Alberto Ruiz Gallardon |
Enfin le gouvernement espagnol a décidé de modifier la loi d’avortement adoptée sous Zapatero, qui faisait de « l’interruption volontaire de la grossesse » un droit sans conditions jusqu’à 14 semaines et l’autorisait sous conditions par la suite, notamment pour l’élimination des bébés génétiquement non conformes.
Défendant son projet devant le Congrès en session plénière, le ministre de la Justice Alberto Ruiz Gallardon a souligné la nouveauté du texte en préparation, qui éliminera purement et simplement toute peine pénale pour la femme qui aura recours à l’avortement. Prison et autres sanctions seraient donc réservés à ceux qui commettent l’acte, y concourent ou font pression sur la femme pour qu’elle élimine son enfant.
Le ministre a souligné que la gauche n’a jamais proposé une telle disposition alors qu’il venait d’être interpellé par le numéro deux du PSOE, Elena Valenciano, pour vouloir imposer une modification législative « incrustée dans le machisme historique de la droite espagnole ».
« Il n’y aura aucun type de sanction pénale » pour la femme qui avorte en Espagne, puisque celle-ci est « victime et non coupable », a-t-il lancé, assurant que ce serait là « la principale différence avec la loi socialiste ».
Espérons, en passant, que les paroles de Ruiz Gallardon aient dépassé sa pensée, car le principal objectif demeure tout de même de réduire les cas où l’avortement est dépénalisé !
On comprend l’enthousiasme dialectique du ministre qui s’offre le luxe d’accuser le PSOE d’avoir, pendant 17 ans, considéré les femmes comme des « présumées coupables » et d’expliquer que « ce ne doit pas être facile » pour la gauche d’assumer que ce soit le PP (Partido Popular) qui « le premier » dans l’histoire d’Espagne supprime la « menace de la prison » pesant sur la femme qui avorte.
Mais l’idée n’est pas neuve de repénaliser l’avortement sans pour autant vouloir jeter les femmes en prison – d’autant plus aujourd’hui que nous connaissons si bien le traumatisme ou le syndrome post-avortement, les souffrances et les regrets, et souvent la culpabilité qui accablent les femmes à la suite d’un avortement. Sans parler de sa détresse et des pressions des proches qui ne lui laissent souvent pas le choix.
C’était précisément le choix que nous avions fait, sous l’égide du Centre Charlier et de l’AGRIF, lorsqu’avec Bernard Antony et Georges-Paul Wagner nous avions collaboré à la rédaction d’une Loi pour la Vie, dont l’essentiel de la rédaction avait été réalisée par Thierry Martin. Celui-ci avait fourni un travail de grande envergure, sérieux sur le plan juridique, prêt à l’emploi pour le jour où un gouvernement et une majorité favorables à la vie reviendront enfin au pouvoir en France.
J’écrivais alors dans ma préface :
« Cette loi va vous surprendre. Elle interdit l’avortement (revenant ainsi au respect des lois écrites et non-écrites plus que millénaires), et punit ses responsables et ses promoteurs, mais elle ne prévoit pas de peine pour les femmes qui y ont recours. Ces femmes qui, le plus souvent, sont les deuxièmes victimes d’une “IVG”… »
Mais il y a une différence, et de taille ! Le Centre Charlier et l’AGRIF proposaient véritablement une « Loi pour la vie », interdisant tout acte ayant pour conséquence la destruction d’un embryon ou la mise à mort d’un fœtus, d’un bébé à naître.
Alberto Ruiz Gallardon et le gouvernement Rajoy ne proposent en fait… rien du tout. Pour la énième fois le ministre a parlé d’une loi à venir, d’une loi en préparation dont on n’a pas encore vu la couleur. Et la plateforme civique HazteOir souligne avec justesse que le ministre peut bien se complaire dans des considérations historiques mais qu’en attendant, 300 enfants à naître meurent chaque jour en Espagne du fait de la légalité de l’avortement. C’était pourtant une promesse de campagne : améliorer la protection de la vie. Pour l’heure, on ne connaît pas le commencement du début des mesures et restrictions envisagées pour mettre fin au massacre.
HazteOir appelle pour le 20 octobre prochain à une manifestation nationale à Madrid, accompagnée d’une centaine d’événements en Espagne et à l’étranger, pour marquer la date de l’énième annonce par le gouvernement d’une réforme de la loi.
Cela fera bientôt deux ans que Rajoy aura été au pouvoir sans toucher à la loi assassine, tandis que Gallardon, tout en affirmant que la loi qu’il prépare sera favorable aux personnes handicapées, conformément aux accords internationaux, mais en y laissant une porte ouverte à l’avortement eugénique…
Cette nouvelle Marche pour la Vie espagnole s’inscrit dans la logique de l’« avortement zéro » qui est la revendication claire et nette des pro-vie en Espagne – « Il n’existe pas un droit de tuer, mais un droit de vivre ! »
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