Lors de l’ordination de six nouveaux prêtres pour le diocèse de Paris, le cardinal Vingt-Trois a déclaré dans son homélie :
“Vous n’êtes pas d’abord des experts en religion, mais des témoins appelés à rendre compte de l’espérance qui est en vous en gageant votre parole sur le don total de votre vie dans le sacrifice du Seigneur. Toutes les années de préparation que vous venez de vivre avant votre ordination n’étaient pas des années de formation professionnelle au sens habituel du terme. Elles étaient des années de formation spirituelle au cours desquelles vous vous êtes généreusement ouverts pour que le Seigneur lui-même façonne en vous la personnalité du pasteur. Cette mission pastorale nous engage chaque jour dans la rencontre avec la raison humaine et les sagesses qu’elle produit, comme aussi avec les errements de notre société. Mais notre champ spécifique n’est pas la marge de l’irrationnel dans une société vouée à la raison scientifique ou à la satisfaction sans limite des désirs et des pulsions. La confrontation de la foi chrétienne et de la raison n’est pas un combat perdu d’avance. Elle suppose un véritable engagement des ressources de l’intelligence humaine au service de la compréhension de la parole de Dieu qui éclaire et nourrit notre vie. Si les hommes de notre temps sont en quête, ou au moins s’ils ont besoin, de repères existentiels ou de sagesse, nous n’avons pas à rougir de la sagesse du Christ que nous proposent les évangiles. Elle supporte aisément la comparaison avec les idéologies qui l’ont concurrencée au XXe siècle et qui ont produit un siècle de barbarie et d’horreur. Mais l’histoire personnelle de Jésus et l’histoire de la mission de l’Église à travers les siècles nous montrent comment cette sagesse qui vient de Dieu lui-même peut être perçue comme une folie aux yeux du monde : la folie de la croix, la folie de l’amour. Que la personne du Christ et la mission de l’Église soient controversées, ce n’est pas une nouveauté de notre temps. C’est une donnée permanente de la rencontre de la Révélation divine avec les attentes humaines ou les utopies sur l’avenir. Cette controverse n’est pas un simple débat intellectuel. Elle est le reflet de la lutte de la liberté humaine avec la Vérité qui l’éclaire et la questionne. Elle ne doit ni nous surprendre ni nous effrayer. Elle est le régime normal du combat de l’homme pour accéder à la plénitude de sa vocation de fils de Dieu.”
Que Mgr Vingt-Trois soit à ce point inspiré du Saint Esprit est une merveilleuse nouvelle. On ne saurait trop l’encourager vivement à persévérer dans cette voie, à la suite de son prédécesseur Mgr Lustiger et de notre cher Benoît XVI.