Explications de notre glorieux Père Saint Augustin
sur
la parabole du Bon Samaritain
(Luc X, 30-37)
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Le Bon Samaritain (anonyme, vers 1537 – Amsterdam)
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Dans son ouvrage intitulé « Questions sur les Evangiles » (chapitre XIX du second livre), notre glorieux Père Saint Augustin donne rapidement le sens mystique de la parabole évangélique que nous entendons à la Messe du douzième dimanche après la Pentecôte.
Comme – malheureusement ! – beaucoup de prédicateurs en restent à une lecture assez superficielle pour ne parler que d’une « charité » très horizontale, il me paraît important de copier ici l’intégralité de ce chapitre du Docteur de la Grâce : l’enseignement qu’il dispense énonce des idées qui étaient générales aux âges de foi, mais qui sont devenues souvent étrangères à nombre de fidèles aujourd’hui.
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« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho ».
On voit ici Adam lui-même avec le genre humain.
Jérusalem est cette cité céleste de la paix, de la béatitude, de laquelle l’homme est déchu ; Jéricho – qui signifie Lune – , représente notre mortalité, laquelle naît, croît, vieillit et disparaît.
Les voleurs sont le diable et ses anges qui « dépouillèrent » l’homme de l’immortalité « et qui l’ayant couvert de plaies » en l’induisant au péché, le laissèrent demi-mort ».
L’homme, en effet, par le côté de lui-même qui peut saisir et connaître Dieu, est vivant ; mais en tant que le péché lui ôte sa force et l’accable, il est mort ; c’est pourquoi on le dit laissé demi-mort.
Le prêtre et le lévite qui, l’ayant vu, passent outre, désignent le sacerdoce et le ministère du vieux Testament qui ne pouvaient servir au salut.
C’est Notre-Seigneur Lui-même qui est figuré par le Samaritain ; le Samaritain veut dire : le gardien.
Le bandage des plaies marque la répression des péchés ; l’huile, la consolation de l’espérance bienheureuse, fruit de l’indulgence accordée pour la réconciliation de la paix ; le vin l’exhortation à la pratique fervente des oeuvres de l’esprit.
Le cheval du samaritain est l’emblème de la chair dans laquelle le Seigneur a daigné venir à nous. Etre mis sur ce cheval, c’est croire à l’Incarnation du Christ.
L’hôtellerie est l’Eglise où trouvent la réparation de leurs forces les voyageurs retournant de la terre étrangère à l’éternelle patrie.
Le jour suivant marque le temps qui suit la résurrection du Seigneur.
Les deux deniers sont ou bien les deux préceptes de la charité qui fut comme enseignée aux Apôtres par l’Esprit-Saint afin qu’ils annonçassent aux autres l’Evangile, ou bien la promesse de la vie présente et celle de la vie future. C’est en effet conformément à cette double promesse qu’il est dit : « Il recevra dans ce siècle sept fois autant, et dans le siècle futur il obtiendra la vie éternelle » (Matt. XIX, 29).
Le Maître d’hôtel c’est donc l’Apôtre. Ce qu’il donne par surcroît désigne soit le conseil de la virginité proclamé par lui : « Touchant les vierges je n’ai point de précepte du Seigneur, mais je donne un conseil » (1 Cor. VII, 35) ; soit le travail des mains auquel il se livrait pour ne rendre onéreuse la promulgation de l’Evangile à aucun des infirmes de l’Eglise lorsqu’il pouvait vivre de l’Evangile (2 Thess. III, 8-9).
B. Gozzoli : Saint Augustin enseignant.