L’agenouillement lors de la consécration est parfois identifié à la forme extraordinaire du rite romain. Si cette réalité est indubitable, il faut se garder d’imaginer que les célébrations hors forme extraordinaire du rite romain en seraient dépourvues. Une telle révérence serait souhaitable, car elle permettrait aux fidèles de renouer avec un authentique sens liturgique. Elle permettrait, plus généralement, de mieux intérioriser des notions, comme celle de sacrifice. Nous souhaitons souligner qu’elle est possible, y compris là où on l’attend le moins.
À cet égard, les usages rencontrés dans certains pays sont assez éloquents. Ainsi, à Prague, on peut considérer que l’agenouillement lors de la consécration est peut-être une marque géographique, non liée à tel rite, mais que les fidèles de la région respectent. On sait, par ailleurs, que l’Église tchèque, davantage confrontée à la sécularisation, est moins « traditionnelle » que ses consœurs polonaises ou slovaque.
Pourtant, les fidèles tchèques, même dans une paroisse avant-gardiste, restent habitués à des gestes d’adoration. On s’agenouille ainsi dans l’église du Saint-Sauveur qui célèbre la liturgie, à 20 h, en présence d’une assistance assez jeune ; cette paroisse ne semble pas être, à proprement parler, un lieu de culte spécifiquement traditionaliste.
Cette révérence n’est pas seulement l’apanage de la liturgie romaine. Ainsi, à la cathédrale grecque-catholique Saint-Clément (une des églises de l’ensemble Klementinum de Prague), on s’agenouille lors de la consécration du pain et du vin. Pourtant, les catholiques de rite oriental ne sont nullement tenus à cet usage (la révérence à l’égard de l’Eucharistie se manifeste, dans les rites orientaux, à travers d’autres signes : usage de l’iconostase, etc.) qui reste une spécificité des différents rites latins.
La pratique de l’agenouillement démontre, en tout cas, que des signes de révérence sont possibles, y compris dans des régions marquées par une faible pratique religieuse ou par un phénomène d’indifférence assez élevée et moins sensibles aux combats du catholicisme dit de Tradition. C’est aussi la preuve que rien n’est perdu et que la révérence liturgique constitue un invariant fondamental du catholicisme. Il n’est pas, en soi, lié à telle sociologie, à telle communauté…
L’agenouillement à la consécration n’est pas seulement “souhaitable” ou “possible” ; elle est tout simplement prescrite et figure en bonne place dans les rubriques du missel de Paul VI en langue française (éditions 1969… 1977, © AELF). Ces rubriques y figurent à la page 424. Une troisième génuflexion est prescrite avant la communion (p. 447). – J’ajouterais qu’il est sans aucun doute 0plus élégant de plier le genou devant le Christ présent dans l’Eucharistie (ce qui nous épargenra de le faire devant les grand de ce monde !) que de « montrer son derrière » dans une sorte de révérence au demeurant ridicule. Pour être encore plus franc, je dirais que ceux qui se réclament le plus du Concile sont précisément ceux qui le connaissent mal ou l’enfreignent sciemment (cf. Constitution Sacrosanctum Concilium, no 22 §§ 1,2 2t 3.
En France, à une Messe de forme ordinaire où il y a quelques jeunes, ils s’agenouillent toujours au moment de l’épiclèse et pendant la consécration et parfois jusqu’au Pater, alors que les petites mamies restent debout (ou assises) tout le temps ; très souvent, ils s’agenouillent avant de recevoir la communion parfois même il leur arrive de la recevoir sur la langue, ce qui n’est jamais le cas des “anciens” (on peut comprendre, c’est vrai, qu’à partir d’un certain âge, ce ne soit plus si facile que ça de plier le genou).
Une Messe d’étudiants est quelque chose d’impressionnant à voir : tout le monde s’agenouille à l’épiclèse et adore en silence avant et après avoir communier, beaucoup courbent l’échine devant leur Sauveur avant de le recevoir sur leur paume et une minorité non négligeable le reçoit sur ses lèvres.
D’ailleurs les églises qui célèbrent la forme extraordinaire sont pleines de jeunes couples avec des enfants en bas âge avec également des étudiants et jeunes professionnels.
La moyenne d’âge du pèlerinage de Chartres peut en témoigner.
Même dans les communautés et groupes charismatiques, on a redécouvert l’importance de l’adoration eucharistique silencieuse, de la dignité liturgique et du sens de la Tradition (qui n’empêchent pas par ailleurs, parallèlement, une louange exaltée et le recours à des musiques contemporaines).
Le renouveau du sens du sacré dans les nouvelles générations de Catholiques (la génération Benoît XVI, les héritiers des générations Jean-Paul II) est une constante et un signe des temps auquel l’Eglise de France ne s’adapte que lentement mais sûrement.
Au Carmel où j’ai l’habitude de me rendre les dimanches, les religieuses s’agenouillent pendant la consécration ,bien que la messe soit celle de Paul VI. Je m’agenouille donc aussi, et ce depuis 35 ans. MV
A l’île Maurice, aussi, l’agenouillement demeure très présent dans les églises.
Le pape François ne fait pas de génuflexion pendant la messe : il s’incline. C’est nouveau…
Cet agenouillement n est pas seulement souhaitable : il est prevu. Rappelons que dans la Presentation generale du Missel Romain ( forme ordinaire ) , il est prevu que les fideles s agenouillent pendant la consecration. Mais dans les faits c est l anarchie : beaucoup restent debout, d autres s agenouillent pendant toute la priere eucharistique.
Certains pretres ne montrent guere l exemple, qui ne genuflectent pas avant de communier, ou avant de prendre le ciboire au tabernacle…
Normalement, en rite byzantin, les fidèles restent debout pendant toute la prière eucharistique (et, en Russie, tout le temps: il n’y a pas de chaises…) et font de profondes métanies (signes de croix et inclination) pendant les paroles du Christ – ceci est mon corps….ceci est mon sang…- et lors de l’épiclèse qui suit.
En carême, ces métanies vons jusqu’à toucher le sol avec le front.
Il y a donc toujours un profond respect pour la présence réelle du Christ à la divine liturgie.