Presque exactement à l’heure où le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy entamait sa visite au papeFrançois à Rome, le cardinal Rouco Varela a interpellé sévèrement ce matin le gouvernement en l’accusant de ne rien faire pour les droits de la vie et des familles. C’était à l’occasion de son discours inaugural à l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale espagnole. L’archevêque de Madrid n’a pas mâché ses mots en abordant les questions politiques vers la fin du discours :
« La crise économique perdure, avec son cortège de chômage – spécialement le chômage des jeunes – et de manque de moyens pour faire face aux dettes contractées pour l’achat de sa maison, ni aux besoins des personnes âgées et des immigrés. La déprotection légale du droit à la vie des enfants à naitre perdure, perdure aussi une législation du mariage gravement injuste. Perdure encore l’absence de protection adéquate pour la famille et la natalité, spécialement pour les familles nombreuses. La qualité de l’enseignement continue de laisser beaucoup à désirer, alors que c’est d’elle que dépend dans une si grande mesure l’avenir de la société. C’est pourquoi le pluralisme social et politique parmi les catholiques est légitime. Cependant, le pluralisme légitime ne doit pas être confondu avec le relativisme. »
Le cardinal a précisé ces accusations en ces termes à propos de l’avortement :
« Il n’est pas facile de comprendre qu’à l’heure qu’il est, il n’y ait pas même un avant-projet de loi qui permette une protection efficace du droit à la vie de ces êtres humains innocents qui pour se trouver aux premières étapes de leur existence ne laissent pas de jouir de ce droit de base fondamental. La réforme en profondeur de la législation existente est urgente. Il faut mettre un terme de toute urgence à ce sanglant problème social de première importance. »
Sur le « mariage » des couples de même sexe, Mgr Antonio Rouco Varela a demandé également que la loi introduite par le gouvernement Zapatero soit abrogée :
« Nous devons également répéter que la réforme de notre législation sur le mariage est urgente. Il ne s’agit pas de priver quiconque de ses droits, ni non plus d’une invasion légale dans le domaine des options intimes de chacun. Il s’agit de restituer à tous les Espagnols le droit d’être expressément reconnus par la loi comme époux ou épouse. »
Cette demande de mettre fin urgemment au « mariage » des homosexuels qui, en Espagne, ne concerne bien sûr que le mariage civil, est intéressante à méditer du point de vue français. Car en Espagne, le mariage religieux est pleinement reconnu par l’Etat, et porteur d’effets civils. Ainsi les catholiques n’ont-ils pas besoin, comme en France, de « passer par la mairie » pour que leur union soit dotée des protections, droits et devoirs sociaux du mariage. Pour autant le cardinal Rouco estime que tous les Espagnols, et tous les catholiques, sont lésés par l’existence du « mariage » civil des homosexuels.
Lorsque la loi sur le « mariage » des homosexuels venait d’être approuvée par le Tribunal suprême espagnol, le même cardinal Rouco avait déclaré :
« La législation actuelle sur le mariage est gravement injuste, parce qu’elle ne reconnaît pas clairement l’institution du mariage dans sa spécificité et qu’elle ne protège pas le droit des contractants d’être reconnus dans l’ordonnancement juridique comme époux et épouse ; elle ne garantit pas non plus le droit des enfants et des jeunes d’être éduqués comme “époux” et “épouses” de l’avenir ; ni le droit des enfants d’avoir un père et une mère au sein d’une famille stable. »
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qu’attendent nos évêques français pour montrer le même courage ?