L’universitaire et écrivain belge Jean-Pierre Snyers nous prie de publier cette nouvelle tribune… qui vaut bien au-delà du cas de l’abbé Ringlet et bien au-delà de la Belgique:
Monsieur l’abbé,
Comment allez-vous ? Très bien, j’espère ! Oui, je l’espère. Car, voyez-vous, autant je désapprouve les propos que vous tenez un peu partout, autant je souhaite que la vie vous épargne de ce qu’elle comporte d’épreuves pénibles à supporter. Non, je n’aime pas, mais alors pas le moins du monde, ce que vous dites et ce que vous écrivez. Mais il y a un abîme entre une personne et ses idées. Par exemple : croyez-vous que je serais content si j’apprenais demain que vous êtes atteint d’un cancer ? Vous pensez que cela me ferait plaisir ? Non, monsieur l’abbé ! Soyez sûr que j’en serais attristé. Et ça, je tiens à ce que vous le sachiez. Seulement voilà, il se fait que vos idées sont nuisibles, totalement incompréhensibles dans la bouche d’un prêtre « catholique ». Vous n’êtes pas d’accord ? Dès lors, permettez-moi de vous citer…
« Le purgatoire est une invention du Moyen Age ». « Saint Paul est le patron de tous les agités chroniques, de tous les m’as-tu vu, m’as-tu entendu ». « Les catholiques qui croient aux dogmes sont des encorsetés dogmatiques ». « La vie après la mort, une question tout à fait secondaire ». « L’Eglise est une belle-mère en total décalage avec le monde et le pape quelqu’un qui n’empêche pas de dormir ». Ca, c’est dans votre livre : « L’Evangile d’un libre penseur ». Maintenant, voici ce que vous dites dans « Le Soir » du 20 avril 2010 : « Je regrette le refus d’un véritable débat de fond sur les questions les plus difficiles, à savoir : l’ordination des femmes, l’interprétation des dogmes tels que l’infaillibilité, la virginité de Marie, voire le regard qu’on porte sur la divinité du Christ ». Eh oui, même la divinité du Christ (et donc la Trinité) n’y échappe pas.
Fini ? Non, pas encore. Au sujet de la mort et de l’au-delà (sur le site « Psychologie.be »), vous affirmez : «Ce qui sépare un croyant d’un non-croyant est infime. Il y a parmi nous, vivant aujourd’hui, des gens qui ont déjà franchi le seuil, dont la générosité est telle que cela n’a plus aucun sens de parler de résurrection ». Donc, selon vous, croire que nous retrouverons un jour nos êtres chers ou croire qu’on ne les retrouvera jamais, c’est du pareil au même. Vous dites cela à des parents qui viennent de perdre leur enfant ? Avouez une bonne fois pour toutes que votre langage n’est pas chrétien ! Ou bien vous avez raison et le Christ et les apôtres nous ont raconté des bobards, ou c’est vous qui dérapez complètement et dans ce cas là, il est urgent de vous convertir…
A présent, terminé ? Hélas ; le « meilleur » reste à venir. Oh, pas grand chose, juste une petite phrase, tirée elle aussi du site auquel je viens de me référer. La voici : «Jamais un évêque ne m’a rappelé à l’ordre ! ». Là, de deux choses l’une : ou bien vous mentez, ou bien vous dites la vérité ! Et si vous dites la vérité, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle : nous sommes en pleine apostasie ! Si pas un seul épiscope ne vous a contesté, non seulement ils sont tous coupables de non-assistance à foi en danger, mais nous devons nous préserver de ces Ponce Pilate si nous voulons garder la foi. S’ils ne voient aucun inconvénient à ce que leurs clercs considèrent la vie éternelle comme une chose secondaire, pas non plus d’inconvénient à ce qu’ils ne soient pas d’accord avec les dogmes de leur l’Eglise, ni sur ce que signifie la Messe, c’est qu’il n’y a plus personne au gouvernail, ou qu’ils sont eux aussi contaminés jusqu’à l’os par l’hérésie.
Messieurs les évêques, vous qui êtes censés avoir la mission de protéger la foi, ne voyez-vous pas qu’à force d’être ambigus vous la détruisez ? De grâce, intervenez. Mettez vos prêtres au pied du mur en leur demandant de choisir entre la foi catholique ou leurs errements doctrinaux. Ne gardez pas dans votre institution des « représentants » qui dénigrent ce qu’ils devraient promouvoir et qui empoisonnent l’humble peuple chrétien ! Est-ce trop vous demander ? Suis-je dans l’erreur en vous suppliant d’oser enfin séparer le bon grain de l’ivraie ? Quelle entreprise, quel parti politique ne le ferait pas ?
Quant à vous, monsieur l’abbé, votre place est toute trouvée. Savez-vous qu’il manque des pasteurs dans l’aile la plus libérale de l’Eglise protestante ? Là-bas, vous seriez bien. Chez eux, on « ordonne » des femmes, on marie des homosexuels, on ne croit pas en la présence réelle, ni au purgatoire, ni en l’immaculée conception, ni en l’assomption, bref, tous ces dogmes que vous n’aimez pas ; poubelle ! De plus, on peut célébrer en complet veston et considérer comme purement symboliques la résurrection de Jésus et la nôtre !… Comment, vous ne voulez pas les rejoindre ? Et pourquoi donc ? Serait-ce le lien financier qui vous retiendrait ? Serait-ce parce que votre aura risquerait d’en pâtir ? A moins que, devant la décrépitude de cette Eglise moribonde qui prône votre discours, vous ne vous sentiez bien seul. Oui, car les faits sont là, vos « belles » théories mènent à la ruine et les dénominations «chrétiennes» qui les appliquent sont en voie d’extinction. Est-ce ce chemin-là que vous voulez faire prendre au catholicisme ? Pas moi ! Ne vous en déplaise, je préfère me tourner vers les communautés nouvelles, les JMJ, ou les abbayes comme celles de Solesmes ou du Barroux ! Là, il y a des jeunes ! Là, il y a des vocations ! Au risque de vous peiner, croyez-moi, monsieur l’abbé, « Mai 68 » est terminé ! Nous sommes en 2013 à présent et il est temps, grand temps, que vous vous en rendiez compte !
Jean-Pierre Snyers