“Ce que pensent les personnes plus âgées sur le fait de mettre fin à la vie” : ma traduction du titre d’une enquête menée par une association de médecins néerlandais est volontairement maladroite, histoire d’en garder la saveur littérale. Il s’agit en effet, pour cette étude publiée dans le mensuel Maandblad van het Nederlands Huisartsen Genootschap (association professionnelle des médecins de famille néerlandais), de faire comprendre qu’au fil des ans, depuis la légalisation de l’euthanasie en 2001, un nombre croissant de personnes âgées juge l’euthanasie acceptable et même envisageable à titre personnel.
Ce qui n’a rien d’étonnant, vu le matraquage médiatique intense et les campagnes de sensibilisation menée par des associations favorables à la possibilité de choisir de mourir quand on est simplement « fatigué de vivre », telle la NVVE, association néerlandaise pour la fin de vie volontaire.
Plus parlante encore est la toute première donnée de l’étude, celle qui est en tête des « faits déjà connus » et donc de son point de départ :
« En raison de l’allongement de l’espérance de vie la proportion de personnes âgées vulnérables va connaître une croissance substantielle à l’avenir. »
Et la seconde :
« Une discussion s’est installée depuis quelque temps déjà sur le point de savoir si, et si oui dans quelle mesure, des personnes âgées qui ne veulent plus vivre parce qu’elles estiment leur vie achevée peuvent se trouver dans le champ d’application de la loi d’euthanasie. »
Du balai !
En effet, les conclusions de l’enquête, selon henw.org, sont nettes : le pourcentage des personnes imaginant pouvoir demander un jour pour elles-mêmes l’euthanasie ou une « pilule de dernière volonté » a augmenté entre 2002 et 2009, très clairement parmi les 64-74 ans, moins chez les personnes plus âgées. Chose que les enquêteurs expliquent par le fait que les plus de 75 ans ont une idée moins précise de « l’autonomie du patient » et adhèrent encore à un « modèle paternaliste », à moins que leur moindre enthousiasme ne soit le fait de la proximité plus grande de leur propre mort, signalent les auteurs, sans rire.
Etes-vous prêt à imaginer votre propre euthanasie ? Tous âges confondus (au-delà de 64 ans), 54 % des interrogés répondaient oui en 2001-2003 ; ils étaient 63 % en 2008-2009. Chez les 64-74 ans la proportion passe de 58 % à 70 % et même les 85 ans et plus sont aujourd’hui un sur deux à envisager la chose, contre 45 % en 2001-2003.
Et la pilule de Drion, ou « pilule de dernière volonté » que des activistes voudraient voir figurer dans les armoires à pharmacie de tous les anciens ? On passe de 31 % des interrogés envisageant de la demander pour eux-mêmes en 2001-2003 à 40 % en 2008-2009, ces pourcentages montant respectivement à 31 et 45 % chez les 64-74 ans. Les proportions augmentent également en fonction du degré d’instruction : plus on a d’années d’études, plus on est prêt à se laisser éliminer ; même chose à mesure qu’on a moins de convictions religieuses. En revanche, la présence d’une maladie chronique n’était pas corrélée avec une acceptation plus grande de la « fin de vie volontaire »
Ces chiffres seraient le signe d’une exigence croissante de la conservation de l’autonomie de la part des personnes âgées, et devraient pousser les médecins à mieux soigner, à mieux chercher à soulager des souffrances jugées insupportables – fort bien – mais ils « exigent également la poursuite de la discussion sur la souffrance et le désir de mort des personnes âgées ». Et là on dérape vers une forme pas très discrète d’incitation, l’idée étant de soulever le sujet quasi systématiquement afin de mieux connaître la « volonté » des personnes vieillissantes.
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