. J’ai donc une capacité d’imaginer de quoi on parle, ce qui est un avantage considérable, mais je me rends compte que mes possibilités pour rencontrer les paroisses sont très minces. Je me tiens scrupuleusement à visiter chaque dimanche une paroisse de façon à garder un contact physique et spirituel avec le peuple de Dieu, mais je sais bien que ce n’est pas moi qui ai la connaissance fine de l’action pastorale des paroisses, ce sont les vicaires généraux qui ont la charge de faire ces visites pastorales que je faisais autrefois.
Et puis, j’ai la grâce tout à fait particulière, en étant archevêque de Paris, d’être au confluent d’un certain nombre de réalités et de représentants de la société : civils, économiques, politiques, et d’avoir accès à une possibilité de réflexion et de discussion avec eux. Et puis il y a la force considérable que représente le Collège des Bernardins, qui a commencé à fonctionner il y a 5 ans mais qui était déjà très fortement engagé par le cardinal Lustiger. […]
L’évêque doit à la fois être un éveilleur, un initiateur, il doit susciter la mission, constamment appeler à la mission et relancer, car nous avons dans nos communautés chrétiennes des gens qui peuvent avoir des périodes de lassitude, d’assoupissement, d’indifférence. Ils ont des contraintes de vie qui les empêchent d’agir et si on ne relance pas l’appel, ils s’endorment. Il faut donc appeler, relancer, remotiver, c’est le rôle d’initiateur et d’éveilleur de la mission. Et puis il y a le rôle qui consiste à conforter la foi et l’espérance de ceux qui essayent de vivre du Christ, de leur donner des éléments de réflexion qu’ils peuvent utiliser eux-mêmes. Je dois, par la manière de faire, les paroles que je dis, apporter aux gens du « combustible » pour qu’ils fassent fonctionner leur intelligence. Je ne peux pas réfléchir à leur place mais je dois les encourager à réfléchir et à agir, les conforter et les encourager dans la foi. Et puis je dois aussi être témoin de l’espérance – il y a une oraison dans le missel qui dit « sans Toi notre vie tombe en ruine » -, c’est-à-dire que nous sommes perpétuellement dans une société sujette à la dégradation, une société qui va vers la mort, et donc si on n’a pas une espérance chevillée au corps, chaque fois que quelque chose disparaît, c’est une catastrophe, on pense que le monde va s’écrouler. Si Dieu est Dieu, si le Christ est ressuscité et si l’Esprit travaille le cœur des hommes, ce qui disparaît laisse place à autre chose qui apparaît. Mais cela, il faut que je le vive pour le communiquer aux autres.”
Le propos est clair et fort. Je remercie vivement mgr vingt trois d’avoir su lancer un appel fort à ouvrir les yeux et à se lever, un certain quinze août. ..
C’est bien, Eminence, d’évoquer, pour le pasteur, le rôle d’éveiller à la mission ceux qui dans nos communautés sont pris de lassitude et d’assoupissement. Mais il y a un autre rôle dont vous ne parlez pas, sans doute moins réjouissant, moins consensuel, mais qui s’impose absolument, celui d’essayer de ramener dans le droit chemin les brebis égarées qui ne sont pas du tout lasses ni assoupies, et qui sont au contraire hyperactives mais pour collaborer à l’advenue de cette société qui va vers la mort dont justement, Eminence, vous parlez par ailleurs,
Vous paraissez ignorer l’absurdité tragique de la déviation dans laquelle se fourvoie toute une partie de notre Eglise.
Avez-vous remarqué, par exemple, que sur les quatre responsables politiques dont on peut considérer qu’ils étaient les plus directement à la manouvre, pour pousser à l’avancement du projet de loi Taubira dans le cadre du processus parlementaire, à savoir: le président de la commission des lois de l’assemblée nationale, le rapporteur de la loi au sein de cette commission, le président de la commission des lois du sénat, le rapporteur de la loi au sein de cette commission, deux d’entre eux affichent soit, pour l’un, être un catholique convaincu, soit, pour l’autre se situer dans une culture fortement catholique au moins d’ origine. Deux catho ou proche catho sur quatre à ces postes clés en faveur d’une loi qui transgresse une loi naturelle majeure et qui à ce titre contribue à conduire notre société vers une société de mort. Cela fait quand même beaucoup!!!Sans parler du soutien apporté par une partie de la presse catohlique, ou encore de grands mouvements catholiques qui se prétendent aux avant-postes de la doctrine sociale de l’Eglise.
Eminence, ne le voyez-vous pas? Que font les autorités ecclésiales de l’Eglise qui est en France face à cette pure aberration? Mesurez-vous qu’à travers cela, l’Eglise qui est en France, au travers l’action d’une partie de ses membres, porte une responsabilité objective directe dans la progression vers cette société de mort dont vous parlez à juste titre? Et ne voyez-voyez-vous pas que l’absurdité est portée à son comble lorsqu’un des vôtres mêmes, un évêque, académicien pour faire bonne mesure du point de vue de sa responsabilité se permet, ô douleur, d’exprimer son mépris vis-à-vis de ceux qui généreusement, avec droiture, pacifiquement, défendent la vérité?
nous vous en supplions, Eminence, ouvrez les yeux jusqu’au bout? Et nous tous, fidèles animés par la foi et la raison, tirons la sonnette d’alarme auprès se nos évêques et de nos prêtres, CELA NE PEUT PLUS DURER.
Bien d’accord, Raoul, ça ne peut plus durer. Il faut agir. Agir, sur ce point, c’est faire prendre conscience aux autorités ecclésiales de la source de leur erreur, car semble-t-il il y a un aveuglement.
Cet aveuglement est le suivant : dès lors que l’on est confronté à une réforme sociétale qui relève du champ législatif, donc civil, les autorités de l’Eglise tournent entièrement leur attention et leur discours vers la scène publique et médiatique. Ce faisant, elles en oublient complètement que pour une bonne part le problème est interne à l’Élise, en ce qu’un grand nombre de chrétiens apportent leur appui à ces évolutions mortifères ! Sauf exception très rare, elles ne pensent pas vraiment à détourner ceux-ci de l’erreur en s’adressant à eux dans le rôle du pasteur qui fait tout pour ramener des brebis égarées dans le droit chemin.
Certes, c’est le pouvoir politique qui décide, mais les décisions du pouvoir politique ne font que traduire, pour une bonne part, les choix des citoyens, parmi lesquels des catholiques. Donc la première mission des évêques et de leurs prêtres est d’éclairer la conscience des catholiques, qu’ils soient parlementaires ou simples électeurs de base, et de s’adresser à eux avec toute l’autorité des pasteurs. Dans l’affaire du mariage entre personnes de même sexe avec adoption, il fallait et il faut encore leur expliquer qu’une loi civile qui transgresse les lois naturelles est un mal pour l’homme et pour le monde et que ceci découle de manière incontestable et de la foi et de la raison.
De plus, il faut rappeler à tous les fidèles qui sont dans l’erreur, que, s’ils persistent alors que leur conscience aura été dûment éclairée, ils commettront une faute grave.
D’ailleurs si, au moment des élections, nos évêques avaient expliqué plus clairement, à la suite de l’invitation expresse de Benoit XVI, qu’il y avait trois points non négociables, sur le mariage et sur la vie, dans les programmes de certains candidats (au lieu seulement de mentionner ces points en les perdant au milieu d’une dizaine sans spécifier de hiérarchie entre les dix points ), on n’en serait pas là. Objectivement et pour les raisons ci-dessus indiquées,l’Eglise porte une part de responsabilité dans l’évolution de la société vers la mort, et il est urgent de se ressaisir, alors que de nouvelles lois se profilent, telles que celle sur la PMA. Des catholiques vont-ils à nouveau leur donner leur appui sans que les autorités ecclésiales paraissent s’en émouvoir vraiment d’un point de vue pastoral?
bien d’accord; cela ne peut plus durer. Reveillez-vous,
Nossseigneurs eveques de France !