L’ex-présidente socialiste du Chili, Michelle Bachelet, vient d’être nommée par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, à la tête de la nouvelle super-entité onusienne, ONU Femmes. Dans le cadre des objectifs du Millénaire, elle était déjà chargée de « l’égalité de genre » mais ses partisans regrettaient qu’elle n’ait pas de rôle décisif par rapport à la « santé reproductive » : de fait, Michelle Bachelet a tenté d’imposer la pilule du lendemain au Chili malgré les lois qui défendent la vie dans ce pays d’Amérique latine. (Ici, le texte de la conférence de presse de Ban Ki-Moon.)
La nouvelle Secrétaire générale d’ONU Femmes (UN Women) était la candidate pressentie depuis la création de l’entité et elle est présentée comme « consensuelle », ce qui veut dire qu’elle partage les a priori égalitaristes et malthusiens de cette nouvelle agence aux pouvoirs multipliés.
Voici l’article paru au sujet d’ONU Femmes dans Présent de ce mercredi matin (mis sous presse avant que la nouvelle de la nomination fût connue) :
« ONU Femmes » se présente à l’Unesco
Il est toujours instructif d’aller voir par soi-même… Lundi après-midi, une grande salle de conférences de l’Unesco accueillait à Paris, dans le cadre du « Forum Unesco du Futur », une conférence sur la nouvelle super-agence de l’ONU pour les femmes, entité créée le 2 juillet dernier pour mettre en œuvre partout, et dans tous les domaines, l’égalité des sexes. En clair : la mise en place de l’idéologie égalitariste qui nie la différence et la complémentarité entre les sexes – voire les sexes eux-mêmes puisque l’idéologie du genre qui en fait des constructions culturelles est fortement présente dans les différentes entités de l’ONU.
Cette nouvelle agence sera dotée d’ici à peu de jours d’un, ou plus probablement une Sous-Secrétaire générale qui malgré son titre apparemment subalterne, n’aura au-dessus d’elle que le Secrétaire général, Ban Ki-Moon : dès que l’entité deviendra opérationnelle, en janvier prochain, ONU Femmes regroupera en effet les quatre agences existantes pour l’égalité et le droit des femmes : UNIFEM (développement), DAW (promotion des femmes), INSTRAW (recherche et formation) et OSAGI (conseiller spécial sur les affaires de genre).
Il s’agissait donc de présenter tout cela de manière officielle, mais aussi publique : il y a de l’argent et du pouvoir en jeu, et donc – cela se sentait – des tensions.
Argent : ONU Femmes espère un budget d’un demi-milliard de dollars, soit le double de ce qui est actuellement alloué aux agences précitées. A récupérer sur les contributions des pays membres, sur leurs dons volontaires et sur les dons des ONG et particuliers…
Pouvoir : l’objectif d’ONU Femmes est de créer et de promouvoir des normes internationales et locales pour l’égalité des sexes, d’aider à leur mise en place concrète dans les pays membres, et de vérifier que toutes les autres agences de l’ONU respectent le principe du gender mainstreaming dont, faute d’une traduction exacte possible, je vous propose la définition par le Conseil de l’Europe : « La (ré)organisation, l’amélioration, le développement et l‘évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l‘égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques. »
Derrière ces mots se cache la plus destructrice, la plus nihiliste des luttes des classes – marxisme chimiquement pur – : la guerre entre les sexes, la négation absolue des différences entre êtres humains.
En pratique, les autres agences de l’ONU seront donc comptables devant ONU Femmes de leur action pour éliminer toute différence de droits et de devoirs entre hommes et femmes. Cela semble créer quelques remous chez ceux qui vont devoir se justifier, d’où quelques interpellations sur le sujet dans la salle. Mais oui, ONU Femmes aura un rôle de « chien de garde », reconnaissait lundi la première conférencière, Rachel Mayanja, Sous-Secrétaire générale des Nations unies, conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, parce que les autres agences ont montré qu’elles ont failli à ce sujet. Mais oui, il faudra faire un « travail de police », ajoute l’autre conférencière, Aminata Touré, Chef de la Division pour les questions de genre, droits humains et culture auFNUAP (Fonds des Nations unies pour la population, l’institution la plus malthusienne de l’ONU). Mme Touré est d’ailleurs elle-même ancienne de la Fédération internationale du Planning familial.
Le choix de ces deux femmes – d’origine africaine – pour faire la promotion d’ONUFemmes auprès de l’Unesco dans le cadre de son « Forum du Futur » est hautement symbolique. Au-delà des considérations de financement et de compétences qui révèlent tout ce qu’il y a d’humain (et peut-être même de mesquin) dans ces manœuvres au sein du pouvoir supranational, il y a une profonde identité de vues, affirmée d’emblée lors de ses propos introductifs par la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova : il faut promouvoir le gender mainstreaming et la « santé reproductive et sexuelle », qui dans le langage des féministes (notamment l’ONG « GEAR ») qui ont milité et œuvré depuis 2007 pour la création d’ONU Femmes, signifie l’accès global à la contraception et à l’avortement légal. Mmes Mayanja et Touré ont évoqué tour à tour ces deux notions, ainsi que l’« autonomisation » des femmes (« empowerment ») par quoi le monde sera sauvé aussi bien sur le plan du développement durable que de la lutte contre la pauvreté et la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais ce remède miracle – qui coûtera très cher, et pas seulement sur le plan financier et matériel – fait l’impasse sur la première réalité féminine : c’est la femme qui porte la vie et la donne, c’est elle qui garde le foyer.