On ignore qui sera le prochain Pape. Voilà qui est certain. Mais ce qui est dans l’ordre du probable, c’est que le prochain Pape devrait se dispenser des services de l’actuel préfet de la Congrégation de la doctrine de la Foi, Mgr Gerhard Müller, nommé à cette fonction par Benoît XVI en remplacement du cardinal américain William Levada.
Andrès Beltramo Àlvarez a consacré un article le 18 février dernier à la dernière déconvenue de Mgr Müller, dans Vatican Insider (un blogue de La Stampa), sous le titre non équivoque : « Et Bertone passa un savon à Müller ».
L’Université catholique “rebelle” de Lima au Pérou, en raison du caractère hétérodoxe de l’enseignement de théologie qui y été dispensé, avait été vivement critiqué par le cardinal Juan Luis Cipriani Thorne, archevêque de Lima et Rome avait enlevé à l’Université ses qualificatifs de «catholique » et de « pontificale » (décret de juin 2012). Une décision très grave révélatrice de la gravité de la situation. Mais, dans une lettre de janvier dernier, Mgr Müller priait le cardinal de revenir sur sa décision d’interdire d’enseignement les théologiens hétérodoxes et de les maintenir tant que le Saint-Siège n’aurait pas étudié le cas et rendu son verdict : il voulait se garder le dernier mot contre l’autorité locale… Mgr Müller est très lié à l’ancienne Université « catholique et pontificale » dont il reçut, malgré les objurgations du cardinal Cipriani Thorne, un doctorat “honoris causa”… Cette lettre a été jugée tellement incongrue tant par la forme (une simple télécopie) que par le fond (ingérence inadmissible en droit canonique dans l’expression de l’autorité d’un évêque) par le cardinal qu’il s’en est ému en haut lieu à Rome. Agissant sur ordre du pape, le cardinal Tarcisio Bertone a convoqué une réunion cardinalice voici quelques jours, qui a eu pour effet d’invalider l’initiative « personnelle » de Mgr Müller, écrite hors les formes et les canaux requis, sans consultation des spécialistes de la Congrégation pour la doctrine de Foi et contraire au droit canonique. Rien que ça ! Sous les formes prescrites, le cardinal Bertone a fait savoir au cardinal Juan Luis Cipriani Thorne que la démarche de Mgr Müller était nulle et non avenue, et que le Saint Siège ne changeait rien à ce qu’il avait décidé en juin 2012. C’est un coup sévère porté au préfet et, écrit Andrès Beltramo Àlvarez, « certains à l’intérieur de la Curie commencent à s’interroger si [Mgr Müller] est vraiment idoine à ce poste d’énorme responsabilité qui n’autorise aucune erreur ou improvisation tant dans la forme que dans le fond »…
Je me réjouis grandement de cette initiative du cardinal Bertone et du Saint-Soiège d’avoir annulé la décision injustifiée et même désinvolte de Mgr Müller.
J’ignore si Mgr Muller est sur un siège éjectable. Mais le cardinal Bertone l’est assurément: il a passé la limite d’âge et ne laissera pas un souvenir impérissable comme Secrétaire d’Etat.
pour ce qui est de ” l’ ingérence” et du ” manque de forme” Mgr Bertone remporte à tout jamais la palme!…..