Désolée pour le retard. Les informations concernant Mark Regnerus – auteur d’une étude sur les enfants ayant un parent avec une expérience homosexuelle – que je rapporte ci-dessous sont connues depuis fin août et novembre de l’année dernière. J’aurais dû en parler avant, mais une chose chasse l’autre et moi, je cours après le temps… Cela dit, avec la perspective de la reprise des manifs et des discussions parlementaires à propos du « mariage » des homosexuels, je crois devoir enfin vous présenter ces faits, d’autant qu’à ma connaissance ils n’ont pas été répercutés dans la presse francophone.
Donc, en juin dernier, Mark Regnerus publie dans la revue américaine Social Science Research son article sur les enfants de parents ayant eu une expérience homosexuelle (article traduit intégralement par Famille et liberté, ici). Une campagne de dénigrement s’ensuit, lancée par des associations activistes homosexuelles (voir notamment ici) qui réclament des sanctions à l’égard du chercheur, professeur de sociologie à l’Université du Texas, des sanctions pour « inconduite scientifique ».
Il faut dire que Regnerus avait frappé fort en révélant les difficultés rencontrées par nombre d’enfants élevés dans des foyers où l’un des parents avaient eu une expérience homosexuelle – suffisamment importante et durable pour que l’enfant parvenu à l’âge adulte s’en souvienne précisément. L’étude reposait en effet sur l’interrogation de 3.000 de ces enfants devenus grands, après examen de 15.000 dossiers de jeunes adultes âgés de 18 à 39 ans.
Ses critiques l’accusaient d’avoir fait financer son étude par plusieurs institutions conservatrices, avec au premier rang le Witherspoon Institute – chose qui n’était un secret pour personne puisque le jeune chercheur avait rendu compte de tous les financements de son étude dans le cadre de son article initial. Et cela ne poserait un problème que si les conclusions de son études avaient été taillées pour satisfaire leurs « commanditaires ».
Or ce n’est pas le cas. L’Université du Texas, saisie du dossier, a mené une enquête serrée comme c’est son habitude dès lors que la probité ou la compétence scientifique d’un de ses membres est mise en cause. Et, le 29 août 2012, UT publie ce communiqué :
« L’Université du Texas à Austin a établi qu’aucune investigation officielle ne se justifie par rapport aux allégations d’inconduite scientifique exprimées à l’encontre du professeur associé Mark Regnerus en ce qui concerne son article de juillet dans le journal Social Science Research.
Ainsi que l’exige son Manuel Révisé des Procédures d’Action, l’université a mené une enquête afin de déterminer si les accusations faites par l’écrivain Scott Rose étaient défendables et méritaient la mise en œuvre d’une investigation formelle. Après avoir consulté un panel de quatre conseillers composé de membres éminents de la faculté, le bureau du Vice-Président pour la Recherche a conclu, dans un rapport daté du 24 août qu’il n’ya pas d’éléments suffisants pour justifier une investigation.
(…) L’affaire est close du point de vue de l’institution. »
Ayant confirmé la bonne foi de Mark Regnerus, le communiqué s’achève sur ces mots :
« Comme c’est souvent le cas pour la recherche universitaire, l’étude de Regnerus sur les Nouvelles structures familiales touche à une question controversée et très personnelle qui est actuellement en débat dans la société en général. L’université s’attend à ce que la communauté universitaire continue d’évaluer et de réagir aux conclusions de l’article de Regnerus, et soutient de tels débats. »
Voilà qui aurait dû réduire à néant les véritables tombereaux de haine qui se sont abattus sur le sociologue, remuant les communautés gays du monde entier mais avec elles les médias : en fait, celles-ci ne sont probablement même pas au courant de cette justification de son travail et de ses méthodes.
Il faut le savoir : toute étude concluant à l’existence de problèmes plus fréquents chez les enfants élevés par des homosexuels (et ici, il ne s’agissait pas de foyers homosexuels) sont immédiatement discréditées sur le plan médiatique. A l’inverse, on nous dit sur la foi d’autres études qu’il est indifférent, voire mieux de grandir dans un foyer homosexuel ou « hétérosexuel ». Il se trouve que le numéro auquel de Social Science Research avait contribué Mark Regnerus comportait justement un article critique du Pr Loren Marks de la Louisiana State University sur les études précédentes sur les foyers homosexuels et les enfants qui y grandissent : les 59 études, plus précisément, qui ont abouti en 2005 à la déclaration de l’American Psychologists Association selon laquelle les parents homosexuels ont autant de chances que les parents « hétérosexuels » de soutenir et faciliter la croissance psychologique des enfants. Loren Marks y montrait que lesdites études étaient profondément flouées, avec des problèmes d’échantillonnage, de conception, de rigueur statistique et des conclusions impossibles à appliquer à l’ensemble de la population.
C’est ce que rappelle Matthew J. Franck, auteur du Witherspoon Institute, ici.
Regnerus, poursuit-il, apportait quelque chose de totalement nouveau. Son étude est la première à avoir interroger un échantillon important, pris au hasard dans la population des jeunes adultes, ceux-ci étant interrogés sans intermédiaire sur leur vie d’enfant et sur leur vie présente, à travers de multiples critères comme le succès économique et scolaire, l’expérience amoureuse et sexuelle, le crime, la violence, etc. Soit 15.000 dossiers étudiés et près de 3.000 personnes interviewées.
Sur 25 des 40 critères, les enfants de mères ayant eu une relation lesbienne ont eu de mauvais résultats comparés à ceux des enfants élevés au sein de familles biologiques intactes. Pour les enfants avec un père ayant eu une relation avec un autre homme avaient 11 mauvais résultats sur 40. Regnerus n’a pas signalé la sexualité des parents comme responsable de cet état de fait, affirmant que d’autres forces pouvaient être à l’œuvre spécifiquement dans les familles gays et lesbiennes, mais il disait clairement : « l’affirmation empirique selon laquelle il n’y a pas de différences notables doit être rejetée. »
Massacré par la presse, Mark Regnerus était alors accusé de deux méfaits principaux : avoir trompé sur la réalité de son étude en utilisant des abréviations pour « mère lesbienne » et « père gay » alors que ces personnes ne s’identifiaient peut-être pas comme tels, s’étant peut-être contentées d’une passade d’une nuit, et, deuxièmement, avoir comparé leurs enfants avec des couples (« hétérosexuels ») mariés ayant élevé leur propre progéniture biologique et étant restés ensemble durant toute l’enfance de celle-ci, voire davantage : « C’est comparer des pommes et des oranges. » Il aurait dû, selon ses détracteurs, comparer ces enfants de couples « hétérosexuels » stables avec les enfants de paires gays ou lesbiennes durables, intactes et stables et s’identifiant ainsi. Il ne fallait donc pas accuser les relations homosexuelles mais l’instabilité.
Regnerus a répondu à ces critiques et sa réponse a été publiée, de nouveau par Social Science Research, en novembre : j’en parle dans le prochain message.
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L’étude parle de couples dont un parent a eu au moins une expérience homosexuelle. Fort bien. Il faut constater que c’est là le problème. La solution ? Que les deux soient homosexuels !