Jeudi 14 février dernier, le pape Benoît XVI recevait le clergé romain, les prêtres de son diocèse, « il mio clero » comme il le précise avec affection au début du discours improvisé qu’il leur a tenu. Un lecteur de Riposte Catholique (merci J. C.) a traduit les deux derniers paragraphes des propos du pape où il aborde la question du « Concile des médias » qu’il oppose au « Concile des Pères », proposant ainsi une autre clé d’interprétation de la mauvaise réception de Vatican II.
« Je voudrais maintenant ajouter encore un troisième point : il y avait le Concile des Pères – le vrai Concile –, mais il y avait aussi le Concile des médias. C’était presque un Concile en soi, et le monde a perçu le Concile à travers eux, à travers les médias. Si bien que le Concile qui est efficacement arrivé jusqu’au peuple a été celui des médias, non pas celui des Pères. Et tandis que le Concile des Pères se déroulait à l’intérieur de la foi et était un Concile de la foi qui cherche l’intellectus, qui cherche à se comprendre et cherche à comprendre les signes de Dieu à ce moment, qui cherche à répondre au défi de la foi en ce moment et de trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et pour demain, tandis donc que tout le Concile – comme je viens de le dire – avançait à l’intérieur de la foi, en tant que fides quaerens intellectum, le Concile des journalistes ne s’est naturellement pas réalisé dans la foi, mais à l’intérieur des catégories des médias d’aujourd’hui, c’est-à-dire à l’extérieur de la foi, avec une herméneutique différente. C’était une herméneutique politique : pour les médias, le Concile était une lutte politique, une lutte de pouvoir entre différents courants dans l’Église. Il était évident que les médias auraient pris position pour la partie qui leur apparaissait la plus conforme avec leur monde. Il y avait ceux qui cherchait la décentralisation de l’Église, le pouvoir pour les évêques et ensuite, à travers la “Parole de Dieu”, le pouvoir du peuple, des laïcs. Il y avait cette triple question : le pouvoir du Pape, ensuite transféré au pouvoir des évêques et au pouvoir de tous, souveraineté populaire. Naturellement, pour eux c’était celle dernière la partie à approuver, à promulguer, à favoriser.
Et ainsi aussi de la liturgie : la liturgie n’était pas intéressante en tant qu’acte de la foi, mais comme une chose où se font des choses compréhensibles, des activités de la communauté, une chose profane. Et nous savons qu’il y avait une tendance, qui avait des fondements historiques aussi, à dire : la sacralité est une chose païenne, éventuellement aussi dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau, seul vaut le fait que le Christ soit mort dehors : c’est-à-dire en dehors des portes, c’est-à-dire dans le monde profane. En finir donc avec la sacralité, caractère profane aussi du culte : le culte n’est pas culte, mais un acte fait ensemble, participation commune, et ainsi aussi participation comme activité. Ces traductions, banalisations de l’idée du Concile, ont été virulentes dans la pratique des applications de la Réforme liturgique ; celles-ci étaient nées dans une vision du Concile prise en-dehors de sa propre clef, de la foi. Et de même pour la question de l’Écriture : l’Écriture est un livre, historique, à traiter historiquement et rien d’autre, et ainsi de suite.
Nous savons comment ce Concile des médias fut accessible à tous. Par conséquent, il fut dominant, le plus influent, et il a provoqué tant de calamités, tant de problème, réellement tant de misères : séminaires fermés, couvent fermés, liturgie banalisée… et le vrai Concile a eu des difficultés à se concrétiser, à se réaliser ; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel. Mais la force réelle du Concile était présente, et peu à peu, elle se réalise toujours plus, et elle devient la vraie force qui est aussi la vraie réforme, la vraie rénovation de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et apparaît le vrai Concile avec toute sa force spirituelle. Et c’est notre devoir, justement en cette année de la foi, en commençant par cette année de la foi, de travailler pour que le vrai Concile, avec sa force qui lui vient de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement rénovée.
Espérons que le Seigneur nous y aide. Moi, retiré dans la prière, je serai toujours avec vous, et ensemble avançons avec le Seigneur dans cette certitude : Christ est vainqueur ! Merci. »
OUi mais…. les médias étaient alimentés par les théologiens experts en tout genre ainsi que par des évêques et des cardinaux. Les noms sont connus depuis trè longtemps.
Haro sur les médias ! d’accord ! Mais cela nécessite un décriptage complet !
Par mes parents qui étaient catéchistes de notre paroisse lisant plusieurs commentaires d’auteurs catholiques de l’époque du “concile”, eux-mêmes renseignés par les écrits des pères (évêques et théologiens) de ce même concile, j’ai pu en suivre, bien que très jeune, les nombreux et houleux débats. j’affirme avec force que si, dans notre famille, les conclusions de bien des sessions nous parurent immédiatement ruineuses pour l’Eglise, cela n’était en rien dû aux médias de ce moment (nous n’avions pas la télé, ne lisions pas les journaux et n’avions aucune confiance dans les commentaires sur les sujets religieux des journalistes de radios). Il s’agissait bien des textes mêmes du concile qui se sont montrés terriblement décevants pour beaucoup par leur anthropocentrisme, leur “ouverture au monde”, l’éloge sous-jacent de la démocratie dans l’Eglise et autres idées libérales que n’ont jamais pu cacher d’autres textes authentiquement traditionnels.
Les médias étaient et sont l’organe de gens , de l’extérieur et de l’intérieur de l’Institution , qui voulaient transformer l’Eglise
Citation : “Le Concile qui est efficacement arrivé jusqu’au peuple a été celui des médias”
– Ce ne sont pas les médias qui ont édité le catéchisme 1992-98 !
Citation : “… trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et pour demain…”
– Dans la Parole de Dieu , on ne trouve pas :
# Que la Personne humaine soit destinée à la béatitude éternelle dès sa conception (catéchisme 1992-98 – article 1703)
# Que l’Homme soit prédestiné à reproduire l’image du Fils unique de Dieu (article 381)
# Que la Personne humaine participe à la lumière et à la force de l’Esprit Divin (article 1704)
# Qu’on trouve une multitude de Justes dans toutes les religions (article 2569)
# Qu’Israël soit le Peuple des “frères aînés” dans la foi d’Abraham (article 63)
# Que les Musulmans soient enveloppés dans le dessein de salut ? (article 841 )
etc …etc …
Dans la Parole de Dieu , on trouve au contraire :
– “Si notre évangile demeure voilé , c’est pour ceux qui se perdent qu’il est voilé , pour les incrédules …” 2 Co 4,3-4
-“Tous les descendants d’Israël ne sont pas Israël ; pour être postérité d’Abraham , ils n’en sont pas tous les enfants.” Rm 9,6,7
-” Personne ne sera justifié devant lui en raison des oeuvres de la Loi ; car la Loi donne seulement la connaissance du péché.” Rm 3,20
-“L’Homme naturel n’admet pas ce qui est de l’Esprit de Dieu…” 1 Co 2,14
-“…ceux qu’il a prédestinés…il les a aussi glorifiés.” Rm 8,28-30
– “tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants.” Ac 13,48
Le Seigneur lui-même a dit : “celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné.”
La sentence est telle qu’elle est définitive , et une autre possibilité d’être associé au mystère pascal (“gaudium et spes” 22/5) est exclue. (+ Tite 3,4-7 ; Ac 2,38 etc…)
Citation : “Mais la force réelle du Concile était présente, et peu à peu, elle se réalise toujours plus, et elle devient la vraie force qui est aussi la vraie réforme, la vraie rénovation de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et apparaît le vrai Concile avec toute sa force spirituelle. Et c’est notre devoir, justement en cette année de la foi, en commençant par cette année de la foi, de travailler pour que le vrai Concile, avec sa force qui lui vient de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement rénovée.”
S.S Benoit XVI persiste et signe . La FSSPX n’a plus d’autre alternative que la rupture , sauf à y perdre le charisme spirituel qui l’anime depuis Ecône.
@LEFOL: la rupture de la FSSPX? Mais c’est déjà fait, depuis 1988 au moins!
Ce que réaffirme Benoît XVI, c’est que le concile, celui conduit par les pères, et parfois mal interprêté par la presse, fait pleinement parti de l’enseignement de l’Église, et qu’il estime qu’il a apporté des textes fondamentaux pour l’Église d’aujourd’hui.
Ceux qui attendaient de la part de Benoît XVI une condamnation ou une remise en cause de Vatican II dont il fut un acteur enthousiaste (il le rappelle dans cette même intervention) en sont pour leur frais. Mais comme ça fait 50 ans que Joseph Ratzinger tient la même position sur cette question, il y avait assez peu de raison pour que ça change!
A Yves.
Si la rupture est consommée , quelle est la raison d’être du site “Discussions avec la FSSPX” ? (je pensais d’ailleurs , d’après le titre , qu’il s’agissait de discuter avec des membres de la Fraternité , et non pas de commenter des lettres qui leur étaient adressées).
Quoi qu’il en soit , l’Esprit Saint ne se contredit pas ; il est venu ” pour établir la culpabilité du monde en matière de péché…parcequ’ils ne croient pas en moi ” ( Jean 16,8-11) . D’après cette Parole prononcée par Dieu , l’Esprit Saint n’est pas venu pour offrir à tous (même à ceux qui péchent en ne croyant pas au Nom de celui que le Père a envoyé pour les sauver ) la possibilité d’être associés au mystère pascal (“gaudium et spes” 22/5 ; catéchisme 1992-98 -article 618).
Les textes “fondamentaux” sont les textes des Livres dont Dieu est l’auteur , des textes dont j’ai cité des extraits, , extraits qui prouvent la dérive doctrinale de certaines phrases de certaines encycliques (“Gaudium et spes” , “Nostra aetate” , “Redemptoris Missio” ) et surtout de nombreux articles du nouveau catéchisme qui découlent de Vatican II . Le respect de la preuve est significative de l’honnêteté intellectuelle , préalable à toute démarche spirituelle.
L’obstination est un trait de caractère , pardonnable en raison de l’humanité de ceux qui en font preuve , mais de là à identifier l’obstination à un charisme spirituel , il y a un pas que je ne franchis pas en ce qui me concerne .
Il y a longtemps que les vitraux ne servent plus à éduquer les masses illettrées , et ce n’est pas un hasard si les églises évangéliques progressent aux dépens du Catholicisme dans les Pays où la lecture de Bible est prioritaire par rapport au Magistère , dont certaines déclarations la contredisent .Je déplore cette progression uniquement parcequ’elle fait régresser la vénération de la Très Sainte Mère de Dieu .
Fraternellement vôtre en notre Seigneur , qui ne peut ni se tromper ni nous tromper.
Mais vous avez raison, mon brave Yves. On va croire au récit du théologien Ratzinger: un bon concile, merveilleux, tout joli tout plein, a été piraté par de mauvais media. Oh, la triste histoire! On en a presque la larme à l’oeil.