Le 26 septembre, dans le diocèse de Viviers où le Mesnil-Marie est implanté, nous célébrons la fête de Sainte Thérèse Couderc, envers laquelle nous avons une très grande ferveur et dévotion.
Sainte Thérèse Couderc,
photographie dite « au lapin » prise au Cénacle de Fourvière (Lyon)
Marie-Victoire Couderc est née le 1er février 1805 dans le mas familial, à Sablières, paroisse rurale de la partie cévenole du diocèse de Viviers.
Dans ce milieu rude et fervent des familles chrétiennes paysannes au sortir de la grande révolution, elle manifeste très tôt une profondeur spirituelle remarquable.
En 1826, âgée de 21 ans, alors que la Restauration permet la reconstitution et la fondation des congrégations religieuses, elle entre au noviciat d’une petite communauté fondée pour l’éducation des enfants pauvres, à Aps (aujourd’hui Alba la Romaine), par un prêtre vivarois zélé : l’abbé Etienne Terme. Marie-Victoire devient alors Soeur Thérèse.
L’abbé Terme ayant été nommé curé de La Louvesc (cf. > www), il entreprend de réorganiser et de redonner de l’élan au pèlerinage auprès de la tombe de Saint Jean-François Régis (cf. > www). Il demande à Soeur Thérèse de venir à La Louvesc afin d’y ouvrir une maison d’accueil pour les pèlerines (1827).
Rapidement, Soeur Thérèse comprend que ce n’est pas seulement une « pieuse hôtellerie » que Dieu l’appelle à diriger, mais une maison où les femmes qui viennent faire leurs dévotions au tombeau de Saint Régis pourront profiter d’exercices spirituels leur permettant de bénéficier pleinement des grâces de leur pèlerinage. Ainsi sont jetées les fondations de la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de la Retraite au Cénacle (appelée le plus souvent Congrégation des Soeurs du Cénacle) dont, à 23 ans, Mère Thérèse se retrouve la supérieure et l’âme.
La fondation du Cénacle réunit trois courants spirituels :
– la lignée ignatienne : les femmes qui seront accueillies en retraite suivront les exercices spirituels de Saint Ignace, et – chose absolument novatrice pour l’époque – ce sont les religieuses, et non des prêtres, qui les guideront dans cet itinéraire spirituel ;
– l’Ecole Française de spiritualité et son attention particulière au mystère de « l’intérieur de Jésus et Marie » : en particulier l’union des Sacrés Coeurs de Jésus et Marie dans le sacrifice rédempteur ;
– l’approfondissement de la présence et du rôle de Notre-Dame au milieu des Apôtres et des disciples pendant les neuf jours passés en prière au Cénacle entre l’Ascension et la Pentecôte.
Vitrail de Notre-Dame du Cénacle
(chapelle du Cénacle – La Louvesc)
L’oeuvre se développa, essaima en des fondations qui prospérèrent.
La mort prématurée de l’abbé Terme avait fait que Mère Thérèse s’était tournée vers les jésuites pour conseiller et soutenir l’oeuvre naissante : peu à peu, les Pères exercent une véritable mainmise sur la fondation et, s’ils savent favoriser son l’expansion, ils deviennent aussi les instruments du « martyre » spirituel de Mère Thérèse. En effet, cette femme simple, issue du milieu paysan cévenol, à la parole sans apprêt, leur semble trop peu « représentative » pour une congrégation qui s’implante dans de grands centres urbains, qui est fréquentée par des dames de l’aristocratie, et dans laquelle entrent pour devenir religieuses des jeunes filles de la « meilleure société »…
En 1835, Mère Thérèse est donc reléguée à l’arrière-plan, le titre de supérieure-fondatrice est donnée à une religieuse qui fera preuve de bien peu de jugement mais qui, aux yeux des « bons pères », a le grand mérite de porter un nom à particule et d’être alliée avec la « bonne société » : singulier discernement de ces fils de Saint Ignace qui s’enorgueillissent d’en être les spécialistes les plus autorisés !
Pendant cinquante ans, Mère Thérèse vivra donc dans l’ombre, humiliée et méconnue, portant cette fondation, dont on ne lui reconnaît pas la maternité, dans la prière et le sacrifice. Dans les toutes dernières années de sa vie seulement, la supérieure de l’époque commencera tout doucement à faire connaître le rôle de Mère Thérèse à l’origine de la Congrégation.
Mère Thérèse s’éteint au Cénacle de Fourvière, à Lyon, le 26 septembre 1885, âgée de 80 ans et presque huit mois. Son corps, incorrompu dans la tombe a été ramené à La Louvesc dans la chapelle qu’elle avait faite construire, au lieu de la fondation.
Elle a été béatifiée par le vénérable Pie XII le 4 novembre 1951, et canonisée par Paul VI le 10 mai 1970.
Corps incorrompu de Sainte Thérèse Couderc dans la chapelle du Cénacle, à La Louvesc.
Prière de Sainte Thérèse Couderc en l’honneur de la Très Sainte Trinité > www
« Se livrer », texte majeur qui permet de comprendre ce qu’a été la vie et la spiritualité de Sainte Thérèse Couderc > www