La mise en conformité de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR) avec les normes financières est un des chantiers ouverts par le pape François. Il faut avouer que la “banque du Vatican” était un peu en délicatesse avec la morale chrétienne dans ses opérations financières. Le précédent président de l’organisme bancaire, Tedeschi, a été remercié sans ménagement, un monsignore, Nunzio Scarano, qui travaillait à l’IOR a été arrêté… Pour en finir, le pape François a nommé fin juin une commission chargée de tout passer au peigne fin et de proposer les grandes lignes de l’assainissement. Mais le pape a aussi nommé Monseigneur Battista Ricca, prélat de l’IOR, une sorte de n° 2 chargé de tout référer au Souverain Pontife. Affaire dans l’affaire ? Toujours est-il, que l’“homme de confiance” du pape pour l’IOR, pourrait bien ne pas être aussi fiable qu’on le lui avait assuré… Les adversaires de Ricca au sein de la Curie et dans l’Église universelle semblent disposer de meilleures munitions que ses défenseurs. La situation est complexe et beaucoup d’indices semblent indiquer que le pape François n’a pas été parfaitement informé sur la personnalité de Battista Ricca. C’est en tout cas ce que soutient Sandro Magister dans un nouvel article qui sortira dans la livraison de demain de l’hebdomadaire L’Espresso (n° 30 – 2013) qui avait tiré les premières salves contre l’“homme de confiance” du pape à l’IOR (un bon dossier rétrospectif pourra être consulté sur l’excellent blogue Benoît et Moi). Voici le dernier article de Magister. Accrochez-vous…
L’affaire de Mgr Ricca est un exemple type de l’ivraie que le pape Jorge Mario Bergoglio veut arracher de la curie vaticane.
Il n’y a pas du tout, dans l’Église, d’hostilité préconçue contre les homosexuels qui vivent dans la chasteté, même quand il s’agit de prêtres, d’évêques ou de cardinaux, à tel point qu’un certain nombre de ceux-ci ont occupé et occupent sans problème des postes importants.
Ce que l’Église n’accepte pas, c’est que des personnes consacrées, qui se sont engagées publiquement à vivre dans le célibat et la chasteté « pour le Royaume des Cieux », trahissent cette promesse qu’elles ont faite.
Quand cette trahison est publique, elle devient un scandale. Et pour qu’il y soit mis fin, l’Église demande un parcours pénitentiel, qui commence par le repentir. Et pas par la contrefaçon, par la dissimulation, par la tromperie, encore aggravées si elles sont accomplies avec la complicité d’autres personnes, constituant un “lobby” d’intérêts croisés, licites et illicites. Dans le cas de Ricca, la tromperie a frappé le pape François lui-même.
Celui-ci ne savait rien du scandaleux passé du prélat, ni des manœuvres actuelles visant à couvrir celui-ci, lorsque, le 15 juin, il l’a nommé prélat, c’est-à-dire son homme de confiance au sein de l’IOR. On lui avait montré le dossier concernant Ricca, qui était conservé à la direction du personnel de la secrétairerie d’état, et tout y semblait en ordre. Mais, au cours des jours qui ont suivi, plusieurs personnes dignes de confiance ont alerté le pape, verbalement ou sous forme écrite, à propos de ce qui s’était passé, depuis 1999 jusqu’en 2001, à la nonciature de Montevideo, en Uruguay, où Ricca était alors en poste. D’autres informations sont parvenues au pape, les 21 et 22 juin, lorsqu’il a rencontré les nonces du monde entier, qui étaient alors rassemblés à Rome.
Après que l’information relative au scandale qui allait éclater eut été publiée, le 3 juillet, sur le site chiesa, le pape François a voulu revoir le dossier personnel de Ricca. Cette fois encore, le dossier qui lui a été présenté était immaculé. La chaîne de commandement, composée du cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone, de son substitut Giovanni Angelo Becciu et du délégué pour les représentations pontificales, c’est-à-dire du directeur du personnel, Luciano Suriani, n’a même pas fait le geste élémentaire consistant à redemander à la nonciature de Montevideo, pour vérification, une copie des rapports rédigés par le nonce de l’époque, Janusz Bolonek, qui étaient arrivés à Rome mais que quelqu’un a évidemment fait disparaître.
Pire encore : après que L’Espresso de la semaine dernière eut porté les éléments du scandale à la connaissance de tout le monde, ils ont fait déclarer par le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, que ce qui a été publié n’est « pas digne de foi ». Alors que, bien au contraire, ces informations correspondent entièrement aux documents – ecclésiastiques ou provenant des autorités civiles – qui sont conservés en copie à la nonciature, y compris la lettre dans laquelle Bolonek implorait les autorités vaticanes de lui envoyer, en remplacement de Ricca, un nouveau conseiller qui soit “moralement sain”. En Uruguay, au moins cinq évêques qui ont été des témoins directs du scandale sont prêts à en rendre compte. « Es todo verdad », c’est entièrement vrai, ont déclaré des sources ecclésiastiques au premier journal de Montevideo, El País. Après avoir vu L’Espresso, le pape François a pris lui-même son téléphone et a appelé des personnes en qui il a confiance dans ce pays, pour avoir des confirmations définitives des faits. « Le Saint-Père, dans sa sagesse, saura certainement comment agir », a laconiquement déclaré le nonce actuel, Guido Anselmo Pecorari.
a bien y reflechir…. car notre Pape Francois a bcp cotoye le peuple, et a surement une tres bonne connaissance de l’etre humain…..
peut-etre que Pape Francois n’a pas commis d’erreur en appelant ce monsignore a ce poste,
c’etait peut-etre une facon discrete de faire sortir les loups de la bergerie…
et de bien les identifier en public
Oui, Pape Francois a bcp besoin de nos Prieres !!!
la première des “sagessese pour F…. serait de se munir d’un gilet antiballes…. et de bottes d’égouttier pour avancer dans ce marécage.
Trois des cardinaux qui entouraient François sur le même balcon de St Pierre lors de sa première bénédiction étaient problématiques:
le cardinal Re soupçonné d’avoir provoqué délibérément l’affaire Williamson en occultant à Benoit XVI la scandaleuse interview dudit Williamson à la TV suédoise,
le cardinal Mahony, ancien archevêque de San Francisco écarté de toute activité pastorale par son successeur à cause de sa gestion complaisante des affaires de pédophilie si nombreuses dans son diocèse à son époque,
le cardinal Daneels, ancien archevêque de Bruxelles, mis en cause pour les mêmes raisons que Mahony et qui avait fait des déclarations publiques contestables à propos de l’élection de Benoît XVI pour manifester son désappointement.
L’affaire que vous évoquez n’est-elle pas la réponse du berger à la bergère ?
Certains doutent que le Pape François n’ait pas été plus ou moins au courant, car Montevideo Buenos Ayres ce n’est pas très loin, même à l’échelle de l’Amérique latine et le monde des prélats est tout petit…
El Pais uruguayen s’est “réveillé” très récemment pour parler de l’affaire en reprenant d’ailleurs l’article de l’espresso alors qu’il aurait pu dès la nomination de Ricca faire la une de la conduite de l’intéressé…
Dans l’article cité il ne donne pas de sources avec des noms en parlant des prélats et religieux uruguayens
Bref, il est intéressant de voir que sans l’article de l’espresso, rien ne serait sorti et combien François est “choyé” par les médias par rapport à son prédécesseur: un changement de tactique du Système, dont le but qui est de faire taire l’Eglise ou de la rendre sans influence n’a certainement pas changé…