Il y a une grosse différence entre l’Argentine en la France. En France, un jeune homme dans le peut être privé de nourriture en vue de le faire mourir sans que cela n’émeuve personne sauf ses parents, qui ne veulent pas de cette euthanasie par omission, et un journal comme Présent, et ce blog : il s’agit d’« Hervé », dont je vous disais jeudi qu’il est en train de mourir ici et maintenant. En Argentine, le même scénario est en train de se dérouler dans la ville de Neuquén. Mais là, c’est l’évêque du lieu qui se mobilise et qui prend vigoureusement la parole en défense du jeune homme.
Marcelo Diez |
Ce sont les membres de la famille de Marcelo Diez, 49 ans, qui ont demandé à la justice, il ya deux ans, le droit de le faire priver de nourriture et d’hydratation en vue de le faire mourir. Marcelo Diez est dans un coma végétatif depuis 19 ans.
La chambre civile du Tribunal supérieur de justice de Neuquén a répondu favorablement à leur demande il y a quelques jours, après les refus répétés des juridictions inférieures. Elle a même jugé qu’elle n’avait pas à intervenir par rapport à la demande des sœurs de Marcelo, estimant que leur décision de demander une « mort digne » pour leur frère, victime d’un accident de moto à l’âge de 30 ans, pouvait être accordée par les responsables médicaux sans l’intervention de la justice.
La décision dépasse ainsi très largement le cadre de ce cas d’espèce puisque désormais, dans la province de Neuquén, le retrait des soins ordinaires en vue de faire mourir un patient devra être considéré comme un droit.
Mgr Virginio Bressanelli, évêque du lieu, a lancé vendredi un appel solennel aux proches de Marcelo Diez afin qu’ils ne fassent pas mettre fin à sa vie jusqu’à ce que « son parcours sur cette terre prenne fin naturellement ». Son communiqué précise que l’Eglise et l’association Lucha Neuquina contra el Cancer, prendront le patient à leur charge.
Invoquant la constitution argentine qui garantit le respect de la vie « depuis la conception jusqu’à la mort naturelle », le prélat a plaidé pour son droit de vivre, « le premier droit qui fonde tous les autres ».
« En Marcelo, nous voyons Jésus, qui nous rappelle que chaque personne a du prix aux yeux de Dieu, le Père. »
Il précise aussi que, contrairement à ce qui se raconte, Marcelo « n’est branché à rien » et ne l’a pas été ces dernières années. « Dire que Marcelo Diez est dans un stade terminal ou à l’agonie ne correspond pas à la vérité. Dans son cadre, il jouit d’une santé stable, sans le moindre refroidissement, ni même d’escarres depuis fort longtemps. »
« Il n’est pas juste, par conséquent, d’appeler “mort digne” un mort atroce comme celle provoquée par l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. La science médicale connaît et décrit la cruauté de cette pratique. Dans ce type de mort, personne n’exclut l’éventualité de grandes souffrances et d’une conscience partielle de ces souffrances », affirme le communiqué du diocèse.
Mgr Bressanelli reprend ensuite mot pour mot un communiqué qu’il avait publié le 15 août dernier alors que l’affaire se plaidait devant la justice. Il vient d’être remis en ligne sur la page Facebook du diocèse, et qui mérite d’être cité en entier. Je vous en propose ma traduction.
Le droit à une assistance de base
Mgr Virginio Bressanelli
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Alors qu’il se dit et s’écrit beaucoup de choses, et qu’on débat beaucoup autour du cas de Marcelo Diez, et vu que beaucoup, soutenant des positions diverses, ont même invoqué la doctrine de l’Eglise, il est de mon devoir de communiquer à la communauté chrétienne et aux habitants de Neuquén ce qui relève de ma charge pastorale et ce que je sais de cette affaire.
Alors qu’il se trouve dans un état d’inconscience persistante, Marcelo jouit d’une santé physique stable. Il n’est branché à rien. Il n’est pas en phase terminale. Il ne subit aucune thérapie, ce qui veut dire qu’il ne fait pas l’objet d’un acharnement thérapeutique qui prolonge artificiellement sa vie. Il ne manifeste pas non plus ressentir une quelconque douleur physique, psychologique ou spirituelle.
Il présente des réactions minimales. On ne sait pas s’il entend ou quel peut être son degré de conscience par rapport à lui-même ou à la réalité qui l’entoure. Il se trouve, plutôt, dans une situation de profond handicap. Tout cela nous place devant le mystère de la vie d’un frère, et de cette vie, il n’y a pas de tierce personne qui puisse en être le maître ou l’administrateur.
Marcelo reçoit seulement l’alimentation et l’hydratation entérales, et le confort de base qui lui assure, dans son cadre, la qualité de vie digne que mérite tout être humain (hygiène, affection, assistance spirituelle). Il ne vit pas prostré dans son lit : chaque jour il est levé, on le met dans un fauteil roulant, on le fait participer aux espaces de communauté, on lui parle, on lui passe de la musique. Ses réactions se lisent sur son visage, qui s’illumine lorsqu’il écoute de la musique, ou qui montre de la contrariété lorsque quelque chose le gêne.
On ne lui fait subir aucun soin disproportionné ou extraordinaire, mais seulement les soins de base que l’on assure à toute personne souffrant d’une incapacité qui l’empêche de satisfaire lui-même à ses besoins.
Du point de vue humain c’est une vie que nous devons respecter, protéger et soutenir jusqu’à ce que son état s’améliore, comme l’espéraient ses parents, ou jusqu’à ce que son cours prenne fin naturellement.
Lui ôter les soins qui lui sont aujourd’hui donnés le condamnerait à une mort atroce. Il s’agirait d’une euthanasie par omission et un délit d’abandon.
Nous ne pouvons nier qu’il s’agit d’une situation délicate et complexe.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer la souffrance des personnes qui l’aiment et qui espèrent que son état évolue positivement. Nous nous sentons solidaires d’eux. Nous nous trouvons cependant devant un défi : celui d’accepter courageusement nos limites, et de nous engager toujours en faveur d’une vie dont nous ne sommes ni les maîtres ni les administrateurs absolus. C’est une de ces nombreuses vies qui appellent le dévouement généreux de personnes qui s’occupent d’elles et ont besoin d’une société qui les respecte.
En tant qu’hommes et femmes qui aimons la vie et qui croyons en un Dieu de la vie, nous devons reconnaître qu’il s’agit d’un mystère qui nous dépasse. Il y a des situations que nous ne pouvons pas maîtriser, et auxquelles nous ne pouvons pas apporter de solutions ou d’améliorations significatives. Dans ces situations il nous reste quelque chose qui valorise et qui rend digne chacun : redoubler notre capacité d’amour, renoncer humblement à notre désir de toute-puissance et offrir au frère qui en a besoin tout ce qu’il nous est possible de lui donner, faisant confiance à Dieu le Père qui dans sa Providence, même dans ces cas, est en train de réaliser un dessein d’amour pour le bien de beaucoup.
Neuquén, 15 août 2012Virginio D. Bressanelli scjPère évêque de Neuquén
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Je me demande toujours pourquoi les mêmes proches devant un suicidé exigent avec la même force qu’on le sauve et pourquoi les mêmes médecins déploient tous les moyens pour le sauver ! Preuve que l’euthanasie est une demande de l’entourage et non pas de celui qui souffre ?
quelle honte de demander la mort d’un de ses proches !
je pense a ma soeur, que l’equipe medicale voulait euthanasier, car elle n’avait aucune chance de survie…
il y a 50 ans cette annee qu’elle est tetraplegique, certes, mais qu’elle est intellectuellement parfaitement constituee, et qu’elle a passé son demi-centenaire a aider les autres autour d’elle, et a remercier Notre Seigneur, pour le Don de sa vie dans un fauteuil roulant.
Assez du droit de mort sur ceux qui ne peuvent pas se defendre, comme cette sordide affaire Gosnell aux Etats-Unis.
Quoi dire de plus ? Un évêque qui a pris à cœur son engagement au Christ et qui n’en dévie pas,même sous la pression sociale et mondaine. Des autres Christ comme cela,Seigneur,donnez-nous en en abondance.C.P. Amen !
Il s’agit d’assassinats associes a des traitements inhumains. Prions pour ces victimes.