Nous Vous saluons, ô Croix, notre unique espérance,
en ce temps de la Passion!
Samedi 16 mars 2013,
après les premières vêpres du premier dimanche de la Passion.
«Voici revenir les saintes solennités du Christ Sauveur,
et ses pieux ministres célèbrent les jeûnes que leur voeu leur impose.»
Ausone (Idylles – 1, Vers sur la Pâque)
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Nous avons voilé croix et statues, nous avons entonné l’hymne « Vexilla Regis prodeunt » : nous voici entrés dans le Saint Temps de la Passion par lequel nous allons avancer jusqu’au Triduum Sacré.
« Fulget Crucis mysterium! le mystère de la Croix resplendit ».
C’est d’une Croix particulière que je veux vous entretenir ce soir, à travers une très belle histoire (il y en a tout de même quelques unes dans ce triste monde), une histoire véridique qui concerne notre Mesnil-Marie.
Vers le 15 février, en surveillant comme il le fait régulièrement, un site de vente sur Internet, Frère Maximilien-Marie a repéré des éléments d’un ornement liturgique noir (pour les Messes de Requiem) qui pourraient heureusement s’assortir à une très belle chasuble noire qui nous a été donnée mais dont l’étole, le manipule, le voile de calice et la bourse sont manquants.
Il a donc pris contact avec le vendeur qui, après avoir eu un échange sympathique avec Frère Maximilien-Marie et apprenant que ce serait rendu au culte, en a témoigné de la joie et a voulu se montrer accommodant…
Je dois vous dire au passage que notre Frère, en fonction des dons qui nous sont faits, lorsque c’est possible, met de l’argent de côté pour le rachat et l’entretien d’objets ou ornements destinés au culte (cela est inscrit dans les statuts de l’association Refuge Notre-Dame de Compassion).
Frère Maximilien-Marie lui a donc adressé le règlement convenu, mais, avant même que nous n’eussions reçu le paquet contenant ces pièces d’ornement, il a été à nouveau contacté par ce brocanteur qui lui proposait un Crucifix en bois polychrome, sur pied, mesurant soixante-dix centimètres de hauteur, en lui expliquant qu’il provenait de l’oratoire d’une gentilhommière provençale du XVIIIème siècle qui avait été récemment vendue : les nouveaux propriétaires ne voulaient pas le garder (!!!) et, selon toute vraisemblance, ce Crucifix se trouvait dans cet oratoire depuis l’origine.
Le brocanteur proposait donc à Frère Maximilien-Marie de le lui revendre pour deux-cent cinquante euros : cela représente certes une somme assez importante, mais pour un Crucifix de cette qualité et de cette époque, il s’agissait vraiment d’une proposition de faveur!
Frère Maximilien-Marie s’est fait envoyer des photos par courrier électronique, puis il a répondu au brocanteur que ce Crucifix nous intéressait vraiment, et que nous aimerions bien l’acquérir, mais que nous n’avions pas à disposition la somme nécessaire à cet achat ; puis il a ajouté : «Mais je vais voir si la Providence veut que nous puissions vous l’acheter. Voici donc ce que je vais faire : je vais lancer un appel sur un « célèbre réseau social » en expliquant que si les amis du Refuge Notre-Dame de Compassion veulent nous aider à l’acquérir, il « suffit » que vingt-cinq personnes nous donnent chacune dix euros ou bien cinquante personnes chacune cinq euros… Si j’ai les dons ou promesses de don à la fin de la journée, je vous le prendrais».
Ainsi fut-il fait…. Et avant même la fin de l’après-midi, la somme était obtenue!!!
Quelques jours plus tard, nous reçûmes donc au Mesnil-Marie ce beau Crucifix ancien que Frère Maximilien-Marie a délicatement nettoyé (avec des cotons-tiges, profitant des belles après-midi ensoleillées que nous avions alors il travaillait dehors à la lumière naturelle), puis placé dans notre oratoire.
Le voici après nettoyage :
Frère Maximilien-Marie et moi-même, nous sommes très reconnaissants à tous nos amis et bienfaiteurs pour leur générosité, ainsi que pour leur célérité à répondre à cet appel : nous avons déjà eu l’occasion de leur dire merci, sur le réseau social en question, mais je tiens aussi à le dire ici encore une fois.
Toutefois, il est encore une chose que je dois ajouter : une chose qui ajoute à la beauté de cette histoire, et qui constitue un autre motif de reconnaissance envers tous ceux qui nous ont fait parvenir leur obole pour que ce Crucifix soit à nouveau honoré.
A travers leur geste de générosité, en effet, ils ont aussi accompli, sans s’en douter, un acte que je n’hésite pas à qualifier d’apostolique.
En effet, lorsque Frère Maximilien-Marie a écrit ce jour-là au brocanteur qu’il allait pouvoir disposer de la somme, il a reçu très rapidement après cette réponse :
«(…) Je suis ravi qu’il vous revienne et profondément ému de voir que vous avez autour de vous des gens sensibles et généreux. Cela réconforte des gens comme moi, qui ne croyons plus en l’humanité. J’ai quitté la région parisienne et ses multiples amusements en quête de réponses à beaucoup de questions… encore sans réponses.
Et voici qu’au hasard d’une vente sur Internet je « rencontre » un moine dont le rayonnement paisible de confiance et de foi me bouleversent au-delà de ce que je peux exprimer et de ce que je peux m’expliquer… Puissiez-vous convertir le plus d’âmes possibles. Je vous envie…»
Voilà, je tenais à partager ceci avec vous ; et je vous demande de vous unir à nous par la prière pour que la grâce se fraye un chemin dans cette âme, afin qu’en lui apportant la réponse à toutes ses questions elle reçoive la lumière et la paix de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Cette Lumière et cette paix qui découlent de la surabondante Rédemption accomplie par notre divin Sauveur sur la Croix.
A travers cette acquisition, ne peut-on aussi voir une espèce de parabole symbolique? Ce Crucifix ancien, rendu à la dévotion pour laquelle il avait été sculpté ne nous parle-t-il pas d’espérance? Ceci ne nous conforte-t-il pas dans ce que notre cher Gustave Thibon avait si magnifiquement exprimé dans l’un des aphorismes de « L’Echelle de Jacob » : « Ce qui est éternel n’a pas besoin d’être rajeuni : il suffit de le ramener à son intégrité primitive. Le véritable aggiornamento consiste à souffler sur la poussière d’hier et non à la remplacer par la poussière d’aujourd’hui que balayera le vent de demain » ?
Bon, fervent et saint temps de la Passion à tous!
Lully.
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